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Mes amis et mes lecteurs savent que je suis en colère contre une certaine catégorie de gens appartenant à la médiocratie... Ils savent aussi que je m'interdis désormais quelques vocables comme E*************, et encore E****************, ou P************ et j'en passe. Victime de la taupinière, j'emploierai ce mot désormais la taupinière, et je m'excuse auprès des taupes qui ont ma sympathie car elles voient sans voir, et je passe la parole à Marie N'Diaye dans Trois femmes puissantes : " ... il ne savait plus (mais lui dirait-on enfin combien de temps un homme qui lutte pour la survie de son honneur d'homme et de père et de mari et de fils, un homme qui tente chaque jour d'empêcher que s'effondre ce qu'il a bâti, combien de temps cet homme peut supporter d'être la cible de reproches inchangés, formulés ou lancés par le regard d'un oeil scrutateur, amer et sans pitié, et s'il peut le supporter front blanc et sourire aux lèvres comme si la sainteté participait également de son devoir, le lui dirait-on enfin, et qui, lui que ses amis avaient abandonné ? ), cette colère chaude, presque douce, presque cordiale, à laquelle il savait bien qu'il devait résister mais qu'il était si bon aussi de ne pas entraver, si bon et si réconfortant- au point qu'il se prenait parfois à songer : Cette colère familière, n'est-ce pas tout ce qu'il me reste, n'ai-je pas tout perdu en dehors d'elle ?" Le roman de Marie N'Diaye est paru chez Gallimard en septembre et j'espère qu'il aura un prix après le Goncourt de Laurent Mauvignier.