La tempête Klaus, qui a meurtri le sud-ouest de la France fin janvier, aura incontestablement été l’événement marquant de ce début d’année. Ce que d’aucuns appellent déjà « la tempête du siècle » laissera longtemps des traces dans la nature, mais plus encore dans les esprits.
Cela n’a certes rien à voir avec les ouragans qui ravagent régulièrement les îles Caraïbes ou traversent les États-Unis, mais des vents soufflant à plus de 150 km/h, cela est plutôt rare dans nos contrées. L’élément de comparaison est immédiatement venu à l’esprit de tous avec la tempête de décembre 1999, mais Klaus a été plus violent dans la région, avec des vents tournants, qui ont produit cet effet de hachoir que l’on observe avec désolation dans la forêt landaise.
Miracle Rue Jules Ferry
Le Condomois n’a pas été épargné par la catastrophe et en ville comme à la campagne, les dégâts sont impressionnants. La tempête a soufflé une douzaine d’heures, ravageant tout sur son passage, mais comme souvent, les conséquences sont beaucoup plus longues que l’événement lui-même. Fort heureusement, si les arbres et les maisons ont souffert, ruinant parfois des exploitations entières, on ne déplore aucune victime.
On a même relevé un petit miracle rue Jules Ferry. En pleine nuit, les premières bourrasques très violentes ont abattu un cèdre centenaire sur une maison à côté du lycée Bossuet. L’arbre a défoncé la toiture et une branche a perforé le plafond d’une chambre, heureusement inoccupée au 1er étage. Un mur porteur en béton armé a arrêté le tronc monumental qui allait écraser une femme de 85 ans, qui dormait au rez-de-chaussée. Trois autres personnes dormaient dans cette maison et tous sont indemnes. Ils auront eu la peur de leur vie !
La tempête est arrivée à l’heure prévue par Météo France, dans la nuit du 23 au 24 janvier, alors que l’alerte rouge avait été proclamée dès le vendredi, où les eaux de la Baïse montaient dangereusement. Pompiers et gendarmes étaient sur qui-vive et les agents des services techniques de la ville avaient anticipé le coup en protégeant le quartier de La Bouquerie. Aguerris à l’exercice, ils domptent la rivière en surveillant ses variations de niveau comme le lait sur le feu. La porte éclusière était fermée dès le vendredi soir, des cheminées montées sur les bouches d’égout et des pompes installées en divers endroits du quartier.
L’engagement total des agents municipaux
Ce fut le début d’un long marathon pour tous les agents, qui avec les pompiers, ont été omniprésents pendant une semaine, ne dormant que très peu. D’une efficacité remarquable et avec une grande abnégation, ils ont été sur le terrain avant, pendant et après, relayant parfaitement la cellule de crise montée par la municipalité dès le samedi midi. La tempête faisait encore rage, qu’ils dégageaient déjà les routes, alors que les électriciens et les dépanneurs d’ERDF ne sont logiquement arrivés que par la suite.
Si courant et téléphone ont été coupés dès les premières heures pour nombre de foyers n’habitant pas en ville, Condom a été déconnectée du réseau et coupée du monde à partir du samedi après-midi, jusqu’au lundi en milieu de journée, la lumière revenant le soir, pendant le conseil municipal (…). L’alimentation en eau se coupait quant à elle au fur et à mesure que les réservoirs et les châteaux d’eau se vidaient, tout pompage devenant impossible.
Sans plus aucune communication avec les services de la préfecture, le maire Bernard Gallardo a travaillé en concertation permanente avec les adjoints, les conseillers, les pompiers, les gendarmes, les services techniques et les bénévoles de la protection civile et de la Croix Rouge. Tout à la fois, il fallait s’assurer qu’il n’y ait pas de victimes, ni de blessés, dégager les routes, faire venir des groupes électrogènes pour rétablir courant et chauffage au foyer de La Ténarèze, ainsi que reprendre les pompages en eau, engager les réparations dès que les vents ont faibli, faire venir des palettes d’eau minérale pour distribuer à la population, rassurer les uns et les autres et visiter les personnes âgées isolées. Tout cela s’est mis en place sans panique et même joyeusement, grâce à l’engagement de tous.
L’heure des réparations
Le dimanche midi, la décision a été prise de transférer les 85 résidants de La Ténarèze vers l’hôpital, qui a improvisé un accueil de fortune pour qu’ils puissent rester au chaud. Cela a certes dérangé leur quotidien, mais si quelques-uns n’appréciaient pas ce déménagement forcé, la plupart goûtaient les attentions que l’on avait pour eux et exprimaient leur admiration pour le dévouement du personnel.
Dès lundi, tous s’affairaient aux réparations et le maire s’efforçait d’activer l’arrivée des secours électriques, tandis que les agents de La Lyonnaise des eaux étaient au travail pour rebrancher les réseaux et ceux des services techniques municipaux continuaient leurs efforts.
Arrivés entre mardi 27 et mercredi 28 janviers, quelque 50 techniciens d’EDF et ERDF ont engagé un travail assez colossal de réparation et relevage des lignes électriques. Si des quartiers isolés de la très vaste commune de Condom étaient encore sans lumière, ni chauffage vendredi soir, plus de 95 % des foyers étaient reconnectés.
Trois semaines après la catastrophe, l’évaluation des dégâts n’est pas achevée et cela demandera sans doute un certain temps. Les réparations seront également assez longues, puis viendra le temps des indemnisations, qui seront favorisées par la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, décrété par le ministère de l’Intérieur. Il faudra plus de temps encore pour que la nature reprenne totalement le dessus et efface toute trace du passage destructeur de Klaus.
Si l’alerte rouge a bien fonctionné, il y aura nécessairement des choses à revoir pour l’engagement des secours et surtout au niveau des communications. Il appartiendra aux autorités compétentes d’en tirer toutes les leçons car il est à craindre que de tels événements soient amenés à se reproduire.