Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours; Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards.
Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire ;
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois.
Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
À ses regards voilés je trouve plus d’attraits :
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais. [...]
Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau !
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !
Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel :
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ! [...]
Alphonse de Lamartine,
L'Automne
Le soleil noir d'octobre n'ose darder ses traits tiédis, et déjà sonne le glas des aurores d'été.
Bientôt, malgré ma constitution sibérienne, il faudra me faire raison, et abandonner ces instants magiques où les premiers rayons tout sucrés d'une aube estivale accompagnait mon éveil au sortir d'une nuit sans sommeil: des instants solitaires où je sourdais de la torpeur nocturne, au milieu de la nature ouvrant l'oeil, offrant les volutes d'un thé au jardin secret au pied de mon balcon.
Depuis quelques jours, la flamme avait remplacé les traits solaires pour lueur matinale, et bientôt les brumes glacées d'un triste novembre devront me résigner à abandonner la fraîcheur d'une ville qui s'éveille pour la chaleur moelleuse d'un intérieur parisien. Les odeurs de sous-bois de ce pu-ehr du matin se mêle à la terre humide et aux feuilles d'automne
Et comme pour figer ce dernier instant, cette flamme de bougie matinal m'a offert un spectacle magnifique, l'éclipse de sa flamme par le bouton de ma théière...