Aujourd’hui, je vous propose une petite revue de presse rapide, parce que c’est lundi, que ça va comme un lundi, qu’il y a des claques qui se perdent et qu’il faut parfois regarder tout autour de soi pour éviter de se cogner. Car pendant que je passais un week-end à zig-zaguer entre les gouttes, aller au cinéma (voir le Petit Nicolas que je conseille) et préparer quelques bars (le poisson, pas le lieu – oui, le lieu aussi, c’est du poisson … rraaaaaah) pour un repas dominical roboratif, le monde a continué de tourner d’Est en Ouest et la France de Charybde en Scylla.
Il apparaît maintenant clair que la prochaine affaire qui va défrayer la chronique sera celle qu’on intitulera celle de « La République Irréprochable » … Ces mots, ce sont ceux de Sarkozy (père), lorsqu’il n’était encore que candidat et qu’il devait encore convaincre les Français de voter pour lui.
Ces mots, on les retrouve à présent dans la vidéo de sa campagne qu’on pourra regarder ici, et le décalage entre le Sarkozy de 2007 et celui de 2009 fait rire, beaucoup, au début, et laisse un rictus désabusé à la fin. Ce n’est finalement pas pour rien que ce blog porte l’accroche « Petites chroniques désabusées » : il suffit de juxtaposer les discours d’hier de nos puissants à ce qu’ils disent ou font maintenant pour se rendre compte que la politique n’aura toujours été qu’une tromperie du peuple par le peuple et contre le peuple.
La République Irréprochable était donc dans les cartons du candidat Sarkozy.
Depuis, le carton est resté à moisir lentement dans une des vastes caves de l’Elysée, et pas dans la partie facilement accessible où les sommeliers viennent régulièrement puiser pour les cocktails coûteux de la présidence, mais dans un de ces petits recoins sombres où les araignées tissent des toiles molles où de rares mouches commettent un France-Télécom sobre et ignoré.
La République Irréprochable, aux nominations irréprochables, n’aura donc jamais servi, ce qui aura permis à Christine Albanel de récupérer un poste pépère à la Bibliothèque Nationale, probablement pour ses hauts faits d’arme avec la loi HADOPI.
La République Irréprochable, oubliée dans son carton, aura beaucoup aidé à la nomination de Frédéric Mitterrand, et à la conservation de son poste.
Et la République Irréprochable, encore sous blister, état neuf, jamais servi, revendue en catimini cause double-triple-quadruple emploi, c’est l’assurance que Sarkozy (fils) se fera la main dans la politique et les magouilles avec un budget conséquent.
Le pire, bien sûr, étant que le carton sera probablement ressorti lorsque l’actuel locataire partira des somptueux appartements qu’il occupe actuellement. Et que ce carton sera réutilisé à de multiple reprises, par le successeur présidentiel. Mais quant au joli cellophane qui emballe proprement la République Irréprochable, parions qu’il ne sera jamais déchiré.
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Pendant ce temps, le Sénat a fini par apprendre que les écoles de la République (Irréprochable, qu’on vous dit) étaient devenues des terrains de jeux pour échanges de SMS, ping-pong de coups de téléphones et petits couic-couics sonores et vibrants de vie sociale branchouille pour ados mal éduqués.
Et évidemment, quand il y a un problème en France, plutôt que responsabiliser, on fait une loi. C’est relativement simple, c’est complètement automatique, et totalement artificiel mais cela comporte l’avantage certain de fournir une raison d’exister à quelques vieux débris à l’utilité discutable.
Bilan des courses : les sénateurs ont interdit le portable à l’école. Et comme bien sûr, en France, tout se fait en chanson, ces derniers nous ont entonné la petite ritournelle du moment, à savoir celle du Principe de Précaution, histoire de camoufler ce poilant exercice d’autorité décalée en acte protecteur de la santé des plus jeunes.
Car enfin, vous vous rendez-compte ! Si les sénateurs avaient eu l’impudence de dire que non, finalement, un téléphone portable est totalement inutile à l’intérieur de l’enceinte d’un établissement d’instruction en France, cela aurait déclenché une salve de protestation de la part des parents, des profs et, soyons-en sûrs, des lycéens et collégiens eux-mêmes qui auraient rapidement embrayé, au travers de leurs syndicats d’ados boutonneux, sur des journées revendicatives, entre une étude de texte de K-Maro et une révision d’Histoire dans Gala.
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Mais avant qu’on ne sache vraiment comment ne seront pas appliquées les interdictions du sénat, ce dimanche fut consacré, en France, aux contrastes Nord / Sud, Sucré / Salé, Chaud / Froid et Sécurité / Pain Dans La Gueule.
Au Nord, version sécurité, nous avons Lille et sa journée de la Sécurité Intérieure. Le nom, comme ça, fait un peu Pentagone, Patriot Act et Nous Allons Tout Remettre d’Equerre. C’est couillu. La réalité est plus basique : il s’agissait de montrer l’activité de tous les jours pour les pompiers, notamment.
Au Sud, version Pain Dans la Gueule, c’est Poitiers et Marseille qui se distinguent. Quand les Lillois se tiennent à carreaux et désincarcèrent, les Marseillais et les Poitevins décident de partir en sucette. Les uns à la suite d’un match de foot, les autres histoire de mériter des places dans les prisons qu’ils dénoncent, en bons gauchistes turbulents qu’ils sont.
La sécurité, au passage, était un des thèmes de notre président. Espérons que la République (irréprochable, qu’on vous répète) saura gérer ces excès avant qu’ils ne deviennent nombreux. Je ne miserai pas ma chemise dessus, notez bien.
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Et puis, ce qu’il y a de bien dans les revues de presse, c’est qu’elles permettent de se tenir au courant de l’actualité la plus chaude. Ainsi, on apprend par Le Figaro daté du 9 octobre qu’il y aurait eu des petits débordements pendant la précédente Technoparade … du 19 septembre. Au moins, on peut être sûr que la non-information de l’époque aura eu le temps d’être recoupée et vérifiée par l’efficace staff du journal.
C’est un peu comme lorsque l’ONU reconnaît les fraudes en Afghanistan : on a cette impression de décalage temporel aux couleurs déjà sépia qui confirme que ah mais oui, le sujet a déjà été traité il y a pas mal de temps et ah oui c’est vrai les politiques, toujours prompts à s’enflammer pour des histoires de zizi, n’ont bien sûr absolument rien dit, rien fait et rien écrit qui soit d’importance à ce moment là.
Il faut se rendre à l’évidence : la république irréprochable est une institution de potiches et de commères.
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Et puis, parfois, on apprend qu’il y a des petits miracles.