Derrière cette phrase un peu générique, je voulais revenir sur les élections qui viennent de se dérouler en Suisse, dans le canton de Genève.
Le Mouvement citoyens genevois (MCG), « ni de droite ni de gauche » mais résolument anti-frontaliers, a piétiné l’ensemble des partis traditionnels, hormis les Verts. Minée par ses divisions, la gauche dure reste exclue du Grand Conseil. Le temps
Le Mouvement citoyens genevois est un parti du canton de Genève, issu d’une dissidence UDC [1]. Le discours du MCG place le parti « ni à gauche ni à droite », celui-ci se réclamant de la « priorité aux Genevois » en niant toute xénophobie. Néanmoins, ses détracteurs assimilent ses idées à l’extrême droite car le MCG établit notamment un lien direct entre la présence des travailleurs français (frontaliers) à Genève et le taux de chômage [2], notamment lors de la votation sur l’extension de la libre-circulation des personnes tenue le 25 septembre 2006.
La victoire du MCG s’est faite sur un discours simpliste !
Le durcissement du ton de la campagne le laissait présager : le discours anti-frontaliers et sécuritaire a séduit. Alors que la participation s’est élevée à 40,7%, un taux similaire à celui de 2005, le MCG a confirmé de manière spectaculaire une percée que certains prédisaient sans avenir. Populiste et se proclamant inclassable sur l’échiquier traditionnel, le parti se situe à droite sur les questions d’ouverture à l’étranger et de fiscalité, mais à gauche sur le social ou la politique des aînés. Il doit son succès à un discours simple, une dénonciation des « magouilles » politiques et une présence permanente sur le terrain de son leader, le trublion Eric Stauffer. Le temps
Le discours anti immigré, le rejet de l’autre pour préserver son capital, la peur de voir son pécule [3] fondre, ont fonctionné comme toute rhétorique extrémiste de droite. L’immigré est l’ennemi de l’extérieur qui veut entrer [4], l’immigré est celui qui vient manger le pain des bons XX [5], bref, la cause de tous les maux d’une société.
Un immigré est, en France, d’après la définition du Haut Conseil à l’intégration, une personne née étrangère à l’étranger et entrée en France en cette qualité en vue de s’établir sur le territoire français de façon durable. Wikipedia
Or, en général, parce que l’histoire a fait que les anciennes colonnies ont souvent été des terres d’immigration dans les pays occidentaux [6], l’immigré est, dans nos pays occidentaux, pour les dernières périodes d’immigration, souvent et majoritairement issus du Maghreb ou de l’Afrique centrale. Les premières générations étaient intra européennes : Pologne, Espagne, Italie. Mais elles ont toutes en commun la raison profonde de l’économique ! "Traverser la rue pour trouver le soleil" est la raison pour changer de pays et mieux y vivre, ou pouvoir y travailler et envoyer de l’argent "là bas".
Le Mouvement citoyens genevois a fait sa campagne sur le même thème en Suisse. L’immigré qui vient prendre le travail des bons genèvois, ceux qui viennent de l’autre pays [7] et qui viennent piller les richesses des Suisses, ... Sauf que là, dans le cas présent, les transfrontaliers sont les FRANCAIS ! Les immigrés du pays pauvre, venant trouver du travail dans le pays riche, ce sont des français !
Ironique situation en plein débat sur la jungle, sur la récupération des certaines idées sur l’immigration du Front National par Sarkozy, sur le durcissement des conditions de vie des immigrés en France...
Comme quoi, on est toujours le pauvre d’un autre, l’immigré d’un autre, le rejeté d’un autre, la cause du malheur d’un autre... A méditer !