ous y sommes ? Où ça ? Moi qui suis assez fan de Fred Vargas et de son commissaire Adamsberg (bon, pas tous ses romans, certains sont mous du genou), j’ai lu ça ce matin dans ma boite à lettres : il faut sauver Gaia notre mère, et ça c’est la vraie révolution (la troisième, ne me demandez pas pourquoi). Le texte intégral de Fred Vargas est accessible sur le site de Europe Ecologie. Quels arguments ? Ben, des arguments scientifiques, bien sûr. Contre les techno-sciences. Car le mal est et reste la technoscience, c’est à dire les sciences appliquées. Produire de la connaissance, c’est forcément s’en servir, et s’en servir, avec nos mains d’humains, c’est forcément loupé. Alors, mieux vaut arrêter.
Utiliser les techniques du passé, revenir en arrière, tout nettoyer, et reprendre du bon pied, car la dernière fois, on a utilisé le mauvais : un plaidoyer pour la décroissance. Franchement, j’aime bien le ton (on s’est bien amusés jusqu’à présent mais là, c’est fini), l’idée de la décroissance me convient plutôt, mais pas pour ces arguments. Arguments de chantage : nous allons tous crever, alors faut arrêter.
De façon amusante, la technoscience et le progrès qu’elle a engendré sont combattue par d’autres arguments scientifiques, des mesures de notre terre, de son dérèglement, de cette possible implosion écologique. De façon amusante, les partisans de Gaïa deviennent légion, et en s’arrêtant à ces arguments, on pourrait croire que tout est fini.
La réalité, c’est que dans un camp comme dans l’autre, l’assurance d’avoir raison empêche tout raisonnement plus ouvert : est-ce que cette technoscience est vraiment mauvaise, comment pouvons-nous changer de rapport avec elle, pouvons-nous cesser d’instrumentaliser les notions de progrès ?Mais également, pouvons nous arrêter de penser cette évolution rapide comme forcément négative ? Pouvons-nous penser cette décroissance de façon un peu plus rationnelle, plutôt que d’instrumentaliser des résultats scientifiques incontestables au profit d’une psychologie de bazar, dans laquelle nous autres animaux technologiques faisons du mal à Môman, et que, ouh, ce n’est pas bien ? Pouvons nous cesser de nous culpabiliser les uns et les autres ?Et si vous ne connaissez pas Fred Vargas, c’est le moment de lire Les Chemins de la peste, le rat, la puce et l’homme, ça vous changera de la littérature de gare, bande d’incultes. Et je serais ravi de l’interviewer, ne serait-ce que pour comprendre quels ponts elle imagine entre son travail scientifique et littéraire. Fred Vargas, si vous m’entendez … lisez mon blog et venez me voir.