« Voilà cinquante ans que ça dure. »
Le père d'Olivia et la mère d'Emily, veufs tous les deux, se marient. Les deux fillettes n'ont rien en commun mais vont devoir cohabiter. Alors qu'elles sont baptisées « demi-soeurs », les hostilités commencent. Rapidement, elles feront toutes deux alliance et utiliseront la culpabilité de leurs parents afin d'obtenir ce qu'elles désirent. Le règne des deux manipulatrices prend fin à la naissance de Rosie, bébé « légitime » du couple...
Le titre en français est, pour une fois, très bien choisi. Le titre original (Sisters under the skin) l'est également mais dans cette lecture, la définition de « meurtre » prend une couleur différente au fil des pages. Inutile d'assassiner pour tuer. On peut tout à fait préméditer un meurtre et appliquer son plan sans effusion de sang. C'est la vie de sa victime que l'on abat même si elle continue de vivre, c'est son cœur que l'on transperce même s'il persiste à battre.
Willa Marsh, que je ne connaissais pas, écrit les mots comme une araignée qui tisse sa toile. Au fil des pages, les fils se croisent, de fil en fil, les pages se tournent. L'étau se resserre, l'humour est grinçant, le piège machiavélique se referme avec une brutalité psychologique diabolique. Le venin agit, on est paralysé jusqu'au châtiment final.
C'est terrrrrrrrriblement bon, délicieusement immoral et cyniquement drôle. Ne vous attendez pas à un polar ou à un thriller érotique (le genre frangines se battant dans la boue). C'est finement nuancé dans une lenteur presque insupportable. On a envie de tuer à notre tour, de frapper, de pousser dans les escaliers. Le tabou percé résulte sur quelques bonnes surprises et la définition des liens fraternels en sort bouleversée.