Blackpool, parfois surnommée le Las Vegas britannique, est bien connu sur l'île pour ses centres de conférences. C'est d'ailleurs là que se tiennent parfois les grandes messes annuelles des partis politiques.
Depuis septembre c'est dans la ville de Blackpool donc que sont apparus 60 vélos en libre service, avec un système calqué sur celui de Paris. Plus de 400 autres devraient suivre, avec un système de 100 localisations dans la ville d'ici mai. Le goût de Paris, mais sûrement pas le prix car celui ci sera de £8 pour la journée (accès illimité ) ou £1 pour chaque emprunt pour 1 heure, la 1ère 1/2 heure étant gratuite (pour rappel, c'est 1 € pour autant de tranches de 1/2 heures gratuites par jour au plus dans Paris).
Pour comparer, le vélib' à Paris, c'est 20 000 vélos en circulation et 1 800 stations (750 lors du lancement le 15 juillet 2007). D'autres chiffres :
- 30.000 points d'attache
- 170.000 abonnés à l'année
- près de 55 millions de locations depuis le lancement
- entre 90.000 et 110.000 locations par jour en période estivale
- durée moyenne des trajets: de 20 à 21mn
- distance moyenne parcourue: de 2 à 2,5km
- abonnement annuel: 29 euros
- abonnement un jour: 1 euro
- abonnement sept jours: 5 euros
Le maire de Londres, le Conservateur Boris Johnson a annoncé le 7 octobre qu'un système similaire serait lancé dans la capitale britannique en 2010. Il est prévu 6000 vélos disponibles dans 400 point, espacés (comme à Paris) par environ 300m.
Apparemment les vélos seront bleu nuit, avec un panier en métal (une boite comme le suggère l'image ?) et 3 vitesses (comme à Paris), basé sur le design de Bixi à Montréal.
Les prix n'ont pas encore été arrêtés (nous dit-on), mais on parle aussi d'un forfait de 1h (alors qu'on a des tranches de 1/2h sur Paris). Les milieux autorisés (ceux qui pensent qu'ils savent en tout cas) laissent penser que le prix sera élevé (mais comme le ticket de métro à Londres est de £4, tout est relatif !). On peut donc imaginer un système tarifaire proche de celui de Blackpool. On ne sait pas non plus si le système sera compatible avec le pass du métro Oyster (alors que les vélibs sont compatibles Navigo).
Mais Paris, c'est aussi:
- 16.000 vélos vandalisés sur 2 ans.
- 8.000 vélos disparus
- 20 remorques de 20 vélos et un bus de 62 vélos sillonnent Paris la nuit pour enlever les Vélib' des quartiers de bureau et les déposer dans les quartiers résidentiels
- une centaine de mécaniciens circulent à vélo de station en station pour le petit entretien.
- jusqu'à 1.500 interventions par jour sur les vélos.
C'est bien là que l'entreprise JCDecaux, l'opérateur unique choisit par Paris (en échange de panneaux publicitaires gratuits), râle. "Jamais JCDecaux n'avait imaginé un vandalisme d'une telle ampleur" écrit Le Figaro en juillet 2009. "JC Decaux débourse sans donner de chiffres la communication y est parfaitement verrouillée , s'impatiente en silence, et tente de mettre en place des alternatives. Depuis le début de l'année, il n'aura ainsi pas échappé aux usagers fréquentant les stations les plus dégradées que de moins en moins de vélos y sont mis en service".
Toutefois on peut se demander sur JCDecaux est vraiment à plaindre (et donc la mairie ferait bien de taper du poing sur la table car la répartition des vélos laisse toujours à désirer), à la lecture de Politique.net. On y lit que "le contrat a été signé pour une exploitation du service pour 10 ans, jusqu'en 2017. Decaux est chargé d'installer et d'entretenir 20 600 vélos et 35 000 bornes d'accrochage dans la capitale. Il doit également verser 3,4 millions d'euros de redevance à la mairie. En échange, Decaux peut exploiter 1280 panneaux publicitaires de 2m² et 348 panneaux de 8m²."
Le contrat de JCDecaux devrait lui rapporter 60 millions d'euros par an. Il entretient et développe le système, et devrait générer selon les experts près de 10 millions de profits. De son coté la mairie de Paris perçoit 25 000 euros avec le prix des abonnements.
"Velib constitue un véritable jackpot pour l'entreprise Decaux. Les coûts pour l'entreprise sont fixes alors que les recettes publicitaires peuvent varier, plutôt à la hausse qu'à la baisse. En outre, son système verrouillé empêche toute concurrence crédible pour l'attribution des services de vélo en libre accès pour les villes de banlieue. Decaux est quasiment assuré d'étendre son service aux autres villes si elles veulent que leur système soit compatible avec celui de capitale. Double jackpot" conclut Politique.net.
Cette histoire de vandalisme aurait été largement exagérée entre Paris et Londres par l'opérateur choisit du coté britannique (Serco, qui s'occupe aussi de la ligne de métro automatique DLR à Londres, de prisons dans le Royaume et autres services publics) afin d'améliorer sa part du deal, tout en se gardant bien de mettre en avant les bons comptes de JCDecaux. Le prix négocié par la mairie de Londres est donc de £140 millions sur 6 ans, financé uniquement par les transports publics (attendons nous à voir le prix du ticket de métro augmenter ! ou l'abonnement pour prendre le vélo... je parie pour £10/jour dans 5 ans).
Les discussions engagées initialement avec l'ancien maire Labour, Ken Livingston, s'appuyaient notamment sur une proposition JCDecaux qui parlait de 6000 vélos dans le centre de Londres, mais s'étendant en banlieue jusqu'à Croydon avec peut être 40-80 000 unités. Le montant évoqué était de £500 millions.
Vous avez donc bien les chiffres en tête :
- Paris: 20 000 vélos en circulation et 1 800 stations ; coût = 0; revenu = 25 000 euros.
- Londres (plan prévu par l'ancien maire) : 6000 vélos dans le centre, avec peut être une extension jusqu'à 40 000 places ; coût = £500 000; revenu = ?.
- Londres (plan présenté par le maire Boris Johnson) : 6000 vélos dans le centre ; coût = £140 000; revenu = 0.
Donc maintenant vous allez rire. Savez vous ce que disait le candidat Boris Johnson pendant la campagne électorale à la mairie de Londres en 2008 ?
"Il ne fait aucun doute que le maire a été acculés à faire ces propositions car il fait face à un adversaire à vélo [NdVonric: Boris se targue de circuler à vélo]. On dirait du grand n'importe quoi. Par exemple, pourquoi les Londoniens mériteraient-ils un système de location de vélos qui est un tiers de la taille de celui de Paris? Je suis en négociation avec les arrondissements de Londres depuis plusieurs mois afin d'offrir un régime beaucoup plus ambitieux."
Sacré Boris, toujours le mot pour rire !
Bon, quant à moi je ne devrais pas voir cela tout de suite en bas de chez moi (de toute façon il parait que de nombreux Borough y sont opposés car cela va enlever des places de parkings, donc des rémunérations aux tickets et PV qu'ils distribuent abondamment !) car comme pour le métro il y a 150 ans, c'est le nord de la Tamise qui est servit en premier.