USA, 2007
Réalisation: Michael Dougherty
Scénario : Michael Dougherty
Avec: Anna Paquin, Dylan Baker, Leslie Bibb, Rochelle Aytes, Brian Cox
Résumé : Halloween, nuit de tous les dangers pendant laquelle goules, vampires et autres monstres sont de sortie parmi les vivants. Au cours de cette nuit spéciale, plusieurs personnes vont être confrontées à des événements étranges…
Il étonnant de constater que mis à part la célèbre série initiée par John Carpenter, finalement peu de films d’horreur se sont intéressées aux mythes et légendes liées à la célèbre nuit d’Halloween. Resté dans les cartons de Warner pendant deux ans malgré le prestigieux parrainage de Bryan Singer et des échos plus que favorables des chanceux ayant pu le voir, le premier film de Michael Dougherty (scénariste notamment de X-Men 2 et Superman Returns) entend bien combler ce vide. Et pour ce faire, Trick ‘r Treat utilise la formule du film à sketches. Un genre casse-gueule, donnant des œuvres souvent bancales à cause de la qualité variable des histoires compilées.
Conscient de cet écueil présent chez nombre de ces prédécesseurs, Michael Dougherty prend le parti de chambouler les codes de ce genre de films. Les quatre histoires composant le film ne seront donc pas racontées les unes après les autres mais en même temps, le scénario passant de l’une à l’autre de façon fluide, et en plus celles-ci seront intimement liées entre elles. En effet, les histoires racontées dans Trick ‘r Treat se déroulent toutes au cours de la même nuit d’Halloween, dans la même petite ville, et certains des personnages apparaissent dans plusieurs d’entre elles. Une bonne idée, qui permet de donner au film une homogénéité qui fait très souvent défaut à ce genre de longs-métrages. De plus, le fait d’interrompre une histoire pour passer à une autre pour ensuite revenir à la première permet de faire monter le suspense, sans que le réalisateur n’abuse trop de cet artifice. Du coup, les quatre histoires racontées ont beau être des plus classiques (les déboires d’un serial killer avec les cadavres de ses victimes, une frêle jeune fille prise pour cible par un vampire, une blague d’Halloween qui tourne mal, un vieil acariâtre qui se retrouve confronté à une étrange créature), cette structure particulière permet de pleinement les apprécier et renforce leur impact (d’autant que Dougherty n’hésite pas à transgresser certains tabous, comme celui de tuer un certain nombre de gosses dans le film). Le film est aussi très ludique, d’une part parce qu’il est bourré d’humour noir, mais aussi grâce au sympathique jeu de piste consistant à repérer les liens entre les différentes histoires.
Le lien principal entre tous ces récits est d’ailleurs le fameux Sam, étrange petit bonhomme au centre des affiches du film, et présent furtivement à chaque histoire (le dernier sketch lui donnant la vedette). Sam est une sorte d’esprit d’Halloween veillant à ce que les anciennes traditions de cette fête soient respectées. Et malheur à qui enfreindra les règles car cet étrange personnage n’hésite pas à punir sévèrement les non croyants ! Une façon pour Dougherty de rappeler qu’avant d’être une inoffensive soirée d’amusement pour petits et grands, Halloween était une célébration païenne au cours de laquelle les morts revenaient parmi les vivants, et qu’il valait mieux respecter certaines règles pour se protéger de ceux-ci…
L’autre gros atout de Trick ‘r Treat, c’est le soin visuel évident apporté à tout le film. Que ce soit le magnifique générique sous forme de bande dessinée hommage à Creepshow et aux EC comics, ou encore l’extraordinaire photographie de Glen McPherson (John Rambo, One missed Call) créant de saisissante images (le porche de Mr Kreeg couvert de citrouilles, la carcasse fantomatique d’un bus à moitié enfoncé dans une carrière…), tout concourt à faire du film un régal pour les yeux. Les effets spéciaux ne sont pas en restes, et si le film est un peu avare en gore, il propose néanmoins de magnifiques loups-garous (et une métamorphose originale), ainsi qu’une nouvelle icône du film d’horreur dans le personnage de Sam.
Enfin, cerise sur le gâteau, le film est doté d’un casting solide, sans têtes d’affiches hyper connues (mis à part Brian Cox et Anna Paquin, tous deux transfuges de l’univers X-Men), mais parfaitement choisies pour chaque rôle. Mention spéciale à Dylan Baker dans le rôle du principal serial killer, tout simplement jouissif.
Incompréhensible dès lors que le film ait mis autant de temps pour sortir, tant il regorge de qualités qui le rendront certainement très vite culte. Heureusement que Warner a mis les petits plats dans les grands avec la sortie en Blu Ray qui permet d’apprécier pleinement la magie de cet excellent train fantôme. On attend du coup avec intérêt le prochain essai du jeune réalisateur, qui plancherait entre autres actuellement sur une suite du film. Vivement !
Note : 8/10