Elles ont de belles maisons dans une banlieue résidentielle anglaise, des enfants, des maris , de belles voitures et un compte en banque raisonnablement garni. Elles travaillent ou pas, mais ont surtout pour point commun une certaine lourdeur. Celle de leurs corps marqués par les grossesses. Celle de leurs âmes à l’aube d’une quarantaine propice aux bilans et aux introspections. Celle de leur esprit enfin qui peine à choisir qui elles sont. Se sont-elles définitivement trahies par rapport à leurs espoirs et leurs rêves de jeunesse ? A quoi peuvent-elles encore croire pour les années à venir ?
On est bien loin de la légèreté à la limite de la vacuité des Desperate housewives ou des angoisses sexuelles de Sex in the city. Ici on est dans la vie au ras de la frustration. Celle qui vous laisse un goût amer dans la bouche et les bras ballants.
Le temps qui passe est la vedette de ce beau livre de Rachel Cusk. Il ne laisse pas indifférent et lève un drôle de miroir qui renvoie le lecteur à ses interrogations. Il y a de belles fulgurances dans la forme, une précision chirurgicale des sentiments sur le fond. On lui reprochera un rien de pessimisme : on n’est pas obligé de subir sa vie. Surtout pas dans les allées bien alignées d’Arlington Park.
Sandra Ferley
« Arlington Park » de Rachel Cusk, Editions de l’Olivier, 280 pages, 21 €