Cliché I. RambaudDans "Crime et châtiment" (1866), Dostoïevski évoque l'humanité souffrante, misérable et privée de tout y compris du droit élémentaire au logement. Marmeladov se lamente au cabaret devant Raskonikov : "Et s'il n'y a plus personne, plus personne chez qui aller ! Il faut bien, quand même, non, que chaque être ait quelque part où aller !..."Plus loin, la veuve de ce malheureux est chassée de chez elle avec ses enfants, le jour même des funérailles de son mari. " Mais où j'irais, hurlait, sanglotant et haletant, la pauvre femme. Mon Dieu, s'écria-t-elle soudain, les yeux brillants, mais il n'y a donc vraiment pas de justice ! Qui donc pourriez-vous défendre, si ce n'est pas nous, les orphelins ? Mais, tiens, on verra ! Ils existent dans ce monde, la justice et le droit, ils existent, je les trouverai ! ... Attendez-moi, ne serait-ce que dans la rue ! On le verra, s'il y en a une de justice, dans ce monde !Et, se jetant sur la tête ce fameux foulard "en drap de dame" dont le défunt Mameladov avait parlé dans son récit, Katerina Ivanovna se fraya un passage à travers la foule ivre et désordonnée des locataires qui s'amassaient toujours dans la chambre et, avec des cris et des larmes, elle se précipita dans la rue -dans ce but indéfini de trouver quelque part, là, maintenant, immédiatement et coûte que coûte, la justice." (traduction André Markowicz).Trouver la justice jusque dans la rue est ici l'acte le plus désespéré qui soit, celui qui précipite sur le pavé les malheureux qui n'ont plus rien à perdre. La force du romancier est d'associer à la douleur folle de cette femme sa revendication d'une justice immanente qui n'est plus dans les prétoires mais dehors, dans la rue.Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !
Cliché I. RambaudDans "Crime et châtiment" (1866), Dostoïevski évoque l'humanité souffrante, misérable et privée de tout y compris du droit élémentaire au logement. Marmeladov se lamente au cabaret devant Raskonikov : "Et s'il n'y a plus personne, plus personne chez qui aller ! Il faut bien, quand même, non, que chaque être ait quelque part où aller !..."Plus loin, la veuve de ce malheureux est chassée de chez elle avec ses enfants, le jour même des funérailles de son mari. " Mais où j'irais, hurlait, sanglotant et haletant, la pauvre femme. Mon Dieu, s'écria-t-elle soudain, les yeux brillants, mais il n'y a donc vraiment pas de justice ! Qui donc pourriez-vous défendre, si ce n'est pas nous, les orphelins ? Mais, tiens, on verra ! Ils existent dans ce monde, la justice et le droit, ils existent, je les trouverai ! ... Attendez-moi, ne serait-ce que dans la rue ! On le verra, s'il y en a une de justice, dans ce monde !Et, se jetant sur la tête ce fameux foulard "en drap de dame" dont le défunt Mameladov avait parlé dans son récit, Katerina Ivanovna se fraya un passage à travers la foule ivre et désordonnée des locataires qui s'amassaient toujours dans la chambre et, avec des cris et des larmes, elle se précipita dans la rue -dans ce but indéfini de trouver quelque part, là, maintenant, immédiatement et coûte que coûte, la justice." (traduction André Markowicz).Trouver la justice jusque dans la rue est ici l'acte le plus désespéré qui soit, celui qui précipite sur le pavé les malheureux qui n'ont plus rien à perdre. La force du romancier est d'associer à la douleur folle de cette femme sa revendication d'une justice immanente qui n'est plus dans les prétoires mais dehors, dans la rue.Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !