Deux poids deux mesures.
Que Total, relayé par l'UFIP, exprime sa colère contre l'augmentation de la fiscalité sur les carburants et ce sont des centaines d'articles et de reportages qui relaient l'information avec, parfois, une absence totale d'esprit critique. Il faut comprendre : 13, 9 milliards de bénéfices, ce n'est sans doute pas assez.
Qu'une association comme FNE dénonce le scandale du versement dans les poches de Total de millions d'euros d'argent public - en plein procès de l'Erika et alors que les caisses de l'Etat seraient vides - pour fabriquer des agrocarburants et : personne ne réagit.
Anesthésie générale.
Il y a de quoi s'interroger.
Comment s'étonner dés lors de l'arrogance de cette entreprise qui a toujours pensé, en raison de son histoire, être un Etat dans l'Etat ?
Pourtant, il faut remettre les choses à leur place, ce qui permet d'ailleurs de s'assurer du caractère scandaleux de cette situation.
Total n'est pas contente de l'augmentation des taxes sur le carburants ? Elle se permet non seulement d'affirmer qu'elle ne touchera pas à sa marge (colossale) mais se croit en droit de menacer l'Etat de faire payer aux consommateurs une éventuelle amende qui lui serait infligée pour n'avoir pas respecté ses engagements en matière de développement d'agrocarburants. Pour que la colère des automobilistes ne se dirige pas vers Total, on agite la taxe carbone : c'est tellement plus facile.
FNE dénonce le scandale qui consiste à enrichir Total sur fonds publics pour développer une technologie mal voire pas du tout étudiée ? Aucun souci : on retarde la publication de l'étude sur le bilan environnemental des agrocarburants de 1ère génération, on publie un simple résumé qui conclue à l'urgence de nouvelles études et on donne l'enveloppe réclamée (30 millions d'euros dont 7 pour Total).
Au final, à l'exception de l'AFP et du journal Les Echos, les articles de presse se concentreront sur l'arrivée des agrocarburants de 2ème génération, pas sur le scandale précité. Plus grave, le communiqué de victoire de Total, daté du 8 octobre, a - lui - été trés bien relayé.
Alors qui fait la loi en France ?