Finkielkraut rappelle aussi que Polanski est un survivant du ghetto de Cracovie, que sa mère a été déportée et tuée par les nazis, qu'il a vécu l'enfer du communisme et que son épouse enceinte, Sharon Tate, a été assassinée en compagnie de quatre de ses amis, en 1969. Étrange de la part de ce pourfendeur de la « culture de l'excuse ».
Il y avait déjà de quoi être consterné par ces déclarations, surtout de la part d'un intellectuel pour lequel j'ai exprimé ma sincère admiration.
Mais Alain Finkielkraut a également tenu à instruire le procès d'Internet, un média dont il reconnait pourtant ne rien savoir, se refusant catégoriquement à l'utiliser.
J'ai extrait de la vidéo trouvée sur French Carcan un florilège de ses accusations à l'encontre des internautes, décrits comme les nouveaux antidreyfusards :
« C'est toute la planète Internet qui est devenue comme une immense foule lyncheuse. » (0'53"-0'59")
« C'est parce que [Polanski] est un artiste que la foule des internautes se déchaîne contre lui. » (2'52"-2'56")
« Cette fureur de la persécution [est] aggravée par l'immédiateté d'Internet » (3'18"-3'28")
« Certains internautes vous expliquent aujourd'hui que les mêmes artistes qui veulent mettre en prison des enfants qui téléchargent illégalement les violent ou sont les complices des violeurs. » (3'40"-3'52")
Pour un homme rétif à Internet, Finkielkraut est manifestement très bien informé.
On a pourtant envie de lui demander : qui donc est devenu une immense foule lyncheuse, déchaînée dans sa fureur de persécution, lors de l'affaire Ha'aretz, en 2005 : les internautes, ou la presse écrite, la radio, la télévision ? Qui furent les Justes qui l'ont défendu à l'époque : les médias dominants, ou bien les internautes anonymes ?
Roman Bernard
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