Tout débute donc alors que des mercenaires surgissent dans une maison, celle du père de Myriem, qui abrite un malfrat voleur de poules, Barrabas. Le nom doit vous évoquer quelque chose. Nous voici en Terre d'Israël, sous le règne maudit du roi Hérode et pour les juifs qui subissent les rapines des troupes, la vie s'apparente à un fichu calvaire. Façon de parler, mais plutôt littérale, puisque nombre de résistants finissent sur une croix. Quelques années plus tard, alors que le jeune Barrabas est parti à Sepphoris, une nouvelle fois la famille de Myriem est frappée par les mercenaires : ce coup-ci, son père sera emporté, après avoir tué un soldat et agressé un précepteur. Ou l'inverse. Mais il ne partira pas pour la sinistre ville de Sepphoris : on l'emporte pour le torturer à Tarichée, cité où la geôle fait face aux croix plantées sur les collines. Et pour chaque croix, un prisonnier qui aura hurlé gentiment...
Myriem décide de sauver son père en partant à la recherche de Barrabas. Pas évident pour une jeune fille, si courageuse soit-elle, dans une grande ville aux multiples dangers...
Tentant, non ? Scénarisée par Elie Chouraqui et dessinée par Mirko Colak, cette version BD du livre d'Halter... contient son lot de bon. Et de beaucoup moins bon. Si. Autant le scénario... allez, faut accrocher avec les thématiques religieuses, ou qui s'en rapprochent. Avec un poil de curiosité, on peut même y trouver un certain intérêt, bien que le rapport historique ne fasse pas bondir de découvertes stupéfiantes. L'univers, en somme, suffisamment stéréotypé pour faire écho aux a priori, est crédible. Soit.
Il en va de même pour les décors dans lesquels évoluent les personnages. Il ne manque que les troupeaux de brebis ou de chèvres pour que l'image d'Épinal du pâtre juif (plus souvent grec, d'ailleurs, mais à tort), éclose à l'esprit. Ces maisons de boue ou presque, ces étendues désertiques, jusqu'aux casques des soldats... Ça fait couleur locale... mais ne convainc pas. On est plongé dans une ambiance qui sent l'artifice. À plein nez.
Or, le véritable choc, c'est celui des visages et des corps : si l'on s'éloigne radicalement de ce que Soleil nous offre d'ordinaire, personnellement, le trait de Colak ne me convient pas du tout. Il donne à l'ensemble quelque chose de faussement cérémonial, comme une autre recherche d'authenticité et de véracité qui dérange. On repère plusieurs grosses approximations dès lors que l'on n'est plus dans le gros plan et autant de pains qui brisent l'effet d'une case. Bref, le dessin ne ma plaît pas.
Pour le reste, chacun verra midi à sa porte, et peut-être que certains s'empresseront de revenir aux sources... du roman.
Marie, Livre 1, publié chez Soleil, par Chouraqui, Halter et Colak, pour 12,90 €. Plus d'extraits, à cette adresse.