Ca me fait toujours sourire de voir les avis tranchés des gens sur Bridget Jones. On aime ou on déteste. On la trouve carrément cruche ou
attendrissante. On la critique ou on adhère à ce qu'elle représente. Mais, les faits sont là : que se soit le film ou le livre, les deux ont rencontré un succès certain. Beaucoup de femmes, plus
ou moins trentenaires, plus ou moins célibataires, se sont retrouvées dans ce personnage de fiction.
Pourquoi ?
Parce que cette femme est différente des héroïnes trentenaires qu'on nous a présentées jusqu'à présent : elle est imparfaite. Sa vie professionnelle n'est pas celle d'une working girl à qui tout
réussit; elle n'est pas issue d'une famille ricoré, unie, où des parents parfaits mènent une vie parfaite; elle n'est pas une femme physiquement impeccable qui se morfond sur les 35 grammes
qu'elle a pris à cause de sa seule chips ingérée depuis dix mois. Ce n'est pas non plus la super héroïne, très intelligente, qui trouve des solutions à tous les problèmes en un claquement de
doigts. Non. Bridget Jones, c'est une femme trentenaire presque comme toutes les autres : elle n'est pas une wonder woman et, à trente ans passés, elle collectionne les imperfections, les bourdes
et ne mène pas une vie parfaite.
Elle est imparfaite aussi dans ses relations avec les hommes. C'est là tout le noeud de l'histoire. Elle reste irrémédiablement attirée par Daniel Cleaver, l'enfoiré affectif par excellence,
celui qui la fera forcément souffrir. Elle aspire à trouver l'Amour, mais le chemin est plutôt chaotique et parsemé de déceptions. Cependant, tout cela reste une comédie romantique et le
film se termine avec un "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", pas forcément en phase avec ce qui se passe dans la réalité...
Je pense sincèrement que si on aime Bridget Jones, c'est pour ses imperfections. Mais, pour autant, je ne crois pas qu'elle représente un modèle, mais plutôt une "consoeur", une amie, quelqu'un
qui nous ressemble. On se retrouve dans ce qu'elle vit, dans ce qu'elle ressent. Les questions qu'elle se pose, ses doutes, ses coups de mou, ses soirées déprime, les célibataires les
connaissent : "est-ce que je vais finir seule bouffée par des bergers allemands ?", "Pourquoi est-ce que je suis attirée par les enfoirés affectifs ?", "est-ce que je suis
une pauvre fille pitoyable ou une paria de l'amour ?"... Oui, pour beaucoup, nous avons connu des moments de doutes pendant lesquels nous nous sommes posés plus ou moins les mêmes questions,
sans pour autant porter un pyjama en pilou, accessoirisé d'une bouteille de vodka en beuglant du Céline Dion.
Parce que oui, malgré tout, Bridget Jones reste une caricature de la célibataire trentenaire; et comme toute caricature qui se respecte, le trait est forcé, grossi... (Si on portait toutes des
pyjs en pilou, ça se saurait !... J'en profite pour saluer mes amies pro pilou). Certes, parfois, elle semble vraiment gourde mais on lui pardonnerait presque... parce qu'on rit d'elle. On ne se
moque pas, non. Mais certaines péripéties ne sont pas sans nous rappeler des histoires de nos vies et quand on rit d'elle, c'est de nous-même qu'on se moque, en prenant un certain recul.
C'est ce que lui reprochent ses détracteurs : on la trouve idiote, écervelée et avec des rêves d'amour d'un autre temps et c'est pourquoi ils ne comprennent pas qu'on puisse s'attacher à ce
personnage. Mais, si on la trouve attendrissante, c'est parce qu'elle nous ressemble avec ses imperfections, avec ses doutes, avec ses envies d'amour... et aussi, parce qu'elle est différente des
autres héroïnes qu'on a pu nous proposer jusqu'à présent.
Alors, oui, toute une génération de femmes trentenaires adhèrent ce que véhicule Bridget Jones et pour autant, elles ne sont ni cruches, ni écervelées... et elles n'oublient pas que Bridget Jones
reste un personnage de fiction... imparfait... comme nous... comme moi.