C'est ainsi. Y'a des soirs, vous bravez votre longue journée de boulot et vos yeux qui piquent, vous débarquez dans une salle que vous adorez parce qu'elle a quelque chose de spécial, et petit à petit, vous changez d'atmosphère, de monde, vous voyagez. Vous souriez. Les mots ne sont plus nécessaires. Vous waoupfez. Allégrement. Z'êtes partis ailleurs, au-delà, puisque c'était un peu le thème de la soirée. Au-delà éternel chez l'un, au-delà plus loin, plus fort chez l'autre. Pays sauvages où point de sauvagerie mais au contraire une humanité exacerbée qui fait du bien en ces temps domotiques.
C'est d'émotion dont il s'agissait. Plus exactement d'émotions. Pas les mêmes d'ailleurs. C'est ça qui est bien. Chacun dans son registre, Alexis HK et Emily Loizeau ont donné et un public conquis le leur a bien rendu. A ma grande surprise, j'ai noté que les deux ont super bien fait la paire, finalement. En différents. En pas pareils. Elle a bonnes mines, la Chanson française. Chacun a apporté son univers. L'a installé. L'a partagé. Nous les avons reçus, accueillis, et le leur avons bien rendu. Chapeau les artistes et le public, bien vue la programmation !
De toutes façons, il était écrit que cette soirée serait chaude. Forcément. Pensez donc : un soir d'octobre, à 21-22°, en Lorraine, ça ne court pas les rues !
Pour notre part, madame et moi étions surtout venus pour la seconde et nous découvrîmes du coup le premier. Je connaissais quelques chansons. Je n'accrochais pas spécialement. Il a su nous embarquer, le bougre. Avec pas mal d'humour et un côté so british plutôt rafraîchissant. Une très belle écriture et de l'ironie : pas mal du tout ! A son crédit, cerise sur le gâteau, un hommage rendu à Bashung (reprise de J'passe pour une caravane) qui m'a replongé l'espace de quelques instants un an auparavant. En pudeur. Pas loin du bord des larmes.
Et puis madame arriva. Je me permets d'insister : Waoupf !
Je piaffais. Je n'avais d'yeux que pour elle quand elle s'installa. Et, autant le dire, ce fut très, très impressionnant. Nom de zeus, quelle allure elle a cette Emily. L'an dernier, Camille m'avait soufflé. Emily a fait encore plus fort. Plus musical. Plus émouvant. C'est dire !
Une voix qu'on se demande d'où une petite bonne femme comme ça peut la sortir.
Une énergie qu'elle communique à tout le monde.
Des sourires qu'elle partage avec sa bande et avec nous.
C'est très pro et très frais en même temps. Très fin et très intense en même temps. Un univers, là aussi, avec plein de mouvements, des lumières qui se reflètent dans des bannières colorées, des musiciens qui changent sans cesse d'instruments, une finesse de son qui jamais ne se dément, des variations, des morceaux qui rebondissent, une vie époustouflante qui déboule là sur une scène et vous enveloppe. Oui, waoupf !
Pieds qui sautillent, doigts qui galopent, applaudissements, sourires, mains sur le coeur... Je ne suis pas rancunier : j'ai commencé le concert à un endroit et l'ai fini à un autre, pour raison de sécurité m'a-t-on expliqué. J'étais assis sur l'escalier, près de madame qui avait hérité d'un strapontin. J'ai fini à l'étage du dessus, debout, à quelques mètres de la scène.
Les artistes mériteraient d'être classés monuments nationaux. Ou quelque chose comme ça. Les déclarer d'utilité publique. Qui d'autre peut, en un lieu rassemblant des gens différents et donc pas pareils, donner, diffuser du soleil dans le coeur des gens, y installer des petits rayons comme ça ? Qui d'autre peut donner de l'émotion ? Du bonheur ? Quel qu'en soit le coût, ça n'a pas de prix. Au sortir de la salle, les gens étaient calmes et souriants. Ils avaient l'air bien.
Grand merci pour les photos aux sites que l'on peut trouver ici et là.