Oh, quel bel exemple - qui va nous obliger à vous raconter une petite histoire très personnelle - que celle-ci. Le site The Bookseller, connu pour être une référence dans le domaine de l'actualité des livres, avait, le 2 octobre dernier, publié un article sur le libraire Waterstone's.
La presse, arme du crime
Quelques problèmes de logistique et d'approvisionnement rendaient en effet le travail difficile pour les éditeurs, évoquant même une « situation catastrophique ». Et avec la perspective de Noël, on envisageait de vivre un véritable cauchemar pour les fêtes...
L'article n'a rien d'incendiaire, mais signale donc les problèmes d'alimentation en livres des boutiques de la chaîne, du fait d'une plateforme de redirection quelque peu chancelante. The Bookseller a par la suite effectué une petite visite dans certaines boutiques, constatant de visu que certains titres importants n'étaient disponibles qu'en très faible stock. Et le personnel d'expliquer aux clients que les commandes pourraient prendre jusqu'à plusieurs semaines.
De fait, la plateforme lancée par Waterstone's est un truc monstrueux, et personne ne s'étonne vraiment qu'elle rencontre des ratages dans ses débuts. D'autant que la semaine dernière a eu lieu le Super Jeudi, avec le débarquement de 800 ouvrages dans les établissements.
De la susceptibilité des directeurs de chaînes
Sauf qu'entre temps, la direction de la chaîne a pris la mouche, méchamment. Et que les deux articles ont été laaaaaaaaaaaaargement commentés par des usagers, des employés et plus si affinités. Entachant quelque peu la réputation du libraire. Au point qu'il a décidé de bloquer l'accès au site web The Bookseller pour ses employés depuis les boutiques. Le directeur général de la société aurait même diffusé un message sur l'intranet en assurer que le contenu du magazine en ligne n'était d'aucune utilité pour les activités quotidiennes de l'entreprise, et qu'en certains cas, il pouvait même être trompeur, voire fallacieux.
Accès supprimé, donc, et on n'en parle plus ? Oh, que si...
Presse, presses et compresses
The Bookseller maintient sa position et ses articles, et défend son travail. Parmi les commentaires, publiés, on peut lire l'écoeurement d'un internaute : certes, il n'est pas essentiel de savoir quelle maison a acheté les droits pour tel nouvel ouvrage, mais « ne pas avoir la possibilité d'être à jour sur les événements de l'industrie... me paraît un peu tyrannique ». Du côté du libraire, on affirme « une politique d'accès aux sites web qui sont nécessaires au bon fonctionnement de notre entreprise. Comme de nombreux sites spécialisés, The Bookseller est disponible pour les personnes qui ont besoin d'y accéder dans leur travail quotidien ».
D'un autre côté, on peut comprendre que la direction de Waterstone's en ait eu ras le bol de voir des employés poster depuis leur lieu de travail (ne rêvons pas, ça s'est sûrement fait) des commentaires pour dénoncer le cafouillage ambiant...
Et quid de notre petite histoire, alors ?
C'est assez simple. Depuis quelques jours, une personne hautement placée dans une grosse (et grasse) maison d'édition qui nous a pris en grippe - et probablement une version plus virulente que la H1N1 - est présente dans les adresses de notre lettre d'information. Celle-là même qui nous a dit que AcuaLitté n'avait rien compris aux enjeux du Salon du livre de Paris, que mettre en avant, ainsi que nous l'avions fait, la situation des éditeurs indépendants était « d'une bêtise crasse » et « manquait indiscutablement du savoir-faire réel d'authentiques journalistes ».
Alors, là, vois-tu, mon petit, personnellement, de te savoir inscrit dans notre lettre d'information quotidienne, je jubile. Pour deux raisons.
La première, c'est que la presse spécialisée - et même Livres Hebdo, c'est dire - a évoqué le sujet, bien qu'il n'ait pas été publié sur leur site internet. Permets-moi aussi, mon bonhomme, de te renvoyer aux articles de Non Fiction, ou de BibliObs, qui s'en sont donné à coeur joie... de nous citer (et merci à eux et navré à ceux que j'oublie). Tu reconnaîtras que ce sont là des journalistes incompétents et sans aucun sérieux, bien moins que nous, évidemment... Tu noteras également que la liste des journaux qui en parlent s'arrête là : probablement tout le reste de la presse sur le net fait-elle preuve de plus de conscience professionnelle...
Enfin, et là, vraiment je biche, mon canard, parce que tu n'as pas eu l'intelligence d'utiliser un pseudonyme ou une autre adresse que celle que tu emploies à titre professionnel. Et vraiment, là, pour un type qui a tenté de mettre notre journal plus bas que terre, tu as vraiment agi avec la grâce d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Merci, du fond du coeur...