Walter, retour en résistance

Publié le 10 octobre 2009 par Charlesf

A travers l'histoire de Walter, ancien résistant, ancien déporté haut-savoyard et sur fond de politique actuelle, deux questions se posent tout au long d'un film qui sortira sur les écrans le 4 novembre 2009.:
« Qu'avons-nous fait des idéaux du Conseil National de la Résistance ? »
« Résister se conjugue-t-il au présent ? »


Bande annonce Walter retour en résistance

Deux questions qui font la trame du film de Gilles Perret « Walter, retour en résistance » et qui confirment une stratégie de résistance civile déjà perceptible sur le net comme sur le blog d'hypos.
Résistance historiquement mise en œuvre par le CNR, puis par des prix Nobels de la Paix tels qu'Albert Luthuli contre l'apartheid en Afrique du Sud (Prix Nobel en 1960), Martin Luther King en faveur des droits civiques des Noirs nord-américains (1964), Andreï Sakharov pour les droits de l'homme dans l'ex-Union Soviétique (1975), le Dalaï Lama contre l'occupation chinoise au Tibet (1989) ou Aung San Suu Kyi, dirigeante de l'opposition démocratique en Birmanie (1991). (*)

Résistance non violente et pourtant "révolutionnaire" en ce sens qu'elle a contesté ou conteste encore un Etat de fait fondé sur l'injustice et la violence policière dans le but de rétablir ou d'établir un Etat de droit fondé sur la justice et la paix sociale. A noter que personne ne peut raisonnablement appeler aujourd'hui à une guerre civile, contestable à plus d'un titre bien que compréhensible.

Evidemment pour parvenir à cet Etat de droit idéal, une des grandes difficultés à surmonter réside encore aujourd'hui dans cette remarque tirée du Discours de la servitude volontaire d'Etienne de La Boétie qui notait en son temps : "Je désirerais seulement qu'on me fit comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d'un Tyran seul, qui n'a puissance que celle qu'on lui donne". Autrement dit : il faut surmonter la force d'inertie des opprimés.
Autre difficulté : Les pouvoirs criminalisent les comportements et les répriment au nom de la délinquance ou du terrorisme. Mais comme le souligne Alain Refalo, Président du Centre de ressources sur la non-violence :

Le caractère public, collectif et non-violent de la désobéissance civile manifeste le caractère civique de l'acte commis. Il n'appelle pas à une désobéissance généralisée à toutes les lois et ne conduit pas à une forme d'anarchie non maîtrisée comme les pouvoirs voudraient le faire croire. Celui qui transgresse la loi pour défendre une juste cause assume les conséquences de son acte, à la différence du délinquant qui le plus souvent cherche à nier les faits qu'on lui reproche. C'est pourquoi « criminaliser » la désobéissance civile, c'est, pour l'Etat, la discréditer auprès de l'opinion publique. En restant ferme sur l'éthique des moyens employés et en communiquant sur l'affichage non-violent de la démarche, les militants de la désobéissance possèdent une arme à double coup pour dénoncer les mensonges de l'Etat et gagner la bataille de l'opinion publique

La résistance civile, paradoxalement, apparaît comme un temps privilégié de renforcement de la démocratie. La vitalité démocratique d'une société pourrait se mesurer à la capacité des citoyens à enfreindre la loi dans certaines circonstances, c'est-à-dire à prendre des risques personnels et collectifs pour défendre des causes essentielles. Les lois ne sont jamais figées, elles sont en constante évolution. C'est pourquoi les citoyens ont un rôle particulièrement actif à jouer pour faire évoluer le droit, y compris en transgressant certaines lois lorsque cela est justifié. « Tout le droit s'est construit parce que des gens ont résisté, ont désobéi à un droit qui était devenu injuste, admet François Roux, avocat de José Bové. La société se donne des règles et il est inadmissible d'imaginer que ces règles soient intangibles. Le monde est en mouvement ». Extrait d'un article paru dans la revue Silence, Novembre 2005.

La résistance civile opposée au pouvoir abusif n'a jamais eu d'autre solution que de prendre à partie l'opinion publique, que de se constituer un tiers pouvant appuyer sa cause pour peu que ce tiers réussisse à identifier sa propre révolte. La croissance de la résistance obéit ainsi à une série de réactions sociales en chaîne perceptible dans les circuits économiques ou les réseaux culturels du corps social. Médias, sites et blogs citoyens compris y participent n'en déplaise aux partisans d'Hadopi.


(*) Pour l'instant, l'attribution du Nobel de la Paix 2009 à B. Obama n'est pas comparable puisqu'il ne récompense pas une quelconque résistance, sauf à la considérer comme « préventive ». Ce qui pose tout de même problème.