J’hésitais à m’exprimer sur l’affaire Polanski tant l’affaire me semble être un bâton merdeux, salissant les doigts quel que soit le bout par lequel on le saisit, n’aboutissant qu’à ce que je pense être de mauvaises solutions. Voir quelqu’un, quels que soient ses indéniables talents, faire boire puis sauter une gamine de 13 ans m’est insupportable, même si elle est consentante, d’autant si, riche et indemnisant ses parents, il échappe à la prison. D’un autre côté, envoyer en prison maintenant un homme qui, semble-t-il, n’a jamais récidivé, pour une affaire datant de plus de trente ans me semble imbécile. C’est la raison pour laquelle je ne signerai aucune pétition pour ou contre ce cinéaste.
Je déteste tout ce qui a trait à l’ordre moral, de près ou de loin, mais j’ai peu apprécié la mobilisation bruyante et sans nuances du microcosme médiatico-parisien parce qu’on touchait à un des leurs. J’ai encore moins apprécié que deux Ministres de la République soient scandalisés que la justice américaine, quels que soient ses faiblesses et ses moeurs, fasse son office.
Mais tout cela ne serait rien si un de ces Ministres, après avoir entamé sa carrière à la télévision grâce à son oncle il y a bientôt 30 ans, n’appartenait maintenant à un gouvernement qui, au plan des paroles, n’a pas de mots assez durs contre les délinquants, la racaille, et tous ceux qui violent les lois, en faisant son fond de commerce.
Le comble est atteint quand ce Ministre a, il y a quelques années, commis un ouvrage glauque, même si bien écrit, dans lequel le moins qu’on puisse dire est qu’il est équivoque tant en ce qui concerne le tourisme sexuel que la pédophilie. Je me souviens d’ailleurs qu’à l’époque, lors de ses tournées promotionnelles à la télévision, l’aspect fiction du “roman” était largement évacué au profit du “je”. Et ce n’est pas le magistral enfumage, pure com à l’américaine, sur TF1 jeudi, qui change quoique ce soit à l’affaire, même si les “garçons”, “les gosses” de l’ouvrage se muent magiquement en “boxeur de 40 ans” en passant de l’écrit à l’oral. On ne peut dès lors s’empêcher de penser que, là aussi, le corporatisme décomplexé du “tout Paris” est à l’oeuvre pour sa défense, distinguant quant à l’éthique et la justice, les privilégiés et les autres: Polanski-Mitterrand d’un côté, Outreau et ses pauvres de l’autre.
La coupe déborde avec les ténors de l’UMP, qui auraient hurlé à la dépravation si ce Ministre avait été de gauche, et qui, fort mals à l’aise, s’ingénient à défendre la “liberté du créateur” et la “vie privée”. Le corporatisme artistico-médiatico-parisien continue de frapper, mollement soutenu par une partie de la droite, l’autre gardant un silence gêné. Tous les jours de nouveaux héraults fustigent la conjonction “de l’extrême-droite et de la gauche”, et ces hypocrisies en chaîne me soulèvent le coeur.
Comme le dit A. Perraud dans MédiaPart : “Il s’agit, à l’heure où ce régime fait planer la castration chimique à l’encontre des criminels sexuels, de rappeler certains principes de séparation des pouvoirs et des fantasmes, en une Europe qui verse graduellement dans une forme de corruption sarkoberlusconienne. Il n’est pas question de basculer dans l’ordre moral, mais de s’en tenir à un sursaut éthique”.
N. Sarkozy, après avoir fait campagne contre Mai 68, semble avoir définitivement récupéré, après et autour de Kouchner, Mitterrand et bientôt Lang, une “gauche-caviar” soucieuse de sa “distinction” et en quête du bon côté du manche. En ce qui me concerne je m’en félicite et y voit une salubre clarification politique.
- “A mi-mandat, la méthode de Nicolas Sarkozy s’essouffle”. Le Monde, et sa côte chute .
- B. Obama, prix Nobel de la paix. Je connais un nain agité et complexé qui va en faire un ulcère à l’estomac, malgré les déclarations un peu grotesques de ses partisans
- “Quand Eric Woerth allait chercher des fonds en Suisse”. Veilleur de jour.
- Nanotechnologies et environnement. InternetActu.
- Condamnation et récidive. Une vraie analyse chez L. Mucchielli.
- Les “gros cons”, chez BriBrit, à partir d’Un blog par jour.
- Fédéric Mitterrand, l’autre affaire. Marianne.
- Le lapin de Gicerilla et sa chute.
- “Le boneteau de Maître Eolas”. La lettre volée.
- L’humeur du jour de Seb Musset.