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Alain Finkielkraut - France Inter
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Intervention édifiante, ce matin dans le 7/9 de Nicolas Demorand, du philosophe Alain Finkielkraut, au sujet de l'affaire Polanski, devenue par ricochet l'affaire Frédéric Mitterrand.
Son attaque contre les internautes était tellement précise, reprenant point pour point l'argumentaire que je tenais dans mon post d'hier, que j'ai songé un instant avoir eu l'honneur d'être lu... mais malheureusement incompris !
Comment ce penseur, qui fut l'idole de ma jeunesse étudiante, peut-il ainsi se fourvoyer en argumentant sur la définition du terme de pédophilie et en défendant l'acte de Roman Polanski, au prétexte que l'adolescente de 13 ans aurait été consentante ?
Entendons nous bien : je ne joue pas ici les pères-la-vertu, et je crois, a fortiori, que les charges auraient dû être abandonnées, à partir du moment où la plaignante elle-même souhaiterait simplement que tout ceci soit oublié.
En 30 ans, les gens changent, les moeurs également.
Par contre, l'argument de la consentance, doublé du fait que Polanski soit un immense artiste, ceci semblant justifier une telle justice à deux visages, le tout suivi d'une critique acerbe du populisme et d'un mépris affiché vis à vis des journalistes et autres bloggeurs qui ne seraient que des jaloux et des frustrés... tout ceci est inacceptable.
Monsieur Finkielkraut n'a ni le privilège de la pensée, ni celui de définir ce qui est juste ou non, tolérable ou non au sein de la société française.
Qu'un même ministre valide une loi à l'encontre du téléchargement illégal et défende Roman Polanski dans cette affaire peut apparaître choquant, tant au titre des arguments utilisés que de leur incohérence.
Polanski ne doit pas aller en prison parce qu'il est aujourd'hui âgé, que la personne qui l'accusait ne le souhaite pas elle-même, et qu'il serait inhumain de lui infliger pareille chose aujourd'hui.
Pas parce que le fait de sodomiser une fillette de 13 ans serait acceptable de la part d'un artiste.
Et que notre ministre de la culture se sente obligé de se justifier en nous expliquant que les services tarifés auxquels il faisait appel en Thaïlande concernaient des hommes du même âge que lui, c'est tout simplement se foutre du monde.
Il faut arrêter de tout mélanger : la justice n'a pas accusé Frédéric Mitterrand et elle ne devrait plus inquiéter Roman Polanski.
Pour autant, ces réflexes d'autodéfense et de justification, de la part d'élites autoproclamées, sentent au moins aussi mauvais que la vindicte populiste que Monsieur Finkielkraut semble tant déplorer.