L'Agence de l'environnement et de la maïtrise de l'énergie (ADEME) vient d'accorder, ce 7 octobre 2009, 30 millions d'euros à plusieurs industriels dont l'IFP, la société Total, la société Sofiprotéol, pour développer un projet industriel de production d'agrocarburants de deuxième génération.
Ce projet, d'un coût total de 112 millions d'euros vise la fabrication de "biocarburant de type biogaz et biokérosène en 2015".
Ainsi, ce sont des millions d'euros d'argent public qui vont être accordés à une société qui a démontré à de multiples reprises son laxisme environnemental et qui a réalisé 13, 9 milliards d'euros de bénéfices en 2008.
On peut légitimement se demander s'il n'y avait pas d'autres priorités.
Problème : cette décision intervient alors que l'étude confiée à l'ADEME pour réaliser le bilan environnemental des agrocarburants de 1ère génération n'a pas été encore publiée.
Concrètement, la France fonce tête baissée dans les agrocarburants de deuxième génération sans avoir le recul nécessaire, comme l'indique trés bien la dépêche AFP reproduite ci dessous.
Hier aprés midi, France Nature Environnement publie un communiqué de presse pour dénoncer cette décision.
Panique à bord : l'ADEME s'empresse de publier hier aprés midi, aprés la révélation par le journal Les Echos et l'AFP de ce qui ressemble bien à un scandale, un résumé de l'étude qui avait été demandée. Que dit ce document disponible ici ? Que des études sont encore nécessaires car les incertitudes, notamment méthodologiques, sur l'impact des agrocarburants de 1ère génération sont encore trop nombreuses.
Voici trés précisément ce que conclut ce document :
"Cette étude n’a pas prétendu trancher les questions méthodologiques et quantitatives de la place des biocarburants dans la déforestation des dernières années et encore en cours. Les calculs proposés restent grossiers et ne visaient qu’à donner un ordre d’idée potentiel des effets que pourraient prendre ces éléments dans les bilans en balayant des scénarios très contrastés. Des travaux spécifiques doivent être conduits pour approfondir cette zone d’ombre et le degré de plausibilité des scénarios vis–à‐vis des différentes filières étudiées.
Il serait donc nécessaire de lever cette incertitude qui plane au dessus de l’intérêt environnemental des biocarburants européens par rapport aux événements à l’échelle de la planète par des travaux approfondis et dépassionnés. Les mécanismes de transmission indirecte sont notamment à analyser à l’aune de modèles et de données économiques plus poussées afin de comprendre les transmissions entre marchés."
Pourquoi une telle précipitation en faveur des agrocarburants de 2ème génération alors que des études sont encore nécessaires sur la 1ère génération ? Quel est le pouvoir exact de Total pour emporter de telles décisions ?
Hasard malheureux du calendrier ou pas, cette décision d'accorder 7 millions d'euros à Total pour produire des agrocarburants a été prise, non seulement en plein procès Erika à la Cour d'appel de Paris et alors que l'association Greenpeace a lancé une campagne "Total invente la destruction durable" et vient d'occuper la raffinerie du Have
A lire : AFP : Biocarburants: en avant pour la seconde génération, sans recul sur la première