L’un des grands passages de « Terre des hommes » c’est l’évocation de l’aventure dans le désert de Lybie où l’aviateur et son co-pilote, victimes d’un accident en plein désert, ont failli mourir de soif.
Les limites de la résistance humaine sont poussées à l’extrême et Saint-Exupéry livre un récit bouleversant et palpitant dont voici un extrait, le moment où un bédouin les sauve in extremis :
Et voici que, sans hâte, il a amorcé un quart de tour. A la seconde même où il se présentera de face, tout sera accompli. A la seconde même où il regardera vers nous, il aura effacé en nous la soif, la mort et les mirages. Il a amorcé un quart de tour qui, déjà, change le monde. Par un mouvement de son seul buste, par la promenade de son seul regard il crée la vie, et il me parait semblable à un dieu.
C’est un miracle... Il marche vers nous sur le sable, comme un dieu sur la mer... Il n’y a plus ici ni
races, ni langages, ni divisions... Il y a ce nomade pauvre qui a posé sur nos épaules des mains d’archange.