Tout tient à un mot : «apologie», celui qu’a employé Marine Le Pen,
suivi deux jours plus tard par Benoît Hamon dans une expéditive
condamnation qui traduit une étrange conception de l’équité.
Le texte
de Frédéric Mitterrand eût-il été une apologie du tourisme sexuel que
la faute eût été patente, comme l’a dit en substance le ministre
lui-même hier soir sur TF1. Le tourisme en question finance une
industrie fondée sur le proxénétisme, c’est-à-dire impitoyable et
violente. La libération sexuelle est un progrès évident ;
l’exploitation sexuelle une oppression manifeste.
Or Frédéric
Mitterrand n’a pas écrit une «apologie» mais une confession. Nuance
décisive.
En politique comme en littérature, les mots ont un sens. Par
calcul, les quadras du PS ont choisi la confusion de vocabulaire. On
confesse une erreur ou une faute : c’est ce qu’a fait Frédéric
Mitterrand dans son texte comme dans son intervention.
Pour le reste,
il nie tout abus de mineur et déclare avoir tourné la page. Ses
procureurs vont-ils le prendre au mot et tenter de démontrer qu’il ne
dit pas la vérité ?
Cet acharnement aurait une conséquence que chacun
doit méditer. Si l’on enquête sur la vie privée du ministre, il faudra
alors fouiller dans celle de tous les autres responsables politiques.
Un homme, disait Malraux, c’est un misérable petit tas de secrets.
Veut-on les mettre au jour ? Veut-on une société de la totale
transparence, c’est-à-dire une société de l’inquisition ?
Laurent Joffrin © Liberation