La dernière lettre manuscrite reçue ? Le dernier week-end pluvieux passé à lire un livre et à rêvasser ? La dernière fois que vous avez ouvert un annuaire pour y trouver un numéro de téléphone ?
En faisant une liste des pratiques qui ont disparu avec Internet, le Telegraph nous fait mesurer la profondeur des changements qui se sont effectués silencieusement dans nos vies, sans loi et sans grande déclaration. Depuis quand n’avons-nous pas mis des photos dans un album relié ? Quel est le dernier CD que nous avons entièrement écouté ?
De manière plus générale, comment pouvons-nous encore exercer notre mémoire et notre concentration alors que Google et Wikipedia nous offrent des réponses instantanées ? Sommes-nous en train de perdre ce qui nous reste de « l’art de la mémoire » hégémonique au XVI° siècle ? Comment résister à la sollicitation constante de nos amis sur Facebook, ce réseau sidérant où l’émouvant côtoie le dérisoire ?
Est-ce que nous ne sommes pas tous en passe de devenir des pseudo experts de tout, n’hésitant plus à se lancer dans des analyses géopolitiques, interpellant notre médecin sur la base d’un auto diagnostic constitué à partir de quelques pages web ?
Pire encore, ne sommes-nous pas en train de perdre notre esprit de tolérance ? Je m’interroge quand je vois le ton et la violence des propos sur les forums.
Il ne sera pas répondu de manière formelle à toutes ces questions qui sont d’abord pour nous une occasion de réfléchir… Les changements en profondeur qu’introduit l’usage d’Internet se font très rapidement mais aussi de manière très naturelle, sans même que nous en ayons une perception très claire. Et s’il y a danger, c’est dans la perte de conscience de ce que nous devenons !