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Le patrimoine du coeur

Publié le 08 octobre 2009 par Beniouioui

Image1 Petit-fils du défunt comte de Paris et hériter de la maison de France, le prince Jean de France vient de faire paraître un livre d'entretiens avec Fabrice Madouas.

Cette information pourrait sembler peu significative pour beaucoup de lecteurs et pourtant elle nous a amenés chez BeniNews à réfléchir au concept de "fils de". D'autant que cette semaine, les "fils de" font beaucoup parler d'eux. Et pas forcément en bien...

Tandis qu'on apprenait hier que Jean "fils de" Sarkozy, avec sa glorieuse petite année d'expérience politique, serait sans doute élu le 4 décembre président de l'EPAD (Etablissement public d'aménagement de la Défense), ces derniers jours ont surtout été marqués par les envolées lyriques du "neveu de". L'affaire Polanski s'est ainsi transformée récemment en affaire Mitterrand et cela étonne le neveu du grand monarque. Pourtant soyons honnêtes, Frédéric Mitterrand s'est pris pour Oscar Wilde il y a 2 ans (je me souviens l'avoir vu saliver sur un plateau télé en évoquant ses délices orgiaques comme une sorte de péché aristocratique), a dit une connerie sur une affaire judiciaire et se prend un boomerang. La grande différence entre la Villa Médicis et la rue de Valois (ministère de la Culture), c'est le peuple. Les plaisirs de boudoir font peut-être sourire les intellos, mais ils font surtout pleurer tous les autres. BeniNews a pleuré.

Ces deux affaires nous font craindre le pire lorsqu'on évoque les dynasties. Les "fils de" feraient-ils n'importe quoi?

Descendant de Saint Louis, Henri IV et Louis-Philippe, Jean de France considère que sa vocation personnelle doit nécessairement s'appuyer sur son patrimoine génétique mais également s'inscrire dans la morale. S'il doit transmettre cette histoire qu'il porte sur ses épaules et dans son sang, il doit aussi être le maillon responsable d'une longue chaîne qui ne s'achèvera pas avec lui. Contrairement à un homme politique qui n'a de cesse de placer ses pions ou ses fils, Jean de France nous rappelle qu'un roi n'est pas le fils d'un homme mais d'une histoire. Un monarque éclairé est lié à la France qu'elle le veuille ou non; il n'a rien à gagner temporairement; il n'a pas la nécessité de gouverner les yeux rivés sur les sondages; il n'a pas le coeur qui palpite chaque jour à l'idée de perdre la prochaine élection. Et cette perspective à très long terme lui donne une capacité à prendre du recul et à rechercher le bien commun.

"Je pense en prince chrétien, j'agis en prince français", le prince a une formule intéressante. Gouverner est une responsabilité incroyable. Les dirigeants accompagnent le développement de l'humanité et leurs décisions doivent être mises en regard des valeurs qu'ils portent. Un dirigeant qui se soucie de sa réélection aura souvent tendance à porter des valeurs court-termistes, à répondre à des demandes faciles, à désarmocer des bombes qui pourraient exploser pendant son mandat. Il sera ainsi plus financier, plus libertaire, plus diplomate. En revanche, un dirigeant qui s'inscrit dans l'histoire devrait privilégier les attentes complexes et profondes de son peuple. Il devrait être plus spirituel et plus exigeant. Son inscription dans un temps infini, son attachement particulier à son pays et son attention portée au peuple auquel il est lié devraient transformer son patrimoine génétique et historique en patrimoine de coeur.

"Devrait", car les rois ont montré au cours de notre histoire qu'ils n'avaient pas tous la sagesse que nécessite une telle fonction. "Devrait", car certains potentats actuels nous montrent une face sombre d'un pouvoir quasi-monarchique (encore que ces tyrans ont justement peur du coup d'état et cette instabilité potentielle qui les pousse au pire est contraire même à la stabilité royale). "Devrait" parce que l'idée monarchique est peut-être plus belle que la monarchie.

Mais au-delà de la monarchie, nous pourrions déjà réfléchir à suivre la devise du prince Jean : "je pense en chrétien, j'agis en homme français".

Nous sommes tous des "fils de". Nous sommes des fils de Dieu.

Si l'exigence d'en bas nous mène en haut, creusons chacun au fond de notre cœur de petit prince pour en faire ressortir notre plus beau patrimoine : notre âme.


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