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Mélancolie automnale

Publié le 08 octobre 2009 par Bobby @MissBobbyD

19h34. 7 octobre. La nuit prend place. Il fait doux dehors pour un début d’automne. L’orangé des lampadaires contraste avec la froideur des néons de la gare. J’attends sur le quai, mon lecteur mp3 collé aux oreilles, Placebo caressant mes tympans. J’attends le prochain RER, ayant loupé de justesse celui que je devais prendre. Si je gagnais 1€ à chaque fois que cela m’arrive… Je regarde autour de moi, les gens arrivent, le bleu gris clair du ciel se transformant en bleu foncé.

Je pense. La liste des affaires que j’ai oubliées s’agrandit (je ne dors pas chez moi ce soir) : le chargeur de mon portable, le lisseur pour mes cheveux (qu’elle idée que j’ai eu de les désépaissir, ils rebiquent), un t-shirt de rechange. Ça va, j’ai encore ma tête.

Je pense. A. n’avait pas l’air d’aller aujourd’hui, je n’ai eu aucune réponse de sa part. Pas bon signe.

Je suis dans le train, il fait chaud. L’air extérieur sent la nuit, l’été et le bois humide. J’aime. Je serais bien restée sur le quai, l’ambiance nourrissant mon inspiration, dispersant une certaine mélancolie, regardant s’engouffrer vers la sortie les nouvelles fournées de voyageurs. Je n’aime pas la lumière qu’il y a dans les wagons, elle est impersonnelle, proéminente, limite aveuglante pour quiconque tenterait une petite sieste avant le diner (sachant que sur la partie haute du train, il n’y a que moi et ce monsieur qui lit son journal…le roupillon ne sera pas pour nous).

Je pense. Arrêt Villiers-sur-Marne. J’ai souvent une pensée pour mon grand-père ici, quand il allait au marché le dimanche ou quand il venait me chercher à la gare lorsque celui de Tournan était supprimé. Maintenant, j’attends le prochain. J’ai un pincement au cœur.

Une goutte vient de percuter mon œil (d’ailleurs, je me suis toujours demandé à combien de km/h allait un RER), la pluie n’est pas cordialement invitée. J’ai déjà du mal à garder un semblant de coiffure, je ne veux pas qu’elle vire serpillère. Et là, c’est le drame : le ciel noir de morosité pleure. Raaaaa… adieu mes cheveux presque lisses pour ma soirée. Ah. En plus de verser des larmes, monsieur est en colère. Génial. Je suis en mini-jupe, t-shirt, leggings et bottes, avec mon cuir dans le sac, j’ai connu mieux comme tenue pour un temps maussade. Quelqu’un dont je tairais l’initiale, a mis sur son statut Facebook (deux secondes, deux choses : ça sent le brûlé et les fenêtres ouvertes laissent entrer le torrent venant du toit), je disais, qu’il avait mis il n’y a pas si longtemps sur son statut « ils ont prévu de la nuit pour ce soir » (quelque chose d’y ressemblant en tout cas). J’avais trouvé ça très beau. Eh bien ce soir, ils ont prévu de la pluie et c’est beaucoup moins poétique.

Mon RER fait la course avec un autre, j’espère toujours que l’on gagnera. L’autre a réussi à nous dépasser, mais c’est sans compter notre super chauffeur qui a mis un coup d’accélérateur pour pouvoir gagner haut la main.

Changement de décor. Métro ligne 2. J’ai l’impression d’être dans un autocuiseur et que je vais être servie au diner : « au menu ce soir, du Bobby à l’étouffé », j’entends dans le haut-parleur. Une odeur de kebab surplombe l’atmosphère, comme un vieux reste oublié sous un siège. Certaines personnes me regardent d’un drôle d’air…que peut-elle bien écrire ? Il est même possible que la demoiselle debout à mes côtés essaye de déchiffrer mes lignes. Non, ceci n’est pas mon journal intime (des fois qu’elle s’interrogerait, je préfère lui préciser).

Mon stylo a rendu l’âme, tout comme mes cheveux et j’ai failli rater l’arrêt complètement submergée par les quelques lignes qui se transforment en roman. Je suis arrivée à bon port, malgré le cataclysme qui sévit à l’extérieur. J’ai chaud.

Un diner m’attend, à l’abri du mauvais temps et une soirée dansante se prépare, à l’abri des regards…

Mélancolie automnale


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