Longtemps taboue, la question de la maltraitance des personnes âgées et/ou handicapées est une réalité quotidienne dans de nombreux établissements spécialisés. Cette maltraitance revêt des formes multiples : maltraitance physique, médicamenteuse, négligence, abandon. Très récemment, des cas de maltraitance ont malheureusement encore fait l’actualité. Pour remédier à cet état de fait, l’Etat a lancé une « opération de bientraitrance » en direction des personnes âgées. La bientraitrance est une « démarche collective visant à assurer le meilleur accompagnement possible pour la personne âgée, dans le respect de ses choix et l’adaptation à ses besoins, à domicile ou en établissement ». Partant du principe que le respect des personnes âgées repose sur la bientraitrance, on ne peut que saluer ce concept. Et après ? Des actions concrètes et des moyens financiers ont été alloués afin d’améliorer la qualité de vie de nos ainés dans les établissements spécialisés. Les moyens attribués aux établissements et services pour personnes âgées progressent de 566 millions d’euros soit 8,2% d’augmentation et devraient permettre la création de 20 000 postes supplémentaires. Cependant, les moyens financiers ne sont pas uniquement au cœur du problème car comment des personnes qualifiées, dont le métier est de prendre soin des autres, finissent par commettre des actes de maltraitance, parfois d’une grande violence, à l’encontre de personnes dépendantes ? Je ne veux jeter la pierre sur personne mais comment et pourquoi notre société en est arrivée à ce point de négligence, pire d'indifférence?
L’accent doit impérativement être mis sur la formation continue des agents à de nouvelles techniques de prise en charge des personnes âgées. Il s’avère que de nombreux agents n’ont pas reçu de formation adaptée à l’évolution de la perte d’autonomie et à la progression du nombre de résidents atteints, notamment de maladies de type Alzheimer. Il existe des formations appropriées qui permettent d’entrer en contact avec la personne, de la regarder, de la lever ou d’effectuer sa toilette sans résistance et permettre d’instaurer une relation de confiance entre le patient et l’aide-soignant. La dégénérescence des cellules du cerveau humain entraine irrémédiablement la perte d’autonomie, il faut une patience infinie et un amour sans borne pour prendre soin de nos propres parents ou grands-parents. Lorsque la tâche est trop lourde pour les familles, elles peuvent se tourner vers des maisons de retraite en leur confiant un des leurs. Trop souvent ces établissement sont dépassés par le nombre croissant de malades et ne peuvent pas/plus faire face. Pour ramener ce lien de confiance et amoindrir ce sentiment de suspicion, le gouvernement a demandé à chaque établissement de fournir un questionnaire d’autoévaluation de ses pratiques. Pour ceux qui ne joueraient pas le jeu, des contrôles inopinés ont eu lieu : en 2008, 80% des contrôles réalisés par les DDASS étaient des contrôles-surprise dans les établissements médicaux-sociaux.
Par ailleurs, depuis mai 2008 un numéro gratuit le 39 77 a été mis en place afin de signaler les cas de maltraitance. Résultat : plus de 63 000 appels reçus dont 81% relèvent réellement d’une pratique de maltraitance. On peut regretter les plages horaires d’ouverture de 9h à 19h uniquement du lundi au vendredi mais pouvoir offrir une plateforme téléphonique pour libérer la parole est une action qui va dans le bon sens.
Dans une large majorité, l’aspiration des personnes âgées est de pouvoir vivre à domicile le plus longtemps possible, différentes offres sont possibles dont l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), les services de soins infirmiers à domicile, des accueils de jour pour des personnes dépendantes et/ou atteintes de la maladie d’Alzheimer qui permettent une alternative à l’hébergement en Etablissement hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD). Tout cela a un coût, certes, mais c'est fondamental pour l'équilibre de notre société.
Prendre soin de nos aînés me semble être une évidence humaine qui n'a pas de couleur politique, et cela ne devrait pas avoir de prix.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 30 décembre à 10:37
c'est malheureux mais c'est un problème d'actualité auquel il faudrait y jeter un œil un peu plus souvent