Jean Sarkozy a donc fait part de sa candidature à la tête de l’Etablissement public d’aménagement du quartier d’affaires de La Défense (Epad) qui constitue le premier pôle tertiaire d’Europe. L’Epad, c’est aussi un territoire qui regroupe des centaines d’entreprises employant sur place 150 000 salariés, un bassin de population de plus de 200 000 personnes (Puteaux, Courbevoie et Nanterre), et enfin, un noeud de transport (trains, RER, métros et tramways) par lequel passe quotidiennement 1 million de franciliens.
À 23 ans, le fils du président de la République est déjà président du groupe UMP/NC/DVD au Conseil général des Hauts-de-Seine.
Il n’est actuellement même pas membre du Conseil d’administration de l’Epad, mais le conseiller général NC Hervé Marseille a indiqué à l’AFP qu’il démissionnerait de son poste à l’Epad pour permettre à Jean Sarkozy de briguer la présidence…
La Défense était jusqu’à présent constituée de deux territoires : celui regroupant des morceaux des communes de Puteaux et Courbevoie, sous l’égide de l’Epad d’une part et celui situé sur Nanterre (Epasa). L’Epad était à droite, au département des Hauts-de-Seine. L’Epasa, à gauche, à la municipalité communiste de Nanterre. La droite souhaite imposer un nouvel établissement public regroupant Epad et Epasa, qui sera sur pied en décembre prochain, éjectant au passage les élus de Nanterre de toute responsabilité. À l’occasion de la rédaction du décret indispensable, Patrick Devedjian a tenté à plusieurs reprises de supprimer la limite d’âge (65 ans) actuellement imposée pour la présidence de l’Epad, en vain.
Le « Prince Jean » ne compte pas attendre décembre (la décision devrait être prise le 4 novembre prochain). La barre de 65 ans valable pour l’Epad est déjà dépassée depuis l’anniversaire de Patrick Devedjian, le 26 août dernier.Profitant de son absence à l’étranger, le fils du président s’est tourné vers ses soutiens, les Balkany, qui lui apportent le soutien du groupe UMP des Hauts-de-Seine, ultra-majoritaire.
Avec raison, le maire de Nanterre Patrick Jarry indique : « Jean Sarkozy n’a aucune légitimité pour assurer la présidence de l’Epad. Il n’en est même pas administrateur. De plus, Neuilly, dont il est conseiller général, ne se situe pas dans le périmètre d’aménagement de l’opération d’intérêt national. Il s’agit de d’assurer la pérennité du clan ».
Oui, là encore, il s’agit bien de soutenir le membre d’un clan comme semble le confirmer l’implication personnelle du président de la République dans le dossier du quartier d’affaires de La Défense. Qui peut croire sérieusement en la pertinence de la candidature à la tête d’un tel établissement public de Jean Sarkozy, qui n’a d’ailleurs pas terminé ses études?
Jean-Louis Bianco & Nicolas Cadène