Je suis depuis hier attentivement les débats d’une autre planète sur la légalisation des jeux d’argents sur le net … pour des entreprises comme Bolloré qui est déjà en train de rapatrier ses serveurs de Malte, assuré qu’il est qu’il obtiendra sa licence et qu’il pourra sortir de l’illégalité dans laquelle il se trouve comme 25 000 acteurs de cette industrie.
D’une autre planète vous disais-je… et oui, il est question de légaliser les jeux d’argent en ligne d’un côté et de criminaliser le téléchargement de l’autre … on marche sur la tête. La prochaine étape, c’est la légalisation du crack et le retrait de la vente du Cacolac ? En dehors du risque socio sanitaire que peuvent représenter ces jeux, il faut y lire en filigrane quelques petits « détails » … trois fois rien vous allez voir.
Points communs entre HADOPI et la légalisation des jeux d’argent :
- la création du Haute Autorité (lol) : comprenez un organisme de copains nommé par des copains chargé de garantir l’opacité de tout système de distribution
- la question du « sur référencement » de l’offre légale : en clair, soit Google baisse sa culotte, soit on filtre le moteur de recherche à l’échelle française et on embauche 2 ou 3 marabouts du référencement à l’Elysée.
- Mais le plus inquiétant, ce n’est pas vraiment ces petites magouilles entre amis dont les acteurs ne cherchent même plus à se cacher, la question en suspend, c’est l’atteinte à la neutralité du net. Il est bien question de filtrer, par toutes manières possibles et imaginables les sites « illégaux », comprenez les sites à qui cette nouvelle Haute Autorité n’aura pas daigné octroyer de licence (actuellement TOUS sont illégaux, mais comme les acteurs sont bien connus, la loi n’a jamais été appliquée). On parle d’une cinquantaine de sites qui obtiendront l’agrément de l’ARJEL, les 24 950 et des brouettes d’autres sites utiliseront surement d’autres canaux que le référencement usuel pour rester accessibles aux joueurs français.
Le filtrage seule solution ?
Non pas du tout, il suffirait de bloquer les transactions bancaires (c’est bien plus simple à mettre en place), mais là encore, l’objectif n’est pas du tout d’empêcher des sites illegaux, mais bien de légaliser le filtrage.
Comme à son habitude sur toutes les questions du numérique visant à priver les internautes de leur liberté, le gouvernement ne s’appuie sur AUCUNE étude d’impact sur l’ensemble de l’Internet. Des professionnels auraient pourtant pu lui expliquer les effets des mesures de filtrage sur des infrastructures Cloud par exemple … ou encore de la perversion qu’il va initier en instaurant la discrimination des contenus… mais qu’est ce que le cloud et l’internet en face d’un marché qui prévoit d’avoisiner 3,5 milliards d’euros en 2015 et qu’on peut se partager … entre copains.
Je participais récemment à une table ronde pour l’Open World Forum en compagnie de Jérémie Zimmerman (LQDN), Fabrice Epelboin (RWW) et Philippe Langlois (OLPC et /tmp/lab), c’est en cette occasion que nous avons appris que la Loppsi allait bénéficier d’un texte sur les jeux d’argent en ligne qui sera un prétexte tout choisit pour la mise en place d’un filtrage. Il faut être conscient qu’il s’agit là d’une étape indispensable pour poser la première brique portant sur la discrimination des contenus. Oubliés donc les sites pédophiles (qui ne seront de toutes faon en rien impactés par quelque mesure de filtrage que ce soit comme l’expliquait brillamment Fabrice, ils ont tout prévu, depuis des années, et les autorités le savent très bien).
Les débats à l’Assemblée s’achèveront normalement demain, vous pouvez les voir direct ici, via un flux sale …
En attendant comme l’invite à le faire la Quadrature du Net, contactez votre député pour lui exprimer vos inquiétudes sur les effets non mesurés du filtrage !