07 octobre 2009
Algérie : les massacres collectifs de civils (1996-1998)
La guérilla des islamistes algériens contre leur gouvernement et leur population commence le 13 février 1992. Petit à petit s'instaure dans les villes et les hameaux d'Algérie une terreur au nom de l'islam. Assassinats incessants de policiers, d'agents de l'ordre, de jeunes appelés au service national; attentats à la bombe dans les lieux publics les plus fréquentés ; liquidation physique des opposants à l'islamisme (intellectuels, démocrates, féministes) ; exécution de simples citoyens pour des motifs fallacieux ; etc.Une nouvelle phase de l'histoire de cette guérilla commence en novembre 1995, quand le général Zeroual, président désigné, décide d'organiser des élections présidentielles pluralistes. Malgré les menaces des islamistes contre quiconque se rendrait au bureau de vote, la population crée la surprise en y participant massivement. Elle choisit le général Zeroual comme président de la république, seul capable à ses yeux de la sauver des griffes des islamistes armés. C'est un coup de marteau sur le moral des maquisards. " La population n'est donc plus avec nous " se disent les islamistes. Elle nous a " trahi " et a rejoint le
Taghout (Tyran). Le GIA (Groupe Islamique Armé), la plus fondamentaliste des organisations dudjihad, se sent en perte de vitesse. Il est en proie à des dissidences internes. D'autres groupes dudjihad (Armée Islamique du Salut notamment) tentent de négocier un compromis avec l'armée pour déposer les armes. Le GIA, sous la conduite d'Antar Zouabri, se lance alors dans une fuite en avant désespérée et nihiliste : il organise en représailles, à partir de décembre 1996, des massacres de civils d'une horreur jusque là inégalée.
1997 fut pour l'Algérie l'apothéose du sang et de l'horreur. En tout, près de 4000 personnes (chiffre approximatif) furent massacrées à coups de haches, de couteaux et d'explosifs. Parmi elles, se trouvaient près de 100 nourrissons et des centaines d'enfants. Les bébés ont été parfois brûlés, cuits dans des fours, écartelés et coupés en deux, ou encore éclatés sur les murs, leurs tête explosée dessinant une énorme tâche de sang et de cervelle. Des femmes enceintes ont été éventrées, leurs foetus extraits et mutilés. Certaines victimes sont brûlées vives à l'essence. Des têtes détachées sont mises dans des ventres de femmes tuées. Certaines têtes sont cousues sur des corps qui n'étaient pas les leurs. Certains cadavres sont piégés, à l'intention des services de sécurité.
De vieux hommes ont été égorgés au poignard, la tête arrachée et séparée du corps. Sur les terrasses de Bentalha, alors que les voisins hurlaient d'épouvante en attendant leur tour, les habitants furent tranchés par des haches, sectionnés par des couteaux etjetés, une fois la gorge coupée, pardessus les jardins et les rues. Une femme terroriste coupait les oreilles et les poings des cadavres pour récupérer les bijoux qu'ils portaient encore. A Relizane, les caméras avaient pris des morceaux de chair humaine et des lambeaux ensanglantés d'enfants, arrachés àleur corps et jetés sur les toits des habitations pauvres des paysans attaqués [cf. Fekhari]. Dans la même localité, des villages entiers, surpris dans leur extrême misère,ont été exterminés à l'arme blanche. Après le passage des hordes islamistes, il restait une forte odeur de carnage, faite de chair humaine brûlée et de cadavres calcinés, des habitations détruites, incendiées ou vandalisées, des tas de corps démembrés et méconnaissables et de grosses mares de sang à moitié sec. Le scénario semble à chaque fois être le même : un groupe de terroristes investit une localité ou un village de nuit, il prend les précautions nécessaires pour ne pas être attaqué : en minant les accès principaux qui mènent vers le lieu ciblé, en plaçant des combattants arméssur les chemins qui y conduisent, en sabotant pistes et routes, etc. Ils coupent ensuite l'électricité et plongent les habitants dans le noir. Et puis, l'égorgement commence à l'arme blanche et à la hache, aux cris de Après l'assassinat du président Boudiaf, le pouvoir algérien perd toute crédibilité. L'armée, qui croyait venir à bout du terrorisme au moyen de l'intensification de la lutte militaire, se rend à l'évidence en août 1993, lors d'une réunion de hauts gradés. Ali Kafi (2 juillet 1992- 30 juin 1994), président du HCE et remplaçant de Boudiaf, cautionne cette démarche. Une Le pouvoir improvise alors une Malgré ce climat chaotique et en dépit des menaces, la population algérienne crée la surprise : le La nouvelle d'une participation massive de la population aux élections du " Taghout " (Tyran) fait l'effet d'une bombe dans les maquis. Le peuple n'est donc plus attaché à l'instauration d'une " République islamique ". Le moral des maquisards s'en est beaucoup ressenti. C'est le déclin de la sympathie populaire dont ils bénéficiaient jusque là. Autre conséquence : une partie de la direction du FIS, conduite par Rabah Kébir, dont le bras armé est l'AIS, se penche de plus en plus vers le dialogue et le renoncement au Mais le GIA, en proie à des dissidences internes, n'entendait pas les choses de cette oreille. Il craignait d'être sacrifié sur l'autel du compromis qui se dessinait entre certains cercles du pouvoir et une partie de la direction du FIS. Zitouni condamne alors l'AIS et son chef, Madani Mezrag, qui venait d'adresser une lettre à un conseiller de Zéroual en 1996. Il leur livre la guerre et exécute les
Allahou Akbar, en insultant les victimes.
Le groupe a ses professionnels en la matière, les égorgeurs, qu'il met en avant, tandis que les autres tiennent en respect les habitants avec des armes à feu. Dans certains massacres, un choix est effectué entre familles à massacrer et familles qui sont probablement restées fidèles aux GIA ou protégées par de quelconques accointances au sein du groupe islamiste. Il est arrivé que, pendant le massacre, le moment de la prière sonne : les extrémistes islamistes ont alors abandonné l'égorgement et se sont mis à prier (Cf. les témoignages recueillis par Véronique Taveau). Aucune distinction n'est faite entre les victimes. Les enfants, comme les bébés, les vieillards et les femmes, sont passés pareillement au fil de la lame. Insensibles aux imprécations des futurs égorgés, les assassins se livrent à des actes d'une rare cruauté, destinés à frapper les esprits.
Les massacres, surtout pour les plus importants, sont des opérations minutieusement organisées, souvent avec des complicités locales. A Bentalha et Béni Messous (**), les assaillants sont venus avec des listes et des " guides " (des enfants et des adultes), qui montrent aux égorgeurs quelle maison appartient à qui. Certains terroristes sont largement connus dans les localités qu'ils ont massacrées. Les rescapés interrogés le lendemain par les journalistes de la presse indépendante algérienne tiennent généralement le même discours : ils commencent par accuser l'état de ne les avoir pas protégé, parlent ensuite des complicités à l'échelle locale et finissent parfois par avouer leurs " propres erreurs " passées, en laissant dans certains cas circuler parmi eux les terroristes islamistes. Ils citent des noms de gens qu'ils connaissent et qui étaient parmi les assaillants.
Pourquoi toute cette horreur ? A quelle logique obéissait l'action armée du GIA (Groupe Islamique Armé) ? Mais surtout, que faisait l'armée algérienne pendant que ses citoyens, qu'elle avait la mission de protéger, se faisaient massacrer ?
supérieurs (généraux), est mise sur pieds en octobre 1993. Le général Zéroual, ministre de la défense, est chargé de mener des négociations secrètes avec les dirigeants du FIS, Ali Benhadj et Abassi Madani. Il leur
Contexte politique des massacres propose un retour du FIS à la légalité, sous un autre nom, et la libération de ses dirigeants, en contrepartie d'un Commission de dialogue national (CDN), dirigée entre autres par trois officiers appel à l'arrêt des violences. Les deux leaders islamistes, croyant être en position de force, se montrèrent intraitables, ce qui fait échouer les négociations.Pourtant, Zéroual était prêt à toutes les concessions...
Zéroual (30 juin 1994 - 27 avril 1999), en dialoguiste infatigable, décide d'entamer un deuxième round de
Mais la réplique des groupes armés ne se fait pas attendre. Ils condamnent toute tentative de dialogue et affirment se battre jusqu'à l'instauration, à leurs yeux prochaine, de l'Etat Islamique. Ils intensifient les actes terroristes et les sabotages et menacent les Algériens qui oseraient participer aux élections. L'été 1995 fut particulièrement meurtrier : explosions de bombes, meurtres de journalistes, égorgement de jeunes militaires, attentats à la voiture piégée, etc. " L'urne ou la vie " menaçaient les tracts du GIA, placardés dans tous les villages et villes d'Algérie. Djamel Zitouni lui-même menace les habitants : " celui qui a été averti n'a pas d'excuses ". Les leaders démocrates jugent eux-même la tenue d'élections impossible. Conférence de l'entente nationale , tenue le 30 janvier 1994, destinée à faire dialoguer toutes les sensibilités politiques. Le FIS et l'opposition la boycottent tous les deux. Ce qui n'a pas empêché les congressistes de désigner le général Liamine Zéroual président de la
pourparlers secrets avec les dirigeants du FIS . Il fait preuve de magnanimité en libérant trois de ses figures historiques, Ali Djeddi, Abdelkader Boukhamkham et Abdelkader Hachani, et en plaçant Madani et Benhadj dans une résidence surveillée, où ils étaient libres de recevoir qui ils voulaient. Ils refusèrent d'appeler à l'arrêt des violences. Pire, pendant que les deux leaders du FIS étaient en dialogue avec les conseillers du président, Ali Benhadj envoie une lettre à l'émir du GIA, Cherif Gousmi, lui demandant d'intensifier le djihad. La lettre fut découverte par l'armée sur le cadavre de cet émir du GIA, abattu le 26 septembre 1994. Cette duplicité des dirigeants du FIS fait échouer les pourparlers. Dans son discours du 31 octobre 1994, le président Zéroual prend la mesure de son échec et annonce la tenue d'une élection présidentielle avant la fin de l'année 1995. Par la promotion au grade de général de corps d'armée de Mohammed Lamari, partisan d'une lutte intense contre les groupes armés, l'armée vise à rétablir des conditions de sécurité suffisantes pour la tenue de ces élections. heures de combat, les unités de l'ANP abattent 20 islamistes à Laghouat, dont un émir redouté, Aïssa Keroum, ancien d'Afghanisatn. Napoli, de son vrai nom Yacine Amara, tout puissant émir de la Casbah, est à son tour abattu avec 7 de ses compagnons le 2 octobre 1996. 16 novembre 1995 , les bureaux de vote sont pris d'assaut. Le taux de participation dépasse celui des législatives de 1991 : il est de 74,92 %. Zéroual a réussi la tenue d' élections présidentielles pluralistes et, bien plus que ça, il se fait élire, lui, candidat du pouvoir, président de la république (61,34 % des voix), devant l'islamiste dit " modéré ", Mahfoud Nahnah (25,39 %), et le démocrate Saïd Sadi (9,29 %). Le choix de la population s'explique : seul un militaire pouvait à ses yeux imposer la paix face à la violence exacerbée des islamistes armés. Après la victoire, une partie des démocrates, les capitales occidentales et même le FIS (par le biais de Rabah Kébir) reconnaissent la légitimité du nouveau président. Celui-ci nomme le néo-libéral Ahmed Ouyahya chef d'un gouvernement où siégeaient des islamistes dits " modérés " et continue son programme de " parachèvement des institutions " en organisant une révision de la Constitution en 1996 et des élections législatives pluralistes en 1997. djihad, devenu contre-productif.
Face aux pressions internes, constituées par de multiples dissidences, et aux pressions externes, constituées par le renoncement progressif de l'AIS au
djihad, par le désaveu qu'adressait la population au GIA en participant aux différentes élections de Zéroual et par l'étau que ne cessait de resserrer l'armée autour de ses troupes, le GIA (ou plutôt ce qui en restait) s'engageait dans une voie nihiliste et suicidaire et choisit la fuite en avant dans l'horreur. Pour punir la population, décrétée impie du fait de son rejet des islamistes armés, il se lance dans une série de massacres de civils, aussi horribles les uns que les autres.
: Le décompte qui va suivre est loin d'être exhaustif. Il a été élaboré à partir des fait rapportés par Hassane Zerrouky dans son livre
5 décembre 1996
Haouch el-Trab, près de Boufarik, dans la Mitidja
Circonstances : Un groupe du GIA, dirigé par Djamel Aït Dekar, lieutenant d'Antar Zouabri, égorge et décapite 10 civils, dont 7 femmes.
10 personnes décapitées.Une attaque terroriste fait 23 victimes, des femmes pour la majorité. Le journal indépendant
nuit du5 janvier 1997
hameau de Benachour, près de Sidi El-Kébir, Blida
Circonstances : Ce hameau est massacré pour la deuxième fois par les terroristes. Au cours de ce deuxième raid, 16 civils sont assassinés.
16 personnes assassinées.
6 janvier 1997
Daouda Marine, port situé à 60 km à l'ouest d'Alger.
Circonstances :
23 morts. El Watan est l'un des premiers à mettre en cause l'attitude des militaires, postés sur les hauteurs du village, qui auraient refusé d'intervenir.
Communiqué d'Antar Zouabri, émir du GIA :
" La guerre continuera et s'intensifiera durant le mois de ramadan et nous avons les moyens et les hommes pour châtier ceux qui ne sont pas à nos côtés [...] A l'exception de ceux qui sont avec nous, tous les autres sont des apostats et méritent la mort " (tracts placardés sur les murs d'Alger, janvier 1997)" Nous avons acculé le Tyran au repli sur la capitale, où il est cerné de toutes parts " ; " nous allons frapper fort et il finira par lâcher prise. Nous ferons trembler la terre sous les pieds du Tyran qui n'a d'autre issue que de préparer son départ, avant de périr sous les décombres " (in
Un communiqué d'un groupe du GIA, Les Fidèles au Serment, de Kamreddine Kherbane :
Nour el Misbah, organe des Fidèles au Serment, 1 er février 1997)1Médéa, quartier de
er février 1997
Ktiten.
Circonstances : Pour se venger de Sid Ali Benhadjar, un dissident qui a choisi de quitter avec ses hommes leGIA, ce dernier organise une expédition punitive dans le quartier qui abrite les sympathisants de son ennemi. Une cinquantaine de terroristes assassinent et massacrent hommes, femmes et enfants. Les forces de police stationnées à 500 m ne bougent qu'après la fin de la tuerie. Le 6 février, les terroristes retournent massacrer un quartier voisin (Teniat el Hadjar), mais les habitants, avertis, les accueillent à coups de pierre, de haches, de gourdins, etc. Leur résistance leur sauve la vie. La police intervient cette fois et abat plusieurs islamistes. Une autre descente s'effectue au quartier de Aïn Dheb le 6 février, les terroristes islamistes avertissent la population contre toute collaboration avec Sid Ali Benhadjar, sinon " nous vous tuerons comme on l'a fait à Ktiten ". Benhadjar accuse de son côté " les hypocrites " du GIA de ces massacres et affirme disposer de la liste de tous les participants au carnage.
31 morts.
17 février 1997
hameau de Kerrache, à 50 km d'Alger.
Circonstances : Les terroristes islamistes d'Antar Zouabri massacrent 31 personnes dans cette localité. Dans un communiqué, celui-ci revendique le massacre et corrige le nombre de victimes, qu'il dit être 41 et non 31 morts comme l'avait annoncé la presse.
31 morts selon la presse, 41 selon Antar Zouabri.
Communiqué d'Antar Zouabri :
" Le GIA ne tue pas les innocents, mais les familles qui sont proches du pouvoir " ; " une nouvelle étape de lutte contre le gouvernement a débuté avec l'exécution d'apostats et de leurs relations dans les villes et villages, et des attentats à la bombe au cœur d'Alger et de Blida " (communiqué du 22 février 1997, signé Abou Talha, nom de guerre de Zouabri)
Autres massacres : on compte 22 massacres islamistes de civils entre le 15 février et le 5 juillet 1997, (dont celui de Bougara), dans différents endroits du pays. Le nombre de victimes est élevé, plus de 300 morts.5 juillet 1997
Médéa.
Circonstances : 48 personnes sont massacrées par un groupe armé.Plus d'une vingtaine de personnes sont par ailleurs massacrées dans différents endroits du pays, dont trois supporters d'un club de football, l'USMA, égorgés alors qu'ils fêtaient la victoire de leur équipe.
61 morts.
27 au 28 juillet 1997
Larbaa , Blida.
Circonstances : Vers 23h, une centaine d'islamistes du GIA investissent la ville de Larbaa en coupant l'électricité. La ville est plongée dans le noir, tandis que ses accès sont minés par des engins explosifs. Les quartiers de Djibolo et de Si Zerrouk comptent des familles acquises à l'émir Mustapha Kartali, rentré en dissidence. Pour châtier celui-ci, des dizaines de personnes sont massacrées par ses anciens compagnons de Kertali. Ceux-ci ont pris tout leur temps et ont enlevés les plus belles femmes pour servir d'esclaves sexuelles au maquis.Les militaires ont prétexté les bombes qui bloquaient les accès de la ville pour justifier leur passivité. Le 31 juillet, les terroristes sont revenus pour exécuter 20 autres personnes dans un autre quartier de la ville.
51 morts et 90 blessés.
Autres massacres : entre le 9 et le 13 août 1997, 55 civils sont massacrés, toujours dans la région Alger-Médéa-Aïn Defla.
nuit du 25 août 1997
hameau Ben Ali, à moins de 10km de Blida.
Circonstances : Des islamistes armés investissent la nuit le hameau de Ben Ali et rassemblent ses habitants sur la placette du village. " Prenez les plus belles [femmes] et tuez tous les autres " ordonne l'émir du groupe. Commence une tuerie à l'arme blanche et par balles.
74 personnes tuées, dont 30 femmes.Vers 22h30, deux cents islamistes armés jusqu'aux dents (Kalachs, FMPK, lance-roquettes, etc.) font irruption à Raïs, un village situé dans la Mitidja, sur un ancien domaine agricole. Ils étaient habillés en tenues afghanes, avec des" barbes très longues ", " teintées au henné pour certains " [témoignage recueilli par Zineb Laouedj] " attachées avec des élastiques, une coupe El Watan écrit, en citant des survivants : " Ceux qui hier, habitaient El Raïs ont crié fort, très fort pour qu'on vienne à leur secours. " Nous avons crié de toutes nos forces mais personne n'est venu ". Celles qui d'entre les victimes essayaient de fuir ont été retrouvées la tête fracassée à la hache ou le corps calciné. Certains témoignages attestent que certains fuyards ont été tués par balles puis aspergés d'essence et brûlés. " Les terroristes ont surgi dans la fête et ont égorgé tout le monde sauf des femmes qu'ils ont décidé d'emmener avec eux " (...) " Ils ont pris avec eux des jeunes filles et des jeunes mariées, et aussi des moutons et des vaches " (...)" (Messaoud, interrogé par un journaliste de
nuit du 28 au 29 août 1997
Haï Raïs , banlieue d'Alger.
Circonstances :
rasta et des sourcils rasés " [un survivant au journal indépendant El Watan]. Deux patrouilles gardent pourtant l'entrée du hameau, une gendarmerie et un poste regroupant une vingtaine de gardes communaux. Quelques habitants montés sur les terrasses avaient perçu des bruits bizarres et avaient fui à travers les champs avec leurs familles. Les autres n'ont pas eu le temps de faire quoi que ce soit. Les terroristes défoncent leurs portes à coups d'explosifs, mettent le feu aux habitations, lancent des cocktails Molotov et font sortir les femmes et les enfants. La tuerie commence à coups de hache, de couteaux et d' " Allahou Akbar ", tandis que les balles rattrapent les fuyards. Plusieurs centaines de civils se précipitent vers le poste des gardes communaux pour chercher refuge. Mais ces derniers, armés seulement de fusils de chasse, prennent peur et se terrent à l'intérieur de leur poste. Les témoins ont identifié à la tête des assaillants Ali Dellal, Ali Cherat et Rabah Bougouïa, des islamistes originaires du village qui avaient basculé dans le terrorisme. Quelques jours auparavant, les villageois, inquiets, ont demandé des armes à l'état pour se protéger, chose qui leur a été refusée. Les habitants de cette localité n'ont pas massivement voté FIS pendant les élections de 1991. 300 morts environ, dont plus de 30 bébés et un terroriste tué par les villageois.
Parole aux survivants :
El Watan, 29-30 août 1997)
La Croix, raconte : [Ce soir là, à Raïs, arrive] " une voiture Mazda [...] de sous la bâche a surgi une dizaine d'hommes, barbus pour la plupart, souvent vêtus de pantalons bouffants et tuniques, quelques uns de pantalons de treillis militaires. Ceux qui n'avaient pas de kalach, étaient armés de haches et de couteaux. [...] Ils blasphémaient de temps en temps [...] Personne ne peut dire exactement combien "ils" étaient. Peut être 50 [...] En un quart d'heure, "ils" avaient enfermé au milieu des cris et des coups de feu, près de 200 habitants dans quatre ou cinq maisons qu'ils gardaient [...] Quatre individus patibulaires s'étaient invités vers 21h à la table des hommes dans le petite arrière-cour, là où il y avait la fête. " Vous nous avez laissé quelque chose?" ont-ils lancé au père du marié. "Ils" se sont mis à manger. Lorsque les camionnettes Mazda ont été annoncées à l'entrée de Raïs, ces hommes ont quitté l'arrière-cour pour l'intérieur de la maison où ils ont dépouillé toutes les femmes de leurs bijoux avant de les allonger par terre. A partir de là, l'horreur a envahi Raïs." ( La Croix, 26 septembre 1997) [Ces deux témoignages sont cités d'après Anissa Barak, " Les faits à travers la presse algérienne ", in Confluences n° 25, La parole aux Algériens : Violence et politique en Algérie, Printemps 1998.]Selon les témoignages recueillis par .Selon " Pendant que les étendards de la morts happaient les âmes des innocents, nourrissons, enfants et femmes au milieu de flots de sang, les voisins attendaient leur tour dans un état d'hystérie et d'épouvante poussés à l'extrême. " (Anissa Barak, " Les faits à travers la presse algérienne ", in Dans le numéro 13 du bulletin 1 A 18h15, en ce début de ramadan, des dizaines d'islamistes du GIA, habillés en tenues afghanes et appartenant selon les témoins à la phalange de la fin, se scindent en plusieurs groupes pour attaquer simultanémentquatre hameaux : Cherarba, Oued Sahrine, El Abadil et Ben Taïeb. Tous ces villages déshérités sont situés à mille mètres d'altitude, dans des zones montagneuses difficiles d'accès, loin des routes nationales. Les habitants sont des paysans et des éleveurs vivant dans une grande misère. Juste après la rupture du jeûne, ils furent attaqués à coups de hache et de couteaux. La moitié des égorgés furent des femmes et des enfants. Des bébés furent coupés en deux parties, chacune comportant une main et un pied. Le correspondant du journal indépendant
5 septembre 1997
Sidi Youcef , Béni Messous, banlieue d'Alger.
Circonstances : Vers 21h, un commando islamiste sort de la forêt limitrophe de Baïnem et rentre dans le village de Sidi Youcef. Ils commencent à achever les habitants à coups de haches et de poignards, hommes, femmes et enfants. Ceux-ci crient et appellent à l'aide, en faisant entrechoquer des casseroles pour se faire entendre de loin. " Personne n'est venu ". Quelques habitants fuient vers la forêt et se cachent. Pas une seule balle n'est tirée, toutes les victimes sont passées au fil de la lame ou de la hache. Les militaires se sont pointés deux heures après la fin de la boucherie. Le lendemain, les survivants ont emballé leurs bagages et ont quitté les lieux.
87 tués à l'arme blanche.
Selon Aïssa, un survivant qui s'est caché dans la forêt, interrogé par un journaliste pour " les assaillants se sont présentés comme des agents des forces de sécurité. Ils portaient des tenues sombres comme celles de la police. En me battant avec l'un d'eux, j'ai senti que ce n'était pas de la toile d'uniforme. Certains avaient de fines barbes, un seul une longue barbe qui lui arrivait jusqu'à la poitrine." Parole aux survivants :
nuit du 19 au 20 septembre 1997
Ouled Tham, Sud d'Alger Matmata, Aïn Defla.
Circonstances : 53 civils du village d'Ouled Tham sont massacrés.
53 morts.
nuit du 22 au 23 septembre 1997
, banlieue d'Alger, Entre Beraki et Sidi Moussa.
Circonstances : Une troupe de 150 hommes, conduite par Mohamed Lazraoui, un lieutenant d'Antar Zouabri, est venue par les plantations de Haï Djilali. Les islamistesrentrent à Bentalha en se scindant en plusieurs groupes : 20 hommes attaquent le quartier de Haï Boudoumi, une cinquantaine s'occupe de Haï Djilali, tandis qu'un troisième groupe, lourdement armé (lance-roquettes, FMPK) mine les accès à la ville et se tient prêt à riposter en cas d'intervention de l'armée. Les égorgeurs partent en premier, couverts par leurs acolytes et guidés par deux femmes, l'une habillée en noir et l'autre en rouge. Cette dernière s'appelle Ould Hamrane Zohra (alias Nacéra) et est la sœur d'un ancien émir du GIA, abattu par les services de sécurité en 1995, répondant du nom de " Djéha ". Zohra, originaire de Bentalha, montre les familles qui sont à épargner (car alliées du groupe) et celles qui sont à exécuter, et se charge de récupérer les bijoux sur le cadavre des victimes. Les tueurs font sauter les portes blindées au moyen d'explosifs [plutôt des engins artisanaux], tandis que les habitants fuient vers leurs terrasses. Les tueurs les rejoignent, les égorgent et les jettent sur la rue et les jardins. Les enfants cachés sous les lits et dans les armoires sont découverts et massacrés. L'intérieur des maisons est vandalisé, le mobilier est détruit. Certaines maisons sont incendiées. Quelques habitants, armés de fusils de chasse, ont courageusement tenu tête aux terroristes en couvrant la fuite de près de 200 personnes. Un terroriste est tué en recevant en pleine poitrine un harpon de fusil de pêche. Mohamed Khodja, un rescapé, a assisté à l'égorgement de 11 membres de sa famille, dont deux enfants de 11 et 13 ans.
30 militaires, stationnés à la maison de la vieillesse, à 1km du lieu du drame, ont essayé d'intervenir, mais ils furent accueillis par des tirs de roquettes.D'autres militaires tombent sous les tirs nourris des groupes du GIA, supérieurs en nombre. Les renforts ne sont jamais arrivés. La tuerie prend fin à 2h du matin. Un terroriste, abandonné par ses acolytes lors de leur retraite, fut brûlé vif par les habitants.
Mohamed Lazraoui, l'émir du groupe, est originaire de Bentalha. Ancien cadre du FIS, ilavait abattu en 1994 un policier et son père à la sortie d'une mosquée avant de rejoindre le maquis. Il est à son tour abattu par l'armée quelques semaines après le massacre de Bentalha, le 7 octobre 1997.
300 morts, égorgés et par balles et 67 blessés. Un médecin et 5 femmes enelvés. Bentalha
" des enfants du village " parmi les terroristes ; " Des femmes et des enfants accompagnaient les agresseurs " , des cheveux hirsutes, de longues barbes et un aspect sale. Certains d'entre eux portent jeans et baskets. Selon certains témoignages, les terroristes avaient des listes avec des noms de familles entières ou des personnes bien précises. Des hommes identifiaient les villas avant de décider de l'attaque.
" Nous répondons à ceux qui nous accusent de tuer aveuglément que nous combattons ceux qui ont trahi et se sont rendus au Tyran. En ce sens, nous ne faisons ici rien d'autre qu'appliquer les préceptes de Dieu et de son Prophète. [...] Quand vous entendez parler de tueries et d'égorgements dans une ville ou un village, sachez qu'il s'agit des partisans du Tyran, ou alors de l'application de communiqués qui ordonnent de faire le bien et de combattre le mal ". Il faut exterminer " ceux qui ne font pas la prière, consomment l'alcool et la drogue, les homosexuels et les femmes libertines et débauchées [...] Du plus jeune des enfants au plus âgés des vieillards, les ennemis de l'islam doivent tous être égorgés " (Cité d'après Zerrouky, pp. 273-274) Parole aux survivants :
El Watan, ils avaient de longues barbes et portaient une tenue afghane surmontée d'un gilet. Un témoin a reconnu parmi eux trois natifs du quartier. Selon La Tribune, un témoin a reconnu Antar Zouabri, émir du GIA de l'époque, écrit :
Al Khabbar et La Tribune (presse indépendante), les assaillants étaient habillés à l'afghane, avec des pantalons bouffants et des " Le monde doit savoir que toutes les tueries, les massacres, les incendies, les déplacements de population, les enlèvements de femmes, sont une offrande à Dieu " (communiqué cité par l'AFP, 29 août 1997, authentifié par les Services secrets français car comportant des menaces contre la France, cité d'après Zerrouky, p. 274)
Al Khabar, 24 septembre 1997) [Tous les témoignages sont citésd'après hameau de Milaha, près de Bouïnan, Alger Confluences n° 25, La parole aux Algériens : Violence et politique en Algérie, Printemps 1998.]
Circonstances : Un groupe armé massacre les habitants,15 femmes et 12 enfants font partie des victimes. Al Djamâa, daté du mois d'août 1997, Abou Al Moundhir, de son vrai nom Mahfoud Assouli, écrit :
38 personnes assassinées.
4 octobre 1997
près de Bouïnan, Alger
Circonstances : Un car de transport scolaire emmenait des enfants à l'école. Des terroristesdu GIA le surprennent sur la route et le mitraillent.
17 enfants assassinés.
er octobre 1997
début octobre 1997
Benchicao, Zoubiria, Ouled Benaïcha, localités de Médéa.
Circonstances : Libre de ses mouvements dans cette zone, le GIA commet trois massacres dans trois localité différentes de la même wilaya.
non communiqué.
Autres massacres : entre le 2 novembre et le 18 décembre 1997, Hmalite, Chéraga, Baïnem, Larbaa connaissent des massacres.
83 morts, plus de 150 blessés.
31 décembre 1997
(précisément Cherarba, Oued Sahrine, El Abadil, Ben Taïeb et Had Chekala)
Circonstances :
Ces populations, qui avaient massivement voté pour Liamine Zeroual, étaient vraisemblablement accusées d'avoir pris parti pour le Taghout (Tyran) ou d'avoir des sympathies pour l'AIS. Des gens de cette région avaient aussi aidé l'armée à localiser des groupes du GIA. L'AIS, qui observait une trêve à ce moment là, a promis aux habitants de les protéger en cas d'attaque du GIA. C'est sur ce fond de rivalité que le massacre a été perpétré.
517 personnes assassinées au total, la plupart à l'arme blanche, dont plus d'une moitié de femmes et d'enfants.
11 janvier 1998
, à 30 km d'Alger
Circonstances : Après la rupture du jeûne, vers 20h30, une centaine d'islamistes du GIA, venant de la montagne avoisinante de Aïn El Kahla, investissent la ville de Sidi Hamed. Loin d'être une localité miséreuse, elle abrite plutôt des commerçants et des employés de l'industrie algéroise. Les islamistes du GIA lancent deux grenades dans la vidéothèque, pleine de monde à craquer et tuent collectivement un nombre considérable de jeunes gens. Ils mitraillent ceux qui sortent de la mosquée et achèvent les fuyards par égorgement. Des familles sont attaquées et massacrées dans leur maison, avant d'incendier les lieux. Les tueurs achèvent tranquillement leur besogne et ce n'est que deux heures plus tard que l'armée arrive sur les lieux. 15 jeunes filles sont emportées comme butin de guerre sexuel par les islamistes dans leur retraite, destinées à être violées. L'armée arrive trop tard sur les lieux ; pour la première fois, l'officier qui commande la région est arrêté et jugé pour intervention tardive.
Des témoins affirment que les hommes de l'AIS venaient souvent se ravitailler dans les commerces de la bourgade. L'AIS a par la suite déposé les armes mais deux de ses lieutenants, Ali Bâa et Ahmed Mostéfaoui (dit Popeye), originaires de Sidi Hamed, sont passés au GIA. Les gens de Sidi Hamed seraient donc accusés de sympathie avec l'AIS.
140 morts et 70 blessés.
janvier 1998
Relizane, localité de Ramchèche
Circonstances : Un groupe armé massacre les habitants.
62 morts. Relizane Liberté a été le seul à avoir accédé à cette zone. Il décrit ainsi le massacre : " les victimes ont été égorgées, décapitées, certaines démembrées. Des enfants ont été tués en étant projetés contre les murs des habitations " (cité d'après Zerrouky, p. 289). Les habitants qui ont survécu ont fui de nuit et ont marché des heures à travers la forêt pour rejoindre la première route nationale, où les militaires les ont récupérés. Les islamistes rivaux de l'AIS arrivent en premier sur les lieux du drame. Ils filment le carnage, interrogent les survivants et accusent le GIA. [Cf. le film de Fouzia Fekhari, en bibliographie]. Les militaires, qui arrivent derrière eux, ont eu la surprise de découvrir que les habitants d'une autre localité, Had Chekala, ont été exterminé jusqu'au dernier à l'arme blanche.
Cette lecture des faits fait face à un obstacle majeur : L'attitude de l'armée algérienne
Pendant le ramadhan de 1997, les Algériens avaient droit à un massacre tous les deux jours.Une grande partie de ces carnages étaient commis dans la banlieue d'Alger,pas très loin de postes et de casernes de l'armée et de la gendarmerie. Comment expliquer alors que l'armée n'intervienne pas pour protéger les civils ? Ou qu'elle soit le très souvent intervenue en retard, pour constater les dégâts ?
Les premiers à avoir posé ces questions furent les journaux algériens de la presse indépendante. Plusieurs réponses furent envisagées :
1) certains objectèrent qu'on avait affaireune armée " lourde ", de type soviétique, mal préparée pour faire face aux méthodes afghanes de la guérilla et peu habituée à lutter contre un ennemi invisible. La structure de commandement était elle-même compliquée, les gens qui donnaient des ordres n'étaient pas informés à temps. Pourtant, en 1997, l'armée avait cinq années d'expérience de lutte anti-terroriste. Elle a donc eu tout le temps qu'il fallait pour se mettre à niveau depuis le début de la guérilla.De plus, les massacres de la banlieue d'Alger duraient des heures et les victimes criaient à tue-tête pour obtenir des secours...L'incompétence :
il n'était pas possible, selon d'autres, d'intervenir de nuit alors que les chemins qui menaient vers les localités attaquées étaient minés, les accès gardés par les assaillants, l'électricité coupée. Les soldats auraient confondu entre civils et terroristes. C'était risquer inutilement des soldats dans des opérations perdues d'avance. Cet argument, en plus d'être immoral, est incohérent. Comment des terroristes pouvaient-il agir de nuit, avec ou sans torches, alors qu'une armée formée pour cela n'y arrive pas ? La nuit n'était pas un obstacle pour la seule armée, elle était aussi un obstacle pour les assaillants. Ces derniers pouvaient en effet avoir un avantage sérieux sur les militaires, mais est-ce une raison pour ne rien faire ? 2)
L'impossibilité :
certaines parties de l'opinion pensent que les militaires ont tout simplement laissé faire les islamistes. Les populations massacrées étaient en effet souvent d'obédience islamiste et avaient dans beaucoup de cas voté pour le FIS pendant les élections législatives de 1991. Certaines avaient même soutenu les groupes armés dans leur lutte. Alors, quand ces derniers sont retournés contre leurs anciens sympathisants, l'armée s'est dit : " tant pis pour leur gueule, ça leur apprendra à voter FIS ou à soutenir les terroristes ". Aucun officier n'aurait voulu risquer la vie de ses soldats pour sauver des gens qui avaient jusqu'à une certaine mesure soutenu les islamistes ou les islamistes armés.
3)
Le laisser-faire : la passivité relative des corps de l'armée est la base de la naissance du groupe de pression " qui tue qui ". Les " qui tue-quistes " pensent que l'armée n'est pas intervenue parce que les massacres étaient commis par ses propres hommes, c-à-d par des éléments des services secrets algériens déguisés en terroristes islamistes, dans le but de discréditer la guérilla aux yeux de ses sympathisants. Sinon, comment expliquer que des zones parsemées de casernes et de postes militaires soient le théâtre de carnages nombreux ? La seule explication selon eux est que les militaires ne pouvaient pas en intervenant tirer sur d'autres " militaires ", déguisés en terroristes islamistes. Certains qui-tue quistes vont plus loin, en évoquant sans preuves la complicité des services de renseignements français. Ceux qui ne sont pas d'accord avec cette version sont pour les " qui tue quistes " des " soutiens "du pouvoir algérien.
4)
la complicité, voire plus :
Selon les cas, ce sont donc les trois premières réponses qu'il faut envisager, chaque facteur pouvant jouer seul ou combiné aux autres.
c'est une théorie qui ne dispose pas de l'ombre d'une preuve . Les témoignages invoqués sont sujets à caution : ils sont incohérents ou faits par des déserteurs proches des islamistes, ou qui avaient des comptes à régler (par l'histoire algérienne interposée) avec l'armée. De plus, au moment des massacres, la guérilla ne jouissait pas tout à fait de la popularité que lui suppose cette thèse. Il apparaît ces derniers temps, notamment avec l'affaire de la mort suspecte de Didier Contant (cf. le site de Rina Sherman), que les auteurs de cette thèse forment un groupe de pression déterminé et extrêmement puissant, qui agissent par " coups médiatiques "afin de discréditer l'armée algérienne et de réhabiliter l'islamisme politique dans ce pays. Parmi leurs derniers coups se trouve l'affaire du général Buchwalter sur les moines de Tibhirine, soi-disant assassinés par l'armée. Certains d'entre ces militants sont des islamistes plus ou moins déclarés, d'autres sont liés au pouvoir marocain, d'autres encore font partie de l'internationale socialiste, tout ce beau monde se rencontrant autour d'une maison d'édition (La Découverte) et d'un nombre d'avocats des droits de l'homme.
Les massacres sauvages traduisent une attitude désespérée de la part d'un GIA devenu sectaire et nihiliste, sur un fond de rivalité sérieuse avec l'AIS et dans un contexte où se multiplient les dissidences au sein de ses rangs. Cette organisation n'a évidemment pas besoin d'être manipulée pour tuer ou d'être sous l'emprise d'une drogue quelconque comme le disent les mythes populaires la concernant. Ses membres ont perdu tout sens de la vie et sont devenus des assoiffés du martyre. La population, qui a soutenu naguère l'instauration de la République Islamique, lui a tourné le dos, ce qui légitime à ses yeux toutes les représailles. Les "traîtres" sont toujours mieux punis que les ennemis. Or, à ses yeux, la population civile a trahi la cause sacrée et a rejoint le Taghout (Tyran). C'est qui a fait d'elle la cible des représailles les plus monstrueuses.