Le rôle de Gabriel Byrne dans la série « En Analyse » est-il en adéquation avec le comportement des véritables thérapeutes ?
En France, il existe pas moins de 15 000 psychothérapeutes, travaillant tous sur des courants thérapeutiques assez divers. Cela constitue évidemment beaucoup d'approches de la profession ! Cela dit, Gabriel Byrne incarne avec beaucoup de réalisme le rôle du psy, à la fois à l'écoute et rassurant, mais qui sait à quel moment établir une douce confrontation avec son patient.
Voyez-vous des similitudes entre la fiction « En Analyse » et la réalité des psychothérapies ?
Le psy voit défiler dans son cabinet de nombreux patients, aux vécus très différents. A chaque session qui commence, c'est une nouvelle fenêtre qui s'ouvre sur la vie d'un individu, parfois déroutante, parfois violente… C'est cette réalité qui est dépeinte dans la série avec beaucoup de vérité.
En regardant « En Analyse », avez-vous l’impression d’assister à une vraie séance de thérapie ?
Oui, c'est même très intéressant d'être en quelque sorte dans la position du voyeur, qui écoute sans être vus les confessions très privées des patients !
Les personnages d’ « En Analyse » sont-ils des exemples types de patients ?
Oui. On peut tout de même noter que certains cas ou moments choisis de la série insistent sur le côté mélodramatique des situations dans lesquelles sont plongés les patients ! Dans la réalité, un psy reçoit des patients avec des problèmes à dénouer, mais qui pourraient, de l'extérieur, nous paraitre comme relativement banals. Ce serait bien sûr moins intéressant à regarder que la série qui fonctionne grâce à ces effets scénaristiques !
Est-il habituel qu’un patient tombe amoureux ou se sente terriblement proche de son thérapeute, comme c’est le cas de «Laura» qui tombe amoureuse du Dr Paul Weston?
Il n'est pas rare qu'un patient tombe amoureux de son thérapeute, au contraire ! On pourrait même dire qu'un lien affectif du patient vers l’analyste s’instaure automatiquement dans toute thérapie. Ce syndrome identifié très tôt par Freud porte le nom de "transfert". Ambigu mais nécessaire, le transfert permet de faire remonter à la surface les amours œdipiennes pour son père ou sa mère. Il est donc courant qu'un patient en thérapie en vienne à aimer son psy, l'admirer et vouloir être aimé de lui. C'est ensuite au psychothérapeute de "recadrer" ce transfert, comme le fait d'ailleurs le personnage de Paul Weston.
Est-il courant que les praticiens aillent voir à leur tour un thérapeute, comme c’est le cas pour le Dr Paul Weston ?
Pour devenir psychanalyste, il est obligatoire d'avoir fait sa propre psychanalyse avec un thérapeute. Pour les psychologues, cette catharsis n'est pas obligatoire, mais peut-être aussi bénéfique pour justement apprendre de cette relation psy/patient.
Dans « En Analyse », tous les patients viennent voir le Dr Paul Weston pour des raisons différentes. Dans la réalité, quelles sont les raisons les plus courantes de consultation ?
Un patient peut consulter un thérapeute pour un mal-être général ou des troubles du comportement dont il n'arrive à trouver la cause tout seul. La dépression est un problème assez répandu en France. Il touche 5 à 8% de la population et mène généralement tout droit sur le divan.
En apparence, le Dr Paul Weston semble à l’écoute et d’une patience à toute épreuve lors de ses consultations. Est-ce que ce sont les qualités premières d’un bon thérapeute ?
On imagine mal un psy qui se mettrait à crier sur un patient au bord du suicide, (comme on le voit parfois dans les parodies de films à l'américaine). Pour être un bon praticien, il faut bien sûr une bonne dose de patience, mais la qualité d'écoute et l'empathie ne sont pas les seules vertus requises ! Un thérapeute doit pouvoir faire preuve d'une rigueur scientifique dans son diagnostic, pour guider son patient vers la guérison et non pas l'inverse. Comme le dit le docteur Paul Weston dans la série, le psy doit mettre le doigt sur ce que le patient cache au psy et se cache à lui-même. C'est pour cela que la qualité de la formation d'un psychothérapeute est cruciale et que l'accès au métier de psychothérapeute doit être contrôlé, voire soumis à des recommandations, comme le propose la MILDUVES (La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) pour protéger les patients des dérives.