Marine marchande
Effectivement, les propos du ministre peuvent choquer (voir dans Le Point ses paroles). Entendre : « De le voir ainsi jeté en pâture pour une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens et de le voir ainsi seul, emprisonné, alors qu'il se rendait à une manifestation où on allait lui rendre hommage, c'est-à-dire ainsi pris au piège, c'est absolument épouvantable », a effectivement de quoi faire avaler douloureusement sa salive.
Un excellent livre, joyeusement détourné
Même si pour l'actuel ministre, se faire attaquer par le FN « est un honneur », reste que les moyens mis en place sont une fois de plus franchement à vomir. Rapprocher les arguments de l'actuel ministre de son texte écrit alors qu'il n'occupait pas la fonction, le tout dans l'optique fumeuse de le décapiter en place publique, voilà qui est gerbant.
D'autant que le livre à sa sortie n'avait pas suscité une telle polémique du tout, bien au contraire, on avait salué l'auteur et son livre. On se replongera avec Rue89 dans les fameux passages dénoncés par Marine le Pen pour se rendre compte de toute la supercherie et l'évincer comme il se doit.
L'homosexualité, ça vous gène ?
« Je mesure le chemin parcouru par la réputation des Français, depuis le french-lover hollywoodien des années 30 au pédophile planqué des années 2000 », écrivait-il, alors qu'il réalise combien le tourisme sexuel est justement une abomination. Jamais Mitterrand ne parle de son attirance pour de jeunes garçons, mais bien plutôt d'étudiants.
Cela dit, l'homosexualité n'est pas non plus l'une des marques de tolérance du FN, et le glissement sournois qui s'opère prend alors tout son sens. On se souviendra d'un, parmi les milliers, propos homophobe tenu par Jean-Marie, que rapportait Tetu : « Dans le Marais de Paris, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut chasser le canard en février. » C'était en février 2007. Mais il s'en trouve d'autres...
Non, mais on est où, là ?
Or, c'est connu, de l'homosexualité à la pédophilie, il n'y a qu'un pas que l'on franchit allégrement. « Qu'est-ce qu'on peut dire aux délinquants sexuels quand Frédéric Mitterrand est encore ministre de la Culture ? », interroge Marine le Pen, dans un acte de désinformation digne de ce que le parti d'extrême droite nous a toujours montré. En gros, nous expliquait un confrère, « avant, les régimes totalitaires brûlaient les livres, maintenant les groupes extrémistes les détournent ». C'est juste plus sale et plus efficace.
Car la campagne entamée est bien celle d'un détournement sinistre. Et que les parlementaires socialistes sautent sur l'occasion, avec un M. Hamon « choqué », cela confine au ridicule. « Si le président de la République ou le premier ministre, eux, trouvent que ce n'est pas si grave que ça, il restera, mais c'est à eux de dire maintenant si Frédéric Mitterrand doit rester ou pas », est intervenu Benoît Hamon.
Union du grotesque et du sublime...
« C'est bien dommage de pouvoir imaginer que des élus de gauche aillent rejoindre le Front national », a rétorqué le ministre.
Ce qui achèvera le passant, c'est un petit rappel sur la politique culturelle du FN, d'une indigence confinant à l'absurde, et qui, pour une fois, évoque un ouvrage... dans le seul but de dénoncer et bafouer un ministre sous des prétextes fallacieux.
Prendre un roman pour construire une accusation, ça donne le tournis.