Hier, Amazon fait son show : le Kindle vendu à l'international dans tous les pays du monde - ou presque, une centaine et des plus variés - voilà qui ressemble à un geste magnanime de la part du marchand. Ainsi, chaque journal titre avec allure quelque chose du genre « Amazon vend le Kindle en France, en Belgique, au Canada, en Australie », remplacez juste le nom du pays par l'un de ceux présents dans la liste.
Bon. Autant ne pas se voiler la face, c'est faux : Amazon ne va pas vendre son Kindle dans les pays du monde, mais autoriser les 100 pays à l'acheter directement aux États-Unis. Éconiquement, c'est rentable : ça fait du trafic de devises et pas de logistique à gérer à droite ou à gauche. On centralise tout aux USA, et le reste du monde vient à nous. Nous y reviendrons.
Mais ce qui n'a pas échappé à l'attentif et vigilant veilleur, c'est que finalement, Amazon a, d'un revers de la manche, balayé complètement la question des réseaux sans fil par lesquels passerait son Kindle dans d'autres pays que les États-Unis. En Allemagne, on se souvient que ni T-Mobile, ni Vodafone n'étaient parvenus à un accord avec le cybermarchand.
Et pour s'épargner des discussions avec tout le monde, et donc des complications à ne plus savoir quoi en faire, Amazon décide donc de profiter du réseau AT&T, et de soumettre toute personne qui se servira du Kindle en dehors du territoire, à des frais de téléchargement supplémentaire. Il se pourrait que l'Europe réagisse prochainement à ce sujet, étant donné le combat mené par Viviane Reding sur l'itinérance et les frais excessifs pratiqués par les opérateurs dès lors que l'on sort du territoire (voir la situation actuelle).
Or qui dit donc passage obligé et surtaxé par AT&T, dit aussi manque à gagner pour les opérateurs mobiles des pays concernés. Et nous les avons contactés à ce titre pour savoir ce qu'ils en pensaient. Si Bouygues et Orange n'ont officiellement rien à déclarer, circulez, tout va bien, on nous glissera cependant en off que tout le monde est conscient du braquage que vient de réaliser Amazon. « En contournant le problème des opérateurs locaux, et en imposant son service lié à l'opérateur américain, le déploiement du Kindle est largement simplifié, et coûte surtout moins cher à Amazon. Dans ce cas, oui, on peut se sentir légèrement arnaqués : c'est aussi le jeu... »
Nous attendons, sans grand espoir, un commentaire de la part de SFR sur le sujet, mais dans tous les cas, c'est encore un beau pied de nez de la part du cybermarchand. En somme, on n'est pas dupe : Jeff Bezos peut sourire, il s'en tire très bien.