J'ai eu le plaisir de rencontrer Clémence du Tertre dans leurs bureaux au coeur du quartier de la bourse dans un ancien immeuble textile.
Comment a été créée la marque Lucas du Tertre ?
A la base, nous sommes deux amies : Marie Lucas et Clémence du Tertre. Nous avons associé nos noms de famille pour créer le nom Lucas du Tertre. Deux femmes qui donnent un nom d’homme !
J’ai rencontré Marie en DEA de droit. Après nos diplômes, on a travaillé en tant que juriste et avocate en droit de la contrefaçon. En 2004, on a arrêté toutes les deux pour monter Lucas du Tertre.
La première année, on a mis en place la structure de la société et on a cherché des fournisseurs. Puis on a présenté notre première collection en 2005 au salon Premiere Classe. On avait au départ principalement des accessoires. Puis on a développé de plus en plus notre ligne de vêtements et on a donc exposé au Who’s Next. On a commencé dans le secteur Fresh pour les Jeunes Créateurs et depuis 3 saisons, nous sommes passées dans le Fame.
Et puis tout s’est enchainé naturellement. Dès le premier salon notre collection a été bien reçue. On a tout de suite trouvé des clients. Tout s’est fait naturellement.
Est-ce que vous ressentez l’impact de la crise ?
On le sent forcément, même si nous sommes au final peu touchées. La difficulté aujourd’hui est de trouver de nouveaux clients car ils sont beaucoup plus frileux. Avec la crise, les commandes sont également plus petites. Depuis 6 mois, on sent que c’est plus dur.
Est-ce que le passage du monde du droit à la mode est facile ?
En droit, on faisait du droit des marques et de la contrefaçon. Quelque part, on avait déjà un pied dans le monde de la mode. Mais on n’aimait moins ce côté un peu trop sérieux.
On a pas mal voyagé, notamment en Inde où on s’est rendu compte de la richesse de l’industrie textile du pays. Et puis un jour, on s’est dit pourquoi ne pas se lancer...
Pour apprendre le métier, on a commencé par rencontrer la directrice du Studio Berçot pour lui parler de notre projet. On ne voulait pas refaire une école de style de zéro. Elle nous a beaucoup aidées en nous proposant des cours privés avec des professeurs de son école. C’est comme ça qu’on a appris le stylisme, le modélisme…
Comment vous organisez vous aujourd’hui ?
Nous travaillons toujours toutes les deux ensembles. Marie s’occupe un peu plus du style, moi je suis plus dans le commercial. Mais nous avons notre mot à dire pour tout : on partage toutes les décisions. On travaille beaucoup avec des freelances pour le graphisme, le modélisme. On a aussi un styliste, un photographe…
Est-ce que c’est difficile de travailler ainsi en binôme ?
L’avantage avec Marie, c’est qu’on s’entend très bien. Il n’y a pas vraiment de difficultés : on est assez synchro, on a confiance l’une dans l’autre, on connait nos atouts et nos faiblesses.
Je pense que c’est plus facile de commencer une telle activité à deux. On est toujours là pour s’épauler pendant les périodes difficiles. Cela doit être beaucoup plus dur seul.
Comment travaillez vous les collections ?
On commence par des croquis. On les envoie ensuite aux modélistes qui font les patrons. On part en Inde ensemble chaque année pour faire les collections et voir nos façonniers. On a même pris des cours d’hindi !
En été, on a beaucoup de coton qu’on fait réaliser en Inde.
En hiver, on fait beaucoup de maille, en alpaga qu’on réalise en Bolivie. On réalise également des tshirts en Chine.
Nos collections ont beaucoup évolué : on fait désormais beaucoup plus de vêtements que d'accessoires. Nos collections sont aussi de plus en plus complètes, de plus en plus structurées.
Quelle est la marque de fabrique de Lucas du Tertre ?
Lucas du Tertre est une marque fraiche avec beaucoup de couleurs. On aime beaucoup les imprimés. On crée des pièces pour tous les jours. On ne veut pas de l’excentrique qu’on ne peut pas porter. On veut créer des pièces un peu sympa, comme le top qui va réveiller un jean. Mais nous sommes toujours beaucoup dans les motifs.
Des créateurs qui vous inspirent ?
On adore Tsumori Chisato pour la rigueur japonaise, les alliances de matières et la fantaisie de ses imprimés. Perso, j’adore Paul Smith pour les finitions, le côté anglo-saxon, il y a toujours quelque chose de décalé dans ses collections.
Qu’est ce qui nous attend pour cette saison ?
Pour cette saison, il y aura beaucoup de broderies et aussi des jacquards…
Où êtes vous distribuées ?
On est au Bon Marché, Chez Simone (1 rue Saint Simon, Paris 7e), chez N2 (2 rue Cler, Paris 7e), aux Abesses, chez Série Limitée, chez Almost Famous (Paris 1 et 11), chez Simrane (Paris 6ème) et bien d’autres. Lucas du Tertre et le petit Lucas sont également bien distribués au Japon : ils apprécient beaucoup nos imprimés. On est aussi un peu en Europe.
Et bientôt une boutique Lucas du Tertre ?
Sans doute à terme une boutique en ligne et ensuite une boutique en propre. Mais on attend encore un peu pour se lancer. Je suis convaincu que l’emplacement est essentiel, mais pour le moment, je n’ai pas vu d’endroit qui nous convienne.
Lucas du Tertre: plus d'info www.lucasdutertre.com