L'ancien Premier ministre Alain Juppé (UMP) estime que le gouvernement "se fout du monde" sur les modalités de la suppression de la taxe professionnelle, principale recette fiscale des collectivités territoriales. Lire la suite l'article
Dans un entretien paru mercredi dans le quotidien Sud-Ouest, le maire de Bordeaux ne prend pas de précautions oratoires à l'adresse du président de la République, signe des tensions qui agitent la majorité sur le dossier de la réforme de ces collectivités, dont l'Elysée veut supprimer des échelons.
"Ce n'est pas un bouleversement. Mais c'est toujours pareil avec (Nicolas) Sarkozy, on vous dit que c'est une rupture avec tout ce qu'on a fait par le passé... ", a-t-il déclaré à propos de cette modification prévue pour la fin de l'année.
Il estime que l'élection des conseillers territoriaux "sera un changement très profond", dont un des objectifs, "quelque peu démagogique, est de diminuer le nombre d'élus".
Alain Juppé estime par ailleurs que "le gouvernement cherche la provocation" sur les modalités de la suppression de la taxe professionnelle, une mesure en faveur des entreprises.
Prenant exemple sur la Communauté urbaine de Bordeaux (Cub) dont il est vice-président, il remarque que dès la deuxième année elle "perdrait plusieurs millions".
"C'est tout de même se foutre du monde. Le président Sarkozy avait promis une compensation euro par euro mais il avait oublié de dire pendant un an", explique-t-il.
"Jeudi et vendredi, pour les Journées des communautés urbaines, cela va être un festival anti-gouvernement", ajoute-il à la veille de ces journées qui se déroulent à Bordeaux.
DES DÉCISIONS "COURAGEUSES"
Ces propos d'Alain Juppé confirment que les différends se multiplient entre le gouvernement et sa majorité parlementaire.
Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a rejeté les accusations de l'ancien Premier ministre.
"J'ai beaucoup de respect pour Alain Juppé mais je n'ai pas vraiment le sentiment que le président de la République se moque du monde", a-t-il déclaré lors du compte rendu du conseil des ministres.
Nicolas Sarkozy "a pris deux décisions difficiles, courageuses, qui sont, l'une, de réformer en profondeur notre système d'organisation territoriale", a-t-il poursuivi. "Et deuxième décision difficile, c'est la question de la taxe professionnelle, avec un objectif : améliorer la compétitivité de notre industrie."
La reprise des travaux au Parlement a été marquée à l'Assemblée nationale par des passes d'armes entre certains ministres et les députés, qui laissent augurer de difficultés lorsque commenceront les débats sur le budget 2009, qui s'ouvre à la mi-octobre, la réforme de la taxe professionnelle et la création de la taxe carbone.
"Je n'avais pas vu ça depuis longtemps", a dit en septembre le président de l'Assemblée, l'UMP Bernard Accoyer.
Ces réformes sont vivement contestées par une grande partie de la majorité tant à l'Assemblée qu'au Sénat qui craint d'en payer le prix aux élections régionales du printemps prochain.