J’avoue avoir accueilli avec des sentiments mitigés cette décision du Rectorat de Créteil de débloquer quelques milliers d’€ pour lutter contre l’absentéïsme scolaire dans des lycées professionnels et, en vrac, plusieurs idées se sont bousculées dans ma tête.
- Payer pour des résultats scolaires, c’est déjà ce que font beaucoup de parents pour récompenser de bonnes notes, des “félicitations”, des réussites et mentions aux examens… Est-ce scandaleux ? J’avoue y avoir cédé avec mes enfants, il y a longtemps, mon fils ayant obtenu son scooter au prétexte de sa réussite au baccalauréat et ma fille un séjour en Australie (à l’époque très proche géographiquement de notre résidence). Ce qui me semble plus discutable est que là, on va payer pour simplement une présence en cours, certes condition nécessaire pour espérer obtenir des résultats, mais pas suffisante. Ce qui est admissible dans une économie familiale l’est-il obligatoirement au plan institutionnel ? Je n’en suis pas persuadé…
- La mesure, toute discutable qu’elle soit, présente un bon côté, celui de récompenser collectivement une classe - et non pas, individuellement, un absent chronique repenti -, ce qui peut se concevoir comme de l’aide à des projets collectifs, poussant les élèves assidus à se préoccuper davantage des décrocheurs.
- Il est cependant désastreux que dans un certain nombre d’endroits dans le monde, des miséreux se saignent aux quatre veines pour permettre à leurs enfants d’être scolarisés et cette mesure ressemble quelque part à un dispositif pour enfants gâtés.
- Faut-il dès l’école entrer dans les lois du marché ? Faut-il faire rentrer encore davantage l’économie du savoir dans les lois du fric ? Là aussi, je suis dubitatif…
- Selon certains médias, des mesures similaires sont mises en oeuvre en Grande Bretagne dans certains établissements, avec, semble-t-il, des résultats significatifs. Mais n’y aurait-il pas eu d’autres possibilités aboutissant, à coûts équivalents, aux même résultats ?
- Dans tous les cas, partisan de l’expérimentation sociale, j’admet qu’une telle expérience puisse être tentée et évaluée. J’aimerai cependant que d’autres expériences, avec les mêmes objectifs et jouant sur d’autres ressorts puissent être organisées.
En fait, cette tentative de résoudre ce problème se situe dans des contextes beaucoup plus larges: celui de familles dysfonctionnantes, ceux de l’intégration des immigrés et des quartiers sensibles, celui d’une certaine misère sociale, celui de l’orientation par l’échec vers les établissements professionnels de notre système scolaire, celui d’établissements scolaires de trop grande taille d’autant lorsqu’ils accueillent des publics socialement défavorisés, celui de l’intérêt, pour les élèves, de certains enseignants, de certains enseignements, …
Trouver des solutions à ces problèmes là permettrait d’éviter des béquilles telles que la mesure envisagée à Créteil, mais nécessiterait des mesures d’une tout autre ampleur, incompatibles avec la politique d’austérité scolaire initiée par X. Darcos et poursuivie par son successeur mais, que voulez-vous, on ne peut à la fois choyer le gang du Fouquet’s (et ses clientèles) et instaurer de la justice sociale.
- “Pourquoi le prix de l’eau va continuer à augmenter”. Actu Environnement.
- Nano technologies: Où les trouve-t-on ? Internet Actu.
- Usages mobiles (des) chez LChe.
- Paris en-ligne, copains, coquins et bande du Fouquet’s. Libération.
- Déclassement social. Le Monde. A discuter…
- A rebours de la propagande gouvernementale: “Selon un rapport d’évaluation tiré des expérimentations menées en 2007, les sociétés privées qui accompagnent des demandeurs d’emploi ont moins de résultats que le service public”. NouvelObs.
- Cumul des mandats, le classement des députés.Tableau interactif du Monde. J’en connais au moins un qui va se régaler.