Le PETIT NICOLAS, en 2009, évoque forcément autre chose.
Et il n’y a franchement pas de quoi rire, ou si peu. Sauf qu’il s’agit en premier lieu d’une bande dessinée presque mythique, œuvre de Sempé, qui met en scène un jeune écolier d’il y a cinquante
ans, avec tenue d’époque de rigueur, et tout l’attirail de nostalgie attenant. Composée d’une série d’histoires courtes et humoristiques, la Bd se voit adaptée sur grand écran par Laurent Tirard,
qui réussit globalement à saisir l’esprit et l’essence de la chose, transformant une mosaïque fragmentaire en un long métrage truffé de clins d’œil au support papier. Ce qui est vraiment dans
l’air du temps, ce sont ces films au parfum d’autrefois, des « Choristes » au « Faubourg 36 », comme si la nostalgie déjà évoquée s’était diffusée dans tous les esprits
français : ah que c’était mieux avant. Mais si avant, vous savez ! Avant quoi ? Avant la France du chômage et de la crise, avant la société de consommation TF1/MTV, avant les
arabes et les kébabs en lieu et place du jambon-beurre ? Où commence un sain « revival » de l’après guerre, et où s’amorce un mouvement réactionnaire et rance (Pétain, il n’a pas
fait que des conneries quand même..), nous ne le saurons jamais vraiment. En attendant, le public adhére, forcément. Les plus jeunes apparemment, qui rient devant les aventures de ce Nicolas en
culotte courte et sans Rolex, alias Maxime Godard, ici charmant bambin un peu falot et loin d’avoir le potentiel comique et ironique de la Bd. Si certaines scènes sont assez drôles ( Des visites
surtout, la visite médicale, celle du ministre…) le patchwork final est plutôt décousu et laisse un sentiment mitigé, comme la prestation du jeune héros, mièvre et défilée par moments. Souhaitons
que Frédéric Lefebvre, l’improbable porte parole de l’Ump, sous secrétaire d’Etat aux propositions débiles et ahurissantes, ne se laisse pas transporter par ce spectacle gentillet, et sur les
ailes de l’euphorie, ne demandent le retour de la blouse grise, la fin de la mixité scolaire, et le recours aux châtiments corporels pour les cancres, dans nos écoles. Encore qu’aux dernières
nouvelles, nous en sommes encore loin, puisque nous envisageons plutôt de récompenser les plus assidus aux cours avec monnaie sonnante et trébuchante. Le petit Nicolas, gentil comme il est,
aurait fait une longue et brillante carrière au pays merveilleux de Xavier Darcos et Luc Chatel. (5/10)
Quoi, je me serais trompé de film?
Allons, celui ci est bien plus drôle...