On peut se demander quelle est l’utilité fonctionnelle d’un enfant, au moins tant qu’il est trop petit pour faire la vaisselle, repasser des chemises ou casser du charbon dans les mines de Sibérie. Hé bien je crois que j’ai trouvé. L’enfant sert à personnaliser l’espace de travail de l’employé. Un cadre du petit Arthur quand il avait 2 ans, un pot à crayons en papier mâché reçu pour la dernière fête des pères, la photo d’identité biométrique de la dernière glissée dans le sous-main, voire, pour les plus motivés, le tapis de souris imprimé à l’effigie de toute la famille. L’incontournable dans le domaine étant le fond d’écran customisé, avec la bulle « on pense à toi, Papa » ou « courage, Maman ! », en lieu et place de l'incontournable dune Microsoft.
Est-il vraiment indispensable d’exposer sa progéniture à ses collègues (et vice versa), de faire rouler une souris sur le corps d’un bébé, de laisser sa petite famille au boulot 24 heures sur 24 ? Est-ce une façon de marquer son territoire et de faire comprendre à quiconque s'assoit sur votre fauteuil qu'il n'est pas à sa place ? Faut-il voir un plaisir sadique à enfermer virtuellement ses enfants derrière l’écran de son ordinateur, eux qui passent certainement déjà assez de temps devant ceux de la télé et de leur téléphone ? Est-ce que vous leur avez déjà demandé ce qu’ils voyaient de l’autre côté des icônes ? Est-ce que vous pensez à votre fille quand vous apercevez sa narine gauche à côté d’un tableau Excel ? Est-ce que c’est le plaisir de voir votre épouse sans l’entendre ? A moins que ce ne soit pour montrer à votre patron que vous vous sentez comme chez vous…
Sur ce, je vous laisse, je pars travailler une semaine sous les tropiques (ce sont les joies de la mondialisation).