La rage est causée par un virus de la famille des Rhabdoviridae et du genre Lyssavirus. Ce sont des virus enveloppés, leur génome est une molécule d'ARN de polarité négative de forme hélicoïdale. À ce titre, ils présentent une grande sensibilité aux agents physico-chimiques de désinfection et donc une faible résistance dans le milieu extérieur[1].
Le virus de la rage infecte tous les mammifères. Il a un tropisme nerveux, et en particulier le système nerveux central, ce qui explique les troubles observés.
Un animal infecté par le virus de la rage peut commencer à l'excréter jusqu'à quinze jours avant les premiers signes cliniques. Le virus est alors présent dans toutes les sécrétions de l'animal, y compris dans ses Matières fécales. Vu sa fragilité dans le milieu extérieur, l'entrée du virus dans l'organisme ne se fait que par le biais d'une effraction de la peau ou par les muqueuses buccale ou oculaire.
La transmission in vitro peut aussi se faire par voie aérosol, via les muqueuses ; c'est, par exemple ce qui se passe dans les cavernes habitées par des chauve-souris enragées : on a relaté deux cas de spéléologues ayant contracté la rage après avoir été en contact avec des aérosols provenant de chauve-souris enragées… De façon plus rare, la transmission peut aussi intervenir dans une chirurgie par transmission cornéenne.
En Europe, les vecteurs terrestres non volants de la rage peuvent être le renard, le loup, le blaireau, le chevreuil mais également le chien, le chat, la vache. En Amérique, la rage est transmise par le raton laveur ou le coyote.
La rage se transmet le plus souvent par morsure, mais peut aussi être transmise par simple léchage. Après une infection humaine, le virus pénètre (directement ou indirectement) le système nerveux périphérique. Il voyage alors le long des nerfs vers le système nerveux central. Pendant cette phase il ne peut pas être facilement détecté par le système immunitaire de l'hôte, et la vaccination peut toujours conférer une immunité. Une fois que le virus atteint le cerveau il provoque rapidement une encéphalite et les symptômes apparaissent. Il peut aussi infecter la moelle épinière, provoquant une myélite.
La période d'incubation est le plus souvent de trois à douze semaines mais peut atteindre deux ans.
Chez l'Homme,
on observe des troubles des fonctions cérébrales supérieures, anxiété, confusion, agitation avec troubles du comportement, les hallucinations, insomnies et éventuel delirium. La production de grande quantité de salive et de larmes avec difficulté de déglutition sont typiques des phases avancées. Spécifiquement chez l'homme se développe également en fin d'évolution une hydrophobie : la vue de liquide provoque une peur non raisonnable, alors que le contact entraîne des sensations de brûlures insoutenables. La mort, quasiment inévitable survient de deux à dix jours après les premiers symptômes.
Dans un tiers des cas[2], la maladie prend la forme d'une paralysie ascendante ressemblant au syndrome de Guillain-Barré.
Selon des recherches en cours en 2009, il y aurait un espoir d'éradiquer la rage en Afrique centrale et occidentale
La rage tue 55.000 individus par an dans le monde, soit en moyenne une personne toutes les dix minutes. Les victimes sont, dans la grande majorité, des enfants vivant en Asie et en Afrique. Pour sensibiliser et informer le plus grand nombre sur le rôle essentiel de la prévention dans la lutte contre cette redoutable maladie mortelle, mais encore trop souvent négligée, la division vaccins du groupe Sanofi-aventis et l'Alliance mondiale contre la rage (Alliance for Rabies Control, ARC) viennent de signer un accord de partenariat mondial.
Déjà, fin septembre 2007, à l'occasion de la première Journée mondiale de la rage, plus de 54 millions de personnes appartenant à 74 pays ont reçu des messages éducatifs dans leur propre langue. Ces messages, qui ciblaient les populations les plus à risque, ont contribué à réduire la mortalité. Les enfants sont particulièrement exposés, car ils se méfient moins que les adultes des chiens qu'ils ne connaissent pas et se font plus souvent mordre, au visage ou aux extrémités. "Chaque année, le 28 septembre, l'Alliance et ses partenaires s'emploient à étendre encore la portée et l'impact des initiatives de la Journée mondiale de la rage", précise le communiqué du groupe pharmaceutique.
L'Organisation mondiale de la santé recommande la mise en place de programmes de vaccination préventive (prophylaxie pré-exposition) pour les enfants vivant dans les zones où la rage canine est endémique. La vaccination pré-exposition est également recommandée pour tous ceux qui ont un risque élevé d'exposition au virus de la rage, comme le personnel de laboratoire, les vétérinaires et le personnel s'occupant des animaux, ainsi que les voyageurs se rendant dans des zones d'endémie. La prophylaxie post-exposition en cas de morsure sévère nécessite à la fois l'immunisation active, avec le vaccin antirabique, et l'immunisation passive sous forme d'immunoglobulines antirabiques. Durant les vingt dernières années, plus de 20 millions de personnes ont été traitées dans une centaine de pays avec les produits antirabiques de Sanofi Pasteur (vaccins et immunoglobulines antirabiques).
La rage dans le monde
La rage est une zoonose transmise par morsure, atteignant la quasi-totalité des espèces de mammifères et responsable d’une encéphalomyélite inexorablement mortelle. La maladie est due à la multiplication dans le système nerveux d'un virus appartenant à la famille des rhabdovirus. La rage est une MLRC (Maladie Légalement Réputée Contagieuse) chez toutes les espèces animales d’après l’article 224 du Code Rural.
Intérêt de la vaccination antirabique
Le virus de la rage n’est toujours pas éradiqué de la planète et la rage est une zoonose majeure, si ce n’est la plus importante, et qui suscite la plus grande crainte. Chaque année on estime que 50000 personnes meurent de la rage dans le monde . Le chien est le vecteur et le réservoir principal dans le monde mais surtout en Asie, Afrique, Russie, en Amérique du Sud et latine et la plupart des nouveaux pays issus de l’ancienne Union soviétique. En Europe occidentale, le renard constitue le vecteur principal.
Les importations illégales venant de pays au statut sanitaire incertain font peser un risque majeur sur la santé publique et sur la santé animale de pays attachés à l’importance de cette éradication (avec des moyens importants mis en œuvre). L'animal introduit frauduleusement peut être en incubation de rage entraînant alors des procédures sanitaires et administratives contraignantes pour les personnes environnantes (la famille, les voisins, les amis) et leurs animaux de compagnie (traitement antirabique vaccinal préventif des personnes, euthanasie des animaux). Cet animal en situation irrégulière peut aussi excréter le virus de la rage par la salive alors qu'il n'exprime pas encore de symptômes, ce qui accroît sa dangerosité potentielle.
Aussi, les mesures défensives sanitaires mises en place par chaque pays peuvent consister, selon le niveau de protection désiré en :
- une interdiction pure et simple d’importation (ex : Islande, Polynésie Française) ;
- une mise en quarantaine prolongée (ex : Nouvelle-Calédonie, Taiwan) ;
- un certificat sanitaire attestant que l’animal est en bonne santé et qu’il provient d’un pays indemne de rage.
Ces mesures peuvent être efficaces mais certaines connaissent des défaillances et sont par ailleurs d’application difficile. C’est pourquoi la vaccination antirabique prouvée par un certificat de vaccination antirabique est appliquée, associée ou non aux mesures mentionnées ci-dessus.
Office International des Epizooties (OIE) et la rage dans le monde
Grâce aux systèmes sanitaires mis en place, de nombreux pays soit se sont débarrassés du virus soit ont évité l’introduction du virus sur leur territoire jusqu’alors indemnes. Mais ces systèmes ne sont pas aussi efficaces ou aussi bien instaurés dans tous les pays. Aussi de nombreuses régions restent infectées. L’OIE (Office International des Epizooties) recense les cas de rage dans chaque pays et publie chaque année le statut zoosanitaire du pays vis-à-vis de la rage. L’OIE ne prend en compte, dans les statuts sanitaires, que la rage des carnivores. Elle n’inclut pas les cas de rage des chiroptères.
Selon l’OIE, un pays peut être considéré comme indemne de rage lorsque les conditions suivantes sont réunies :
- la maladie y est à déclaration obligatoire,
- un système efficace de surveillance de la maladie fonctionne de manière permanente,
- un dispositif réglementaire complet de prévention et de lutte contre la rage est en vigueur, comprenant des procédures d'importation efficaces,
- aucun cas d'infection rabique humaine ou animale d'origine autochtone n'a été confirmé au cours des 2 dernières années ; toutefois, l'isolement dans ce pays d'un lyssavirus des chiroptères d'Europe n'empêche pas sa qualification indemne,
- aucun cas de rage importé n'a été confirmé chez un carnivore hors d'une station de quarantaine au cours des 6 derniers mois.
Les territoires insulaires sont souvent indemnes de rage en raison de leur situation géographique isolée : les cas de rage des carnivores ou des chiroptères sont forcément introduits lors de mouvements (avion, bateau,…). Aussi ces territoires sont-ils très stricts sur leurs conditions d’entrée (ex : Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande, Australie,…).
De plus il arrive que certains pays établissent une liste, par leur gouvernement, des pays indemnes ou non de rage selon leurs propres critères et s’y réfèrent pour les conditions d’introduction de chiens ou de chats sur le territoire. Par exemple, le Japon considère la France comme un territoire infecté alors que l’OIE la considère indemne.
La mise en œuvre d’un ensemble de mesures (sanitaires et individuelles) fournit d’excellents résultats dans tous les pays possédant un système sanitaire bien structuré. Elles ont permis de faire disparaître la rage canine de la quasi-totalité des pays d’Europe, des Etats-Unis, du Canada… En revanche leur application se heurte à de très grandes difficultés techniques et financières dans différents pays d’Afrique et d’Asie et au nombre très élevé de chiens errants.
Conduite à tenir dans les pays d'enzootie de rage
La rage étant une zoonose majeure, le voyageur devra également prendre certaines précautions dans les pays infectés.
- Ne pas entrer en contact dans ces régions avec un animal, en particulier un chien ou un chat errant. Ils peuvent être porteurs de la rage avant l'apparition de la maladie et la transmettre lors d'une morsure, griffure ou simple léchage.
- En cas de contact ou de morsure, signaler l'incident aux autorités vétérinaires du pays.
- Ne jamais ramener un animal qui ne satisfait pas aux exigences sanitaires en France ou sur le territoire communautaire. L'entrée d'animaux non identifiés et non vaccinés, originaires de pays non indemnes de rage, est absolument interdite.
- En cas de voyage à l'étranger avec son animal de compagnie, consulter préalablement son vétérinaire ou sa Direction départementale des services vétérinaires.
Rage en France
Aucun cas de rage d’origine vulpine n’a été diagnostiqué en France depuis décembre 1998. La France a donc recouvré un statut de « pays indemne » de rage depuis le 24 octobre 2001. Ce nouveau statut a fait l’objet d’une déclaration auprès des services de l’OIE (bulletin n°5 – septembre / octobre 2001). Les cas de rage isolés observés sur des carnivores de compagnie sur le territoire français concernent désormais exclusivement des animaux originaires de pays tiers où perdure une enzootie de rage.
La situation de l’Union européenne s’est également très nettement améliorée en regard de cette zoonose majeure ces 10 dernières années. La rage reste cependant présente aux frontières du territoire communautaire, notamment en Europe centrale et orientale et en Afrique. En 2004 notamment, des cas de rage sur des chiens ont été observés mais ces chiens avaient été importés illégalement du Maroc et aucun cas secondaire n’a été à déploré.
La France a pris des dispositions afin de renforcer les conditions sanitaires à l'importation sur son territoire des carnivores domestiques en provenance des pays tiers. L'arrêté du 25 avril 2001 relatif aux conditions sanitaires d'importation en France de carnivores domestiques en provenance de pays tiers (paru au JORF le 29 avril 2001) :
- s'applique aux importations à caractère commercial de chiens, chats et furets ;
- fixe des conditions générales de formalités sanitaires à remplir, notamment :
- un âge minimum de 3 mois ;
- une identification par tatouage ou par puce électronique ;
- la réalisation d'une vaccination antirabique après l'âge de 3 mois pour les animaux provenant d'un pays non indemne de rage et la réalisation d'un test sérologique antirabique ;
- fixe les conditions d'entrée sur le territoire français (passage obligatoire par un poste d'inspection frontalier et présentation d'un certain nombre de documents) ;
- et fixe des prescriptions supplémentaires pour les animaux destinés aux établissements de vente ou d'élevage et aux établissements utilisant les animaux à des fins expérimentales.