Les footballeurs sont-ils homophobes ?

Le Paris Foot Gay vient de révéler que dimanche dernier, l'équipe "Créteil Bébél", composée uniquement de joueurs musulmans, a refusé de disputer le match contre elle, au seul motif et l'orientation sexuelle d'une partie des joueurs adverses.
À la veille de la rencontre, le PFG a reçu un mail très clair. "Désolé mais par rapport au nom de votre équipe et conformément aux principes de notre équipe, qui est une équipe de musulmans pratiquants, nous ne pouvons jouer contre vous, nos convictions sont de loin plus importantes qu'un simple match de foot, encore une fois excusez-nous de vous avoir prévenu si tard."
Un responsable de l'équipe de Créteil a déclaré regretter que des personnes soient peinées, mais maintient que sa conviction religieuse l'empêche d'affronter une équipe d'homosexuels. Pourtant le PFG n'est pas une équipe communautaire et est ouverte à tous. Composée d'hétéros et d'homos, cette formation a été crée pour lutter contre les préjugés, si nombreux dans le monde du football.
Aujourd'hui, le PFG réclame une réaction de la part de la ligue CFL. Cette dernière est signataire de la charte contre l’homophobie. Elle doit absolument réagir et exclure de la compétition l'équipe de Créteil. L'affaire me paraît grave et sérieuse.
La démarche de Paris Foot Gay a toujours suscité des sourires dans le milieu du football. Si ce club existe avec cette appellation, c'est pour lutter contre les préjugés et l'homophobie souvent latente dans le football. Cette nouvelle affaire met en lumière ce tabous que représente l'homosexualité dans le milieu du football.
Que cela soit dans le football amateur ou professionnel, c'est la même devise, pas d’homo dans le foot ! L’ancien joueur et entraîneur Olivier Rouyer, coéquipier de Platini à Nancy à la fin des années 70, l’a appris à ses dépens. Le 16 février 2008, dans l’Equipe magazine, l’ex-joueur fait enfin son coming out… 20 ans après la fin de sa carrière. « Le foot est un milieu où l’on aime guère ceux qui sortent des clous. Au début de ma carrière, une copine me servait d’alibi, mais à Strasbourg, je suis tombé amoureux et j’en ai eu marre de mentir ». Durant l’entretien Olivier Rouyer soupçonne que sa différence lui a valu d’être remercié en 1994, alors qu’il entraînait l’ASNL ».
Rare sont les joueurs a avoir fait leur coming-out durant leur carrière. En 1990, un jeune anglais, international espoir, Justin Fashanu a brisé le tabous. Sa carrière en a été brisée et le premier et dernier joueur à s’assumer gay durant sa courte carrière se suicida, le 2 mai 1998, à 37 ans. Pas vraiment de quoi créer des vocations. C'est aux plus hautes instances du sport (le Ministère, le CNOSF, la FFF...) de prendre le problème à bras le corps. Aux petits clubs amateurs aussi, d'essayer d'éduquer les enfants, les jeunes sur cette question comme sur d'autres.