Encore un, géant, moins grand celui-là, plus doux, plus vivant, quoique. C'était une des bonnes surprises de la sélection officielle de la Berlinale l'an dernier. Gigante, réalisé par Adrian Binez est sorti jeudi dernier sur les écrans. Le jour où le Royal envahissait Berlin. Ici la version est beaucoup moins spectaculaire. Ce film minimal, presque anecodtique donne l'air de rien un grand coup de pied à la société de consommation. Le géant c'est Jara (étonnant Horacio Camandule, récompensé d'un ours d'argent), chargé de la sécurité d'un supermarché. Un grand corps un peu mou qui traverse la vie en individu invisible, caché derrière des écrans, ceux de la surveillance du supermarché ou des jeux de la Playstation. Appuyer sur des manettes, être assis ou allongé, manger un peu, rêver, chanter fort sous la douche. Surtout chanter. Parce que Jara a une passion dans la vie, le hard rock. Jusqu'au jour où, par le truchement de son écran de surveillance, il découvre le sentiment amoureux. De là où il est il peut à l'envie zoomer et détailler le visage et le corps de cette femme de ménage aussi menue qu'il est imposant. Bien au chaud dans son monde virtuel, cette relation sans retour lui suffit. Le voilà amoureux d'une image. Il faudra la violence du monde du travail et une vague de licenciements pour que Jara sorte enfin de sa réserve, se réveille au monde et à lui-même. Tout est suggéré avec légèreté dans une succession de plans fixes que viennent égayer quelques clins d'œil burlesques. Un conte social presque muet, délicieux qui éveille en nous des sensations nouvelles. Peut-être Biniez croit-il un peu trop au pouvoir de suggestion du burlesque et du contre-champ décalé. Ce cinéma du second degré, de l'image suggérée, où tout est à deviner, pêche parfois par un manque de rythme. Mais c'est encore un joli conte moderne.
Encore un, géant, moins grand celui-là, plus doux, plus vivant, quoique. C'était une des bonnes surprises de la sélection officielle de la Berlinale l'an dernier. Gigante, réalisé par Adrian Binez est sorti jeudi dernier sur les écrans. Le jour où le Royal envahissait Berlin. Ici la version est beaucoup moins spectaculaire. Ce film minimal, presque anecodtique donne l'air de rien un grand coup de pied à la société de consommation. Le géant c'est Jara (étonnant Horacio Camandule, récompensé d'un ours d'argent), chargé de la sécurité d'un supermarché. Un grand corps un peu mou qui traverse la vie en individu invisible, caché derrière des écrans, ceux de la surveillance du supermarché ou des jeux de la Playstation. Appuyer sur des manettes, être assis ou allongé, manger un peu, rêver, chanter fort sous la douche. Surtout chanter. Parce que Jara a une passion dans la vie, le hard rock. Jusqu'au jour où, par le truchement de son écran de surveillance, il découvre le sentiment amoureux. De là où il est il peut à l'envie zoomer et détailler le visage et le corps de cette femme de ménage aussi menue qu'il est imposant. Bien au chaud dans son monde virtuel, cette relation sans retour lui suffit. Le voilà amoureux d'une image. Il faudra la violence du monde du travail et une vague de licenciements pour que Jara sorte enfin de sa réserve, se réveille au monde et à lui-même. Tout est suggéré avec légèreté dans une succession de plans fixes que viennent égayer quelques clins d'œil burlesques. Un conte social presque muet, délicieux qui éveille en nous des sensations nouvelles. Peut-être Biniez croit-il un peu trop au pouvoir de suggestion du burlesque et du contre-champ décalé. Ce cinéma du second degré, de l'image suggérée, où tout est à deviner, pêche parfois par un manque de rythme. Mais c'est encore un joli conte moderne.