Je n'ai pas encore été voir le film, j'hésite encore. Après tout, je ne suis pas sûr d'y apprendre grand chose. Cela dit, les critiques m'y poussent. Car Nicolas Hulot commence à énerver. Oui, il est moins consensuel. Pensez donc, il se met à dénoncer le modèle économique dominant, non plus "solution" mais "part du problème" écologique mondial. En plus, ce sagouin, il ose parler de social, alors qu'il était tellement sympathique quand il se contentait de ramener des images d'Iguaçu ou des fjords islandais, ou de nous demander de faire attention à l'eau dans la salle de bain.
Résultat, pour le Figaro il donne envie de polluer et pour Philippe Bilger il est fatigant. Je m'amuse, car ce sont les mêmes reproches qui ont été faits aux Verts quand ils ont eu l'outrecuidance de s'intéresser à des domaines plus variés que les espaces verts municipaux.
En revanche, si je ne partage pas tout ce que dit la Décroissance sur Hulot, je rejoints Cohn-Bendit :
S'il continue comme cela, où va le conduire la radicalité de sa pensée ? Dire qu'il y a urgence, cela ne veut pas dire qu'il faut imposer. Le danger d'un certain argumentaire de la radicalité écologique, comme de la radicalité sociale, c'est de mettre entre parenthèses la démocratie. C'est le même problème que pose Olivier Besancenot.
Oui, Nicolas Hulot va devoir de plus en plus prendre ses responsabilités. Son discours va se retrouver de plus en plus en rupture avec ses sponsors et une part grandissante de la classe politique. Pour les premiers, la manne économique de la licence Ushaïa contre-balance les désaccords idéologiques ; la pensée écologiste est soluble dans le chiffre d'affaire. Pour les seconds, il est un peu difficile depuis le 7 juin 2009 de passer pour un anti-écolo dans le discours (même si les actes continuent, à grand coup d'autoroutes, d'EPR, de bâtiments énergivores...). Mais jusqu'à quand ?
Jusqu'où le curseur de Nicolas Hulot va-t-il pouvoir se déplacer avant de casser le soutien encore assez unanime dont il dispose ? Jusqu'à quand lui-même va-t-il chercher à être "au-dessus" du jeu politique français ? Il va bien falloir faire des choix, ou revenir en arrière. La position de lobbyiste n'est pas mauvaise ni blâmable, mais il faut s'y tenir. L'hélicologiste est aujourd'hui quasiment à l'heure du choix : ou il assume ses responsabilités politiques et il doit déplaire à grosso modo 50 % de la population, ou il retourne à son rôle d'objecteur des consciences mais devra gérer les incohérences que cela induit (TF1, L'Oréal, EDF...).
Personnellement, s'il continue sur le chemin qu'il a commencé à arpenter depuis 2007 et le Pacte écologique, j'en serai ravi. Je préfère quelqu'un qui a changé d'avis, est "devenu écologiste" comme il le dit lui-même avec sincérité plutôt que quelqu'un conscient de son impact mais qui continue, comme si de rien n'était.