Il y a presque trente ans, une inquiétante silhouette se dessinait dans le ciel d'Afrique du Sud... Un vaisseau spatial venait d'apparaître tout en plongeant les habitants de Johannesburg dans la plus vive inquiétude. Rapidement les scientifiques du monde entier se sont mobilisés pour tenter de percer ce mystère et, par la même occasion, afin de pénétrer dans ce vaisseau (aussi menaçant que silencieusement inerte) gravitant au-dessus de la mégalopole africaine. On découvrit finalement à l'intérieur de l'OVNI des centaines d'extraterrestres mourant. Ces derniers furent aussitôt évacués et placés dans une zone sécurisée baptisée "District 9". Aujourd'hui, avec le poids des années, ce canton est devenu un véritable bidonville pour Aliens (baptisés "Crevettes") dans lequel la violence, l'extorsion et la prostitution sont monnaie courante. Souhaitant "dératiser" la zone et déplacer ces "Crevettes" incomprises et détestées par les autochtones humanoïdes, la MNU ( Multi-National United) - une multinationale privée moins préoccupée du sort de ces créatures que de leurs connaissances avancées en matière d'armement High-tech - lance l'exode des "Crevettes". La direction de cette opération à haut risque est placée entre les mains d'un jeune promu, Wikus van der Merwe (Sharlto Copley), totalement inexpérimenté et naïf. Lors de l'inspection d'une case extraterrestre, Wikus est aspergé, par mégarde, par une substance noire d'origine extraterrestre... C'est le début du cauchemar pour Wikus qui, s'il ne veut pas devenir un cobaye que l'on découpera sur une froide table d'opération, devra tenter de gagner la confiance des Crevettes pour espérer survivre !
Sans grandes vedettes au générique, à l'exception bien évidemment du producteur Peter Jackson, le papa du récent "King Kong" et de la mythique trilogie du "Lord of the Rings", "District 9" prend un malin plaisir à déboussoler le spectateur dans cette satire sociale à la fois tragique et, en même temps, bourrée de scènes de bravoure et d'effets spéciaux léchés. Premièrement, le film du méconnu réalisateur Neill Blomkamp surprend par la teneure de son intrigue : en pleine Afrique noire blessée jusque dans sa chair, dans un passé pas très lointain, par l'apartheid, de nouveaux venus - des Aliens surnommés "Crevettes" - vont connaître une ségrégation raciale tout aussi radicale !
A ce niveau, "District 9", tout en jouant la carte de l'anticipation, nous envoie une belle gifle au visage en étalant toute une série d'actions inhumaines (Spoliation, rejet, maltraitance, violence) que nous sommes pourtant tous capables de mettre en application face à la peur de l'étranger, du méconnu, de l'incompris ! Deuxièmement, cet inattendu long-métrage de science-fiction n'oublie pas également de soigner sa forme en nous proposant, principalement dans sa seconde partie, une chasse à l'homme (ou aux Aliens, c'est selon) rythmée, sanglante, éprouvante et servie par d'époustouflantes séquences mariant, avec rayonnance, courage, abnégation et esprit de sacrifice.
En comptant sur ces deux grandes qualités, "District 9" s'impose au final comme un film d'extraterrestre " coup de poing" qui, tout en divertissant les amateurs de sensations fortes, fait mal là où on en a le plus besoin : dans les méninges et au cœur ! Originaire justement de Johannesburg, Neill Blomkamp travaille depuis plusieurs années sur le projet "District 9". Il a ainsi, en 2005, réalisé un court-métrage, intitulé "Alive in Joburg", dans lequel nous retrouvons les prémices (comment caser ces Aliens réfugiés sur terre ?) de l'intrigue du film sur grand écran. En s'installant d'emblée comme un metteur en scène ne manquant pas de génie, Blomkamp nous propose diverses approches pour pénétrer au cœur même de l'action. Démarrant plutôt sous la forme d'un reportage rassemblant une série d'interviews d'individus confrontés plus ou moins directement aux évènements qui vont être rapportés dans ce film, "District 9" exploite également la méthode "Cloverfield" (elle-même héritée du célèbre "Blair Witch Project"), pimente ces scènes de guerre de quelques vues subjective (façon "Doom") mais privilégie aussi - majoritairement - une approche plus classique rappelant par exemple le travail de Ridley Scott sur "La Chute du faucon noir"... Bref, la mise en scène aux multiples visages proposée par Neill Blomkamp est aussi bien insaisissable, électrifiante que dynamique.
Emmené par une tête d'affiche méconnue, l'acteur Sharlto Copley, jouant avec un naturel inné et une profonde sincérité, "District 9" réussit un exploit inimaginable il y a quelques mois d'ici : réinventer et redynamiser le genre "films d'E.T." alors que l'on pensait avoir tout vu en la matière : des gentils Aliens à la sauce Steven Spielberg ("E.T.") aux agressives créatures destructrices d'"Alien" et d'"Idenpendance Day", en passant par les conspirateurs camouflés d'"Invasion" ou les extraterrestres rigolards de la saga "Men in Black". Educatif, critique, intelligent, désarçonnant et divertissant... Voici un film que l'on n'oubliera pas !
La bande-annonce...