Magazine Cinéma

Critique : Mary et Max

Par Rom_j

Pour faire Mary et Max, prenez tout ce qu’il y a de moins sexy dans le cinéma : du stop motion mal animé, un récit épistolaire racontée en voix off, des gens seuls et déprimés, une image tellement sombre qu’elle passe pour du noir et blanc, une bande originale à base de piano… Et vous obtenez une œuvre jouissive et émouvante, un grand film.

Mary Et Max

Mary Dinkle a huit ans, elle est australienne mais surtout malheureuse, la faute à une mère alcoolique et de grosses difficultés à se faire des amis. Elle décide un jour d’écrire à un Américain choisi au hasard dans le bottin : Max Horowitz, 44 ans, obèse et asocial, tout droit sorti du roman de John Kennedy Toole La conjuration des imbéciles, et tout aussi malheureux.

Si la suite est relativement prévisible – à travers leur correspondance se crée leur première vraie amitié – , elle s’éloigne de tout ce qu’on a pu voir auparavant. La voix off couplée au style épistolaire permettent à la narration de vagabonder dans l’univers d’Adam Elliot avec une grande fluidité, sans pour autant perdre le spectateur. Quant à cet univers, il est plein d’humour et de poésie, dans un style naïf qui fera sourire les plus sceptiques.

Visuellement, c’est la simplicité des traits et des décors qui font la réussite de Mary et Max. Un détail suffit bien souvent à nous révéler beaucoup plus que n’importe quelle modélisation sophistiquée, et Adam Elliot l’a compris. L’animation est très limitée mais ne gâche en rien le plasir des yeux, sauf peut-être au moment de la scène du Valium.

Mais la plus grande particularité de Mary et Max, c’est son apparente noirceur : dans l’image déjà, Adam Elliot montre un monde sombre et déglingué, avec des clochard et des éclopés tous plus ou moins malades de quelque chose. L’histoire elle-même est parsemée de coups durs, de dépression, de suicide, d’alcool et de drogue, à tel point qu’on entrevoit peu d’espoir tout au long du film. J’entends d’ici venir les comparaisons avec le Tombeau des Lucioles, mais l’ambition est tout autre : si ce dernier est un message sans appel sur le tragique destin d’un petit garçon, Mary et Max reste un message de vie, et c’est ce qui rend le film si réussi.

Max

Retrouvez ici la critique de Rob Gordon, et toutes mes critiques là.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rom_j 20 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines