Si cette horrible bannière suffit à vous repousser de la Spotify Party n°2, c’est que vous ne la méritez pas. Retournez à vos petites superficialités en écoutant Helmut Fritz. Parce que les sélections Spotify de cette semaine, elles sont authentiques, elles sont roots, elles sont white and black. Elles sentent le whisky et le tabac, elles ont le gout cuivré du sang dans votre bouche, lorsque vous vous réveillez au petit matin la joue collée au trottoir.
Elles ont le prénom d’un barman qui essuie ses verres en vous regardant pleurer une Tracy ou une Amanda, vous ne vous en souvenez plus. C’est pour ça que vous pleurez d’ailleurs.
Quelques prises de risques réussies. La plupart des playlists Spotify que je sélectionne ont pour habitude d’avoir des thématiques fortes et/ou marrantes. La totale True Blood. Spéciale Shoegazing. Mexican Flu Mix. Jackass. Ces sélections, quand elles dépassent le cadre de la B.O pure, sont des jeux d’esprit en soi – mais cela ne suffit pas. Il faut que, associée à la bonne idée, la sélection soit impeccable.
D’ailleurs il m’arrive de tomber sur des playlists aux concepts marrants, par exemple cette playlist spéciale “gens qui sifflent”
Sur Internet, 90% des playlists que vous pouvez croiser sont de type “Mes 30 morceaux préférés”, ou “Albert favourite tracks”. 5% traitent de l’actualité des Hits. Et c’est dans les 5% restant qu’on peut trouver des thématiques sympas.
Mais les playlists les plus risquées sont “les thématiques généralistes”. “Jazz”. “Rock”. “Pop”. Ce sont des Everests. Ces listes tombent bien souvent dans la compil de station service, avec 49 morceaux que vous connaitrez sur 50. Et les listes méritantes dans ce domaine sont rares. Je tenais à leur rendre hommage ce coup-ci, avec quelques sélections assez définitives. On y va.
Rap. On va faire simple : les deux meilleures playlists de rap actuellement dispo sur spotify, à mon avis, sont respectivement Fetch the Aerial I
et Fetch the Aerial II. Goupillées par Jack Hawkins, elles ont l’élégance d’être courtes (une quinzaine de morceaux chacune) et absolument succulentes. Elles tapent principalement dans le hip-hop old school, et enfilent perles rares sur perles oubliées. Hasard incroyable, elles contiennent mn morceau préféré de Gangstarr, mon morceau préféré de Notorious B.I.G, mon morceau préféré de Nas, cela faisait bien trop de coincidences pour que je laisse passer ça. C’est vraiment une petite merveille qui plaira aux amateurs comme aux spécialistes. Allez-y les yeux fermés.Rap 2. Le Black and Tan Fantasy de Thelonious Monk ouvre avec génie cette playlist définitive de LKBrittan, intitulée “Wu-Tang – The Samples”
. Le titre est éloquent : vous y retrouverez une entière discothèque dans lesquels le WTC a puisé avec talent tout au long de leur carrière. Je manque de superlatifs pour qualifier cette sélection, tant chaque morceau mérite à lui seul un paragraphe. Je dois reconnaitre que j’y ai découvert énormément d’artistes , notamment Labi Siffre ou les fantastiques The Dramatics, la tracklist offre une sélection de première classe de la Soul & R’N B des 30 dernières années.Pour explorer un petit mieux l’utilisation par le WTC de ces bijoux je vous invite à visiter la page exhaustive des WuTang Breaks ou explorer ce diagramme réalisé par ethan hein.
(souvenez-vous, le Wu aime les diagrammes et les chiffres.)
Orgue Hammond. On retrouve le fameux Lonnie Smith dans cette playlist de qualité compilée par lainepe et intitulée “Better Get Organ-ized! 41 Trips to Hammond Heaven“
, une énorme sélection à la coupe afro et à la veste en cuir cintrée, de la soul au Jazz. J’ai envie de porter un Lycra beige et de course-poursuivre quelqu’un.Jazz Jazz Jazz. Va faire une playlist de Jazz qui ne heurte pas les puristes, qui ne dure pas 47 jours, séduise les novices et satisfasse les connoisseurs. Il faut au moins un pseudo alambiqué comme celui de Ostogurkmacka pour y arriver – en nous proposant “For Losers Only (The Drinking Companion)“
. Cette playlist de 736 morceaux (2.2 jours) est pas loin de ressembler à la sélection Jazz d’île déserte, elle est même à ça d’y ressembler (et là je montre un très petit écart entre mon pouce et mon index – (c)).Samba Samba Samba.
Entre la déprime du privé finissant son whisky sec écroulé sur un zinc de bar, et la Saudade brésilienne, cette nostalgie intraduisible qui anime le carioca lorsque la nuit tombe, il existe une vraie différence de légèreté qu’on ne peut pas seulement attribuer aux paires de fesses dénudées, qui ne sont jamais bien loin à Rio.
Pour fêter les futurs Jeux Olympiques Cariocas, venez savourer cette playlist brésilienne 100% authentique, “O Samba e o Soul Brasileiro“
Une sélection lumineuse et définitive, s’ouvrant avec le maître Cartola, qui de sa voix de pépé vous emmène Dieu sait où, mais c’est promis, vous n’aurez pas mal. Une merveille, très sélective, évitant les passages obligatoires vers la Fille d’Ipanema ou autres marronniers bossa, sublimes certes, mais que l’ont se sent toujours un peu obligé de faire figurer quand on parle brésil, un peu comme quand on allait serrer la main de Papa Césaire en Martinique.
Enjoy.
Et une superbe photo de Rio par l’ami Kaysha. D’ailleurs sa dernière galette Zouk’nbass, ou Drum’n Zouk, intitulée Punkz, sonne comme un A/R Berlin-Pointe à Pitre à bord de la soucoupe de la soupe aux choux. Ou du Buraka Som Vladimir Cosma. Vaut le détour musical.