De l’argent pour renforcer l’assiduité au lycée. Vous avez entendu parler de cette expérimentation lancée dans trois classes de l’académie de Créteil.
On aurait pu parler de projet collectif. On aurait pu parler de budget décentralisé démocratiquement aux élèves (je sais : cela fleure bon Ségolène). On aurait pu – on aurait dû - parler d’aide aux élèves en difficulté, aux « décrochés », aux « largués », cette aide fut-elle financière, pour payer des professeurs ou des cours adaptés à ceux que l’école a éjectés sur ses marges. Au lieu de quoi, on fait du concours à l’argent et à la chasse à la prime, le moteur de la réussite scolaire. Au lieu de quoi, on expérimente le jackpot des tripots et des machines à sous : le bandit manchot outil de réinsertion scolaire. Dans ce qui devrait être encore le haut lieu où l’on vient se préparer à apprendre un métier, où l’on vient apprendre à apprendre, où l’on vient continuer à se construire des valeurs que plus personne n’ose appeler républicaines, on installe désormais une nouvelle compétition, un nouveau défi : le fric, la thune. Une « cagnotte » - le mot est lancé – de 2000 euros. On est à « Qui veut gagner des millions ? ». On joue au Monopoly pour apprendre… comment faire fructifier sa mise de base et toucher le super banco de 10.000 euros. En faisant la nique à d’autres, forcément, car si la dotation et les moyens des lycées était suffisants, cela se saurait.
Prime à l’assiduité disent les participants de la méthode. Et prime collective pour un projet. Car pour eux, l’argent est le deus ex machina qui va résoudre les problèmes d’assiduité en même temps que leur propre impuissance. L’appât du gain va sauver cette génération d’élèves qu’ils s’accordaient…