S'il est un mystère qui passionne les foules depuis bien longtemps, c'est la question de savoir pourquoi, là où les barbus sont l'élite des intellectuels, formant l'essentiel de la communauté
scientifique, les moustachus, quant à eux, prédominent dans la population des très méchants. Rares en effet sont les personnes qui auront manqué de remarquer que les points communs entre Adolf
Hitler, Staline, Saddam Hussein, Pinochet, Franco et Einstein sont un certain mépris de la vie humaine (qu'on associe souvent à la méchanceté), et le port de la moustache, même par gros
temps.
Mais pourquoi les moustachus sont-ils aussi méchants ?
Afin d'élucider ce mystère, revenons-en aux basiques.
Nous le savons tous, dès son apparition sur terre, la survie de l'homme a été tributaire de la relation privilégiée qu'il entretenait avec son symbiote : la barbe.
Rappelons tout de même en quelques lignes ce que tout élève de sixième apprend en cours de biologie, c'est à dire comment la barbe est le facteur qui a permis l'émergence de l'intelligence
humaine.
La barbe, pour une raison encore inconnue des paléo-biologistes, s'attacha au visage de nos ancêtres, il y a deux millions d'années, au moment où la branche Homo ne s'était pas encore séparée de
celle qui allait donner les grands singes. Dès ce moment, l'Homme commença son irrésistible ascension vers la découverte du feu, de la roue, de la physique quantique et du fast-food.
La théorie qui a longtemps prédominé chez les scientifiques est la suivante : si les animaux dépourvus de barbe (c'est à dire tous) doivent passer leur temps à errer dans la nature, l'esprit fixé
sur une seule idée fixe, la recherche de nourriture, ce n'était pas le cas de nos ancêtres barbus. Retenant une grande partie des miettes imperceptibles de leurs repas, la barbe permettait à nos
ancêtres de ne perdre aucune calorie, limitant ainsi le temps consacré à la collecte de leur pitance, temps qu'ils pouvaient consacrer à la réflexion scientifique et philosophique, hissant ainsi
notre espèce au sommet de l'évolution.
Cette théorie est bien sûr simpliste, et ne tient compte que des données existant à l'époque où elle fut formulée par le grand Charles Darwin, un des hommes les plus dotés en poils que la terre
ait porté.
Depuis, de nombreux progrès ont été faites dans le domaine de la barbologie.
Une percée décisive a été faite il y a quelques années par une équipe internationale financée par l'ONU, qui a découvert le mécanisme du developpement cognitif que permet la symbiose barbe-humain
: le poil facial se comporte en fait en organe adventice du cerveau, venant en soutien des cellules gliales.
Chaque poil de barbe est relié par un canal dit pilo-tracteur à un groupe de neurones, lui apportant des nutriments supplémentaires issus de la décomposition des lambeaux microscopiques de
matières organiques (les micro-miettes issus du repas, invisibles à l'oeil nu mais qui représentent souvent une quantité de matière supérieure au gros morceaux) qui s'y sont accrochées. Tout
porteur de barbe se sera d'ailleurs aperçu que même en ne se lavant pas la barbe pendant des jours d'affilée, elle ne devient pas grasse et ne prend aucune odeur particulière.
C'est cet apport nutritionnel suppplémentaire fourni au cerveau qui explique la capacité intellectuelle supérieure de l'homme barbu sur l'enfant, l'homme glabre et la femme, sans parler de
l'animal.
Cependant, un élément n'avait pas été découvert, qui permet, comme on le verra, de répondre à plusieurs questions qui taraudent le monde depuis longtemps.
Cette avancée exceptionnelle dans la connaissance de la physiologie de la barbe est dûe au Laboratoire International de Recherche en Physiologie Barbaire de Vesoul, qui a découvert que chaque
zone du cerveau est irriguée par un réseau pileux bien précis. En particulier, le cortex est approvisionné par les poils zygomatiques et maxillaires, tandis que les poils sub-nasaux sont
connectés au cervelet, siège des émotions.
Et c'est ceci qui explique pourquoi les moustachus sont si méchants. Aristote (encore un célèbre barbu) le disait déjà au quatrième siècle avant J-C : « la vertu est au milieu des
extrêmes », tout excès est mauvais. Or, si la barbe permet un équilibre d'alimentation entre siège de l'intellect et de l'émotion, et donc une personnalité équilibrée (tout comme un visage
complètement glabre, même si l'intelligence est forcément limitée), le port de la moustache entraîne une alimentation excessive du cervelet par rapport au cortex. Ceci, inévitablement, se traduit
par un désordre émotionnel manifesté dans la plupart des cas par une agressivité effrénée et un désir de faire souffrir les autres.
On remarquera d'ailleurs que le cas inverse n'est pas plus souhaitable : le port du collier de barbe, très à la mode chez les professeurs de géographie, définit une faiblesse de caractère peu
enviable. Ces personnes sont bien connues de tous pour être les jouets de leurs élèves, qu'ils sont trop timides pour punir.
Soyons donc raisonnables, gardons une belle barbe bien fournie, comme le Céleste Moutonneux du Menton nous l'a donnée, brûlons Gillette et légiférons pour éliminer la moustache.
En plus, c'est moche.