Les défilés à Paris marquent la fin de la présentation des collections pour le printemps et l’été 2010. J’ai aimé les inspirations bijoux de Prada et les idées nouvelles de l’Ethical Fashion Show. J’ai suivi les pages glamour des magazines et les débats d’idées sur la taxe carbone dans les quotidiens. J’ai rencontré beaucoup de futilité et de durable. Symbole de tout cela, le film The September Issue.
Anna décide tandis que Grace, romantique et nostalgique, imagine : les critiques de The September Issue ont bien souligné la complémentarité des personnalités à la tête du Vogue américain (lire les analyses de Géraldine Dormoy et de Cathy Horyn). Ce film est une forme de satire du monde de la mode où les rédactrices décident du succès d’une pièce ; les choix d’Anna Wintour pèsent lourd pour cette industrie de 300 milliards de dollars. Dans ce règne de l’élégance et de la démesure où Vogue fait office de prescripteur, il y a pourtant une place pour la création, à l’image du designer Thakoon.
Il faut noter que le tournage a eu lieu il y a deux ans, c’est-à-dire avant que certains designers ne mettent la clé sous la porte pour cause de difficultés financières. Aujourd’hui, alors que les recettes publicitaires se réduisent, le phénomène Slow Fashion imprègne davantage les esprits.
Il y avait parmi les bandes-annonces qui ont précédé la projection de The September Issue, celle du Syndrome du Titanic où Nicolas Hulot défend l’idée de décroissance contre celle de progrès. Des images de robes du soir délicates contre des plans spectaculaires illustrant la recherche de divertissement et d’éphémère. A priori, deux causes que tout oppose au sein de la société du spectacle – le seul trait d’union entre ces deux mondes : la soeur de la très influente Anna Wintour est militante des droits de l’homme.
Je crois qu’il y a beaucoup à apprendre d’Anna Wintour et de Grace Coddington. Cette recherche de la perfection, ce sens du réseau et cette volonté de regarder vers l’avenir. Je conseille donc à tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin aux tendances d’aller faire un tour dans les salles obscures. Peut-être simplement pour comprendre l’air du temps ; certainement pour entamer ou continuer une réflexion sur le sens de la consommation ; sûrement pour continuer à rêver de beauté et de création.