En fait, le piratage est un tonneau des Danaïdes : dès que l'on a rempli le sujet, il se vide de lui-même et l'on alimenterait comme une cruche le débat, s'il n'y avait de temps à autre des idées sublimes. Celle de Randall Stross, publiée dans le New York Times, par exemple. Car là, on sait que le chemin à parcourir est encore long...
Recul des ventes et le numérique ne compense pas !
La question reste la même : les livres numériques seront-ils les prochaines victimes d'un Napster à venir. L'exemple de Dan Brown vient en tête : sorti le même jour que l'imprimé, le livre est vendu en version ebook, mais des dizaines de sites le proposent en téléchargement. Mais voilà : l'industrie du livre est-elle si différente de celle de la musique pour que son destin ne soit pas le même ? En 2008, les ventes ont baissé de 13 %, pour 2009, l'estimation est de 15,5 %, en regard de la période de 2008 et même si les ventes de livres numériques augmentent, on reste largement en deçà d'une quelconque compensation des pertes.
Piratage incontrôlable, inquantifiable
« Tout le monde dans l'industrie considère le piratage comme une question importante, mais l'ampleur du problème est difficile à quantifier. Nous savons combien de personnes publient des contrefaçons, pas combien s'en emparent », explique le vice-président de Simon & Sxhuste, Adam Rothberg.
Durant ses propres investigations sur le cas Dan Brown, Stross s'est aperçu d'une chose : selon les données que la société Attributor, chargée d'enquêter sur les copies pirates diffusées sur le web, lui a remises, on trouvait 166 versions du livre de Brown. Et sur ce stock, 102 provenaient de Rapidshare, société d'hébergement basée en Suisse. Tout le monde peut uploader, télécharger, sans mot de passe pour protéger les fichiers... Misère, voilà la mort qui se pointe avec sa faux...
Rapidshare, mère de tous les mots (et noms d'oiseaux...)
Et si l'on trouve un ebook contrefait, un simple signalement suffira à le faire supprimer. Pour réapparaître au bout de quelques jours, comme Stross le constatera avec un exemplaire de son propre ouvrage. Quels seront les conseils avisés de Katharina dans ce cas ? « S'ils sont mécontents que des utilisateurs du service distribuent des ebooks sans payer les titulaires de droits, alors qu'ils apprennent que Nine Inch Nails s'est commercialisé, en distribuant la majeure partie de leur contenu gratuitement. »
La gratuité, un risque à tenter, plutôt que de ne rien faire
Mais ce qui marche pour la musique ne fonctionne pas pour les écrivains, estime Stross : quand un ebook pourra-t-il servir de flyer à un concert pour un écrivain ? Ou qu'il pourra remplir une salle comble ?
Ah, oui... c'est juste. Alors, traduisons pour ce monsieur : cela se nomme des séances de lectures, suivies de dédicaces, et permet de vendre des livres en papier. Ça s'organise encore de nos jours, certes avec de grosses pointures de la rentrée littéraire, mais aussi chez des éditeurs plus humbles qui croient encore qu'un auteur peut aller à la rencontre de son public, et qu'il n'est pas nécessaire de parquer ce dernier dans des librairies en lui jetant des sortilèges pour qu'il achète un livre.
Celui de l'auteur, de préférence... Alors oui, à ce moment, peut-être qu'un ebook peut servir de flyer. Encore faut-il avoir le courage d'essayer...