Voilà : Franz Kafka confie un peu avant sa mort ses écrits à Max Brod. Pour les détruire, après les avoir lus si ça lui chante. Mais Brod meurt en 68 sans avoir immolé les papiers, des milliers de « lettres, dessins, et manuscrits », qu'Esther Hoffe récupère. Et depuis Tel-Aviv, on négocie sec, parce qu'entre-temps Esther est morte et que ses deux filles ont hérité des papiers en question...
M'enfin... faut pas pousser non plus : le Brod pouvait tout à fait les brûler en son temps, les documents. Et si les filles, ou leur mère, ont vendu des bouts d'archives à des tiers collectionneurs, eh bien, c'est ainsi, elles avaient peut-être des factures à régler au plus vite.
Ce qui amusera le cruciverbiste, c'est que le juge en charge de cette affaire se nomme K. K, pour Kupelman, mais K quand même. Et au cours de la séance qui se tenait en fin de semaine dernière, l'atmosphère s'est vraiment tendue. Le juge aura fini par ordonner deux nouveaux administrateurs pour tenter d'obtenir que les filles ouvrent finalement le coffre où sont contenus les documents de Franz K. mais leur refus de coopérer semble échapper au pouvoir de la justice. Le récit que le journal Haaretz, impliqué à titre de plaignant dans ce procès est d'ailleurs particulièrement virulent
On verra bien si l'ordre donné par la cour aux deux héritières d'héritière d'héritier d'ouvrir le coffre où doivent se trouver les documents aboutira... Tout ça pour des textes dont certains sont assurés qu'ils n'apporteront rien...
Reste que de l'avis public, si la trahison de Brod devant les demandes de Kafka n'aura eu pour incidence que de manquer à la parole donnée à l'auteur, son autre trahison, que de confier les textes à Esther aboutit aujourd'hui à une privation du public et des experts insupportable. Et dire que ces archives auraient dû passer par les flammes...